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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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C0U1S DB UTnftlkATDHB.<br />

ISO<br />

tan avec le papkkMpnim, disputant à qui saura<br />

mieux amadouer le vieil<strong>la</strong>rd. Cette lutte <strong>de</strong> bouffonnerie<br />

<strong>du</strong>re pendant trois actes % jusqu'à ce que<br />

le charcutier l'emporte sur le corroyeur, et le fasse<br />

chasser. Alors je prie mon voisin <strong>de</strong> vouloir bien<br />

avoir pitié d'un pauvre étranger, et <strong>de</strong> m'expliquer<br />

charitablement m que signifié ce singulier spec­<br />

tacle , où je n'ai pas trouvé le mot pou? rire. — Eien<br />

* Cette êïwMm par actes était f necmniM <strong>de</strong>s Graa, comme<br />

nom Vmmm iéjà lut raninpar.<br />

lui qui a joué sous le masque <strong>de</strong> Qéoo? — Comment?<br />

Est-ce fusage chez Vous que les auteurs<br />

jouent dans leurs pièces ? — H on, il n'y en avait<br />

point d'exemples*; mais comme aucun comédien<br />

n'a osé se charger <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> Cléon, ni s'attirer un<br />

ennemi si puissant, il a pris le parti déjouer luimême.<br />

H e conviendrez-vous pas que c'est là ce qui<br />

s'appelle aimer sa patrie ? — C'est au riolos haïr<br />

n'est plus simple, dit-il, et je vais vous mettre au ' beaucoup Cléon. Mais que lui a fait Euripi<strong>de</strong>? —<br />

fait. L'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce est ennemi mortel <strong>de</strong> (Test un disciple d'Anaxagore, un ami <strong>de</strong> Socrate ;<br />

Ciéont qui lui a contesté les droits <strong>de</strong> bourgeoisie, et Aristophane les hait également tous les trois,<br />

•c et qui n'avait pas grand tort ; car on ne sait-au juste parce qu'ils méprisent ses comédies, qu'ils n'y vien­<br />

~<strong>de</strong> quel pays est Aristophane. Il a eu beaucoup <strong>de</strong> nent jamais, et disent fout haut que ce sont <strong>de</strong>s<br />

'peine à s'en tirers et s'est bien promis <strong>de</strong> prendre farces scandaleuses. Ces philosophes n'aiment pas<br />

' sa revanche f en se servant <strong>de</strong> ses armes ordinaires v <strong>la</strong> gaieté. — Mais vous l'aimez beaucoup, vous au*<br />

c'est-à-dire en mettant Cléon sur <strong>la</strong> scène, comme très, puisque vous trouves fort bon qu'on m mo­<br />

il y a déjà mis Socrate. 11 y a cette différence, que que <strong>de</strong> vous. — Oui, pourvu qu'on nous fasse rire.<br />

1<br />

Socrate est ira honnête homme, un bon homme, Il y a quelque temps qu'Aristophane nous amusa<br />

'quoique un peu visionnaire, et que Cléon est un in- bien aux dépens <strong>de</strong> PéricJès. — Quoi 1 ce grand Pé-<br />

,trigant qui a trouvé moyen, on ne sait trop comrielès, dont le nom est si révéré dans toute <strong>la</strong> Grèce<br />

ment s <strong>de</strong> se rendre agréable au peuple. Son expé­ et jusque dans l'Asie, à qui votre république doit<br />

dition <strong>de</strong> Pyle lui a donné surtout un très-grand aujourd'hui sa splen<strong>de</strong>ur et sa puissance? — Mous<br />

crédit. Mais il y a plus <strong>de</strong> bonheur que <strong>de</strong> mérite. lui avons <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s obligations, il est viral ; mais<br />

