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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

Ost qu'en effet il y a un rire mêlé <strong>de</strong> mépris et<br />

d'indignation, .qui exprime le sentiment le plus amer<br />

qoe l'excès do vice et <strong>du</strong> crime puisse inspirer à<br />

l'homme <strong