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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIY. — POÉSIE.<br />

tait mm lumière fie chacun semb<strong>la</strong>it attendre, et<br />

se distinguait d'ailleurs dans ne genre où il n'avait<br />

point <strong>de</strong> rivaux. Mais, dans Racine! dans Molière,<br />

<strong>la</strong> perfection dramatique 9 qui se compose <strong>de</strong> tant<br />

<strong>de</strong> qualités différentes 9 avait besoin <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong><br />

épreuve <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> l'examen raisonné <strong>de</strong>s connaisseurs<br />

pour être embrassée dans son entier. Le<br />

talent <strong>de</strong> Quinanlt, secondaire sous plusieurs rapports<br />

t partagé par le musicien, combattu par <strong>de</strong>s<br />

autorités, n'a pu obtenir qu f une justice tardive, et<br />

<strong>du</strong>e en partie à l'infériorité <strong>de</strong> ses successeurs. Enta<br />

, dans <strong>la</strong> fable et le conte, <strong>la</strong> petitesse <strong>de</strong>s sujets<br />

et le défaut d'invention ne <strong>la</strong>issaient pas apercevoir<br />

d'abord tout ce qu'était <strong>la</strong> Fontaine, et il a fallu<br />

f u'une longue jouissance, nous donnant toujours<br />

<strong>de</strong> nouveaux p<strong>la</strong>isirs, attirât plus d'attention sur le<br />

prodige <strong>de</strong> son style. Telles sont les différentes <strong>de</strong>stinées<br />

<strong>de</strong>s grands écrivains, toujours plus ou moins<br />

dépendantes et <strong>de</strong>s circonstances et <strong>du</strong> caractère<br />

<strong>de</strong> leur composition. Ceux que je viens <strong>de</strong> citer ont<br />

gagné dans l'opinion, et sont aujourd'hui plus admirés<br />

qu'ils ne le furent jamais. Corneille et Despréaex<br />

n'ont ries per<strong>du</strong> <strong>de</strong> leuç gloire ; mais leurs ouvrages<br />

sont plus sévèrement jugés. L'admiration et<br />

<strong>la</strong> reconnaissance que l'on doit au premier n'ont pas<br />

empêché qu'on ne vit tout ce qui lui manque ; et malgré<br />

les obligations que nous avons au second, quelques-uns<br />

<strong>de</strong> ses écrits n'ont plus à nos yeux le même<br />

éc<strong>la</strong>t qu'ils eurent dans leur naissance. Qu'on ne<br />

s'imagine pas que, par cet aveu, je me prépare à<br />

donner gain <strong>de</strong> cause à ses détracteurs : j'en suis si<br />

éloigné, que cet article sera employé tout entier à<br />

les combattre. La restriction que j'ai annoncée ne<br />

regar<strong>de</strong> que ses premières et ses <strong>de</strong>rnières satires.<br />

Je vais faire voir que, sur ce point seul, <strong>la</strong> différence<br />

<strong>de</strong>s temps a dû lui faire perdre quelque chose ;<br />

que c'est <strong>la</strong> seule portion <strong>de</strong> ses.titres littéraires<br />

qui ait baissé dans l'esprit <strong>de</strong>s bons juges, et que<br />

sur tout le reste notre siècle est d'accord avec le<br />

sien Je dis notre siècle, parce qu'en effet il n'est représenté<br />

que par ceux qui lui foot le plus d'honneur,<br />

par ceux qui ayant <strong>de</strong>s droits à <strong>la</strong> gloire, en sont les<br />

justes appréciateurs dans autrui. Si <strong>de</strong> nos jours <strong>de</strong>s<br />

hommes éc<strong>la</strong>irés et d'un mérite réel ont fait à Boileau<br />

quelques reproches qui ne me paraissent pas<br />

fondés, je les distinguerai, comme je le dois, <strong>de</strong><br />

ceux qui lui refusent toute justice ; et quant à ceuxci,<br />

s'il est permis <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre jusqu'à les réfuter,<br />

c'est moins pour venger <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> Boileau, qui<br />

n'en a pas souffert, que pour mettre dans tout son<br />

jour cet esprit <strong>de</strong> vertige et <strong>de</strong> révolte qui multiplie<br />

sans cesse parmi nous les ennemis <strong>du</strong> bon goût et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> raison v «t pour marquer <strong>la</strong> distance qui sépare<br />