I Avant qu'il arrivât pour prendre le comman<strong>de</strong>­ c'est pour ce<strong>la</strong> même que nous savons meilleur gré<br />

ment, Démosthèses avait déjà fort avancé les af­ à l'auteur <strong>de</strong> ne pas l'épargner plus qu'un entre.<br />

faires Y et Cléon n'a eu qu'à recueillir le fruit <strong>de</strong>s C'est là le symbole <strong>de</strong> l'égalité républfcaiiie. Tous<br />

travaux et <strong>de</strong> l'habileté d'autrui. Voilà ce que si­ ces grands personnages seraient trop fiers si notre<br />

gnifie ce gâteau <strong>de</strong> Pyle qu'il a escamoté 9 et qu'un Aristophane ne nous en faisait pas raison. Un <strong>de</strong>s<br />

autre avait pétri. C'est là le fin <strong>de</strong> l'emblème. On grands privilèges <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, c'est <strong>de</strong> se moquer<br />

'rappelle papMagonten, non pas qu'il soit <strong>de</strong> Pa- <strong>de</strong> ceux qui sous font <strong>du</strong> bien ; mais pourtant nous<br />

ph<strong>la</strong>gonid : c'est un jeu <strong>de</strong> mots qui veut dire qu'il ne les en estimons pas moins. Groyes-vovs qm% les<br />

a une voix forte, et qu'il crie toujours ; ce<strong>la</strong> vient, p<strong>la</strong>isanteries d'Aristophane nous empêchent <strong>de</strong><br />

comme vous savez, <strong>de</strong> «*f xâÇuv 9 botâiUr avec brutt. sentir le mérite <strong>de</strong> Périclès, d'Euripi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> «So­<br />

On l'appelle aussi eorroyeur, parce qu'originairecrate? Après tout, qui aurait droit <strong>de</strong> se p<strong>la</strong>indre,<br />

ment c'était son métier. — Ah ! c'est donc pour puisque nous ne nous faisons pas grâce à nous-<br />

ce<strong>la</strong> que , dans <strong>la</strong> pièce s il est si souvent question même ? Vous avez vu quel portrait il fait <strong>du</strong> vieil­<br />

<strong>de</strong> cuir, et qu'on riait tant dès qu'on par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> <strong>la</strong>rd , mangeur <strong>de</strong> fèves. — Vous me le rappelez.<br />

cuir? — Justement, c'est une <strong>de</strong>s meilleures p<strong>la</strong>i­ Qu'esfcce que veulent dira ces fèves F — Quoi ! vous<br />

santeries <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce. — En effet, il faut que.l'au- ne savez pas qu'aux assemblées où nous donnons<br />

teur fait crue bien bonne, car il y revient souvent. nos suffrages, nous portons toujours <strong>de</strong>s lèves<br />

— Vous voyez maintenant toute sa marche. Le pour cet usage, et que nous nous amusons ordinai­<br />

p&phiagmim, qui a supp<strong>la</strong>nté auprès <strong>de</strong> son maître rement à les tenir entre nos <strong>de</strong>nts ? — Non vrai­<br />

les <strong>de</strong>ux esc<strong>la</strong>ves ses camara<strong>de</strong>s, c'est Cléon, qui a ment t je s'en savais ries. — Mais vous n-'avez donc<br />

su écarter Nieïas et Bémosthènes, les <strong>de</strong>sservir rien compris à <strong>la</strong> pièce? — Pas gran#ehose, et sur<br />

auprès <strong>du</strong> peuple athénien, et se faire donner les tout m que vous me dites, je vous avoue que je n'y<br />

récompenses qui leur étaient <strong>du</strong>es. — Quoi 1 ce<br />

ai pas trop <strong>de</strong> regret. — Vous avez per<strong>du</strong> beau­<br />

vieil<strong>la</strong>rd imbécile, dont os se moque pendant toute<br />

coup. Elle est pleine <strong>de</strong> traits piquants : chaque<br />

<strong>la</strong> pièce, ce peuple Pnycéen? — C'est le peuple<br />

mot iiit allusion à quelque endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong><br />

d'Athènes, c'est nous : %wl est le nom <strong>du</strong> lieu où<br />

Cléon. Par exemple, c'est lui qui a fait donner au<br />

se tiennent nos assemblées. Oh! c'est un brave ci­<br />

peuple trois oboles pour son droit <strong>de</strong> présence aux<br />

toyen que cet Aristophane. Savez-voes que c'est<br />

* Us Athénien, dit M. Patin, pouvait-tt dîme Igné» tp'Etehyle<br />

et Sophocle avalent paru sur te théâtre» et représenté<br />

eu-mimes teun ouvrage*?

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