691<br />

les vrais gens <strong>de</strong> lettres <strong>de</strong> ceux qui ne veulent usurper<br />

ce titre que pour le déshonorer.<br />

Une <strong>de</strong>s académies <strong>de</strong> province, qui, à l'exemple<br />

<strong>de</strong> celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale, distribuent <strong>de</strong>s pi ix annuels,<br />

proposa pour sujet, il y a quelques années, ïInfluencé<br />

<strong>de</strong> BoUeau sur <strong>la</strong> Uttér&ture française. Ce<br />

programme réveil<strong>la</strong> <strong>la</strong> haine secrète que les successeurs<br />

<strong>de</strong>s Cotin nourrissent <strong>de</strong>puis longtemps contre<br />

le redoutable ennemi <strong>du</strong> mauvais goût, et le fondateur<br />

immortel <strong>de</strong>s bons principes. L'académie <strong>de</strong><br />

Nîmes reçut un dis<strong>cours</strong> où l'on se moquait d'elle<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> préten<strong>du</strong>e influence <strong>de</strong> Boileau : on s'efforçait<br />

d f y prouver qu'il n'en avait jamais eu d'aucune<br />

espèce. Ainsi donc, celui qui fut parmi nous le premier<br />

légis<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> tous les genres <strong>de</strong> poésie, et le<br />

premier modèle <strong>de</strong> notre versification, n'aurait ren<strong>du</strong><br />

aucun service aux lettres, et n'aurait répan<strong>du</strong> aucune<br />

lumière ! C'est une étrange assertion. L'écrit<br />

où elle était développée n'a pas vu le jour; mais il<br />

n'y a rien <strong>de</strong> per<strong>du</strong> : on vient d'imprimer une brochure<br />

anonyme qui contient <strong>de</strong>s révé<strong>la</strong>tions bien<br />

plus merveilleuses. Comme ce nouveau docteur va<br />

infiniment plus loin que tous les déc<strong>la</strong>mateurs qui<br />

l'avaient précédé, je ne compte weuir à lui qu'à <strong>la</strong><br />

un <strong>de</strong> cet article, parce qu'il faut toujours finir par<br />

ce qu'il y a <strong>de</strong> plus curieux.<br />

11 est â propos d'abord d'écarter un <strong>de</strong>s sophismes<br />

les plus spécieux et les plus trompeurs dont se<br />

servent les ennemis <strong>de</strong> Despréaux. Ils rangent hardiment<br />

à leur parti <strong>de</strong>s écrivains renommés, qui, en<br />

admirant notre poète, lui ont pourtant refusé quelques<br />

avantages que d'autres croient <strong>de</strong>voir reconnaître.<br />

Cest pour leur enlever ces appuis illusoires,<br />

et confondre leur mauvaise foi, que je me permet­<br />

trai <strong>de</strong> discuter l'opinion d'un <strong>de</strong> nos plus célèbres<br />

académiciens,, dont je fais profession d'aimer et<br />

d'honorer <strong>la</strong> personne et les talents. L'auteur <strong>de</strong>s<br />

Élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong>, ouvrage qui doit être<br />

mis au rang <strong>de</strong> nos bons livres c<strong>la</strong>ssiques, et qui contient<br />

<strong>la</strong> théorie <strong>la</strong> plus lumioeuse et <strong>la</strong> plus savamment<br />

approfondie <strong>de</strong> tous les arts <strong>de</strong> l'imagination,<br />

M. Mar<strong>mont</strong>el, a trop d'esprit et <strong>de</strong> lumières pour<br />

ne pas reconnaître le mérite <strong>de</strong> Despréaux : aussi<br />

lui rend-il un hommage aussi authentique que légitime.<br />

11 voit en lui<br />

Un critiqse judicieux et soli<strong>de</strong> , le vengeur et le conservateur<br />

<strong>du</strong> goût, qui it <strong>la</strong> guerre aux mauvais écrivains,<br />

et déshonora leurs exemples ; It sentir tux jeunes pas<br />

les bienséances <strong>de</strong> tous les styles; donna <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />

genres une idée nette et précise; connut ces vérités premières<br />

qui sont <strong>de</strong>s règles éternelles, et les grava dans<br />

les esprits ttee <strong>de</strong>s traits ineffaçables.<br />

Ce sont ses termes; c'est le témoignage qu'il rend à<br />

14.

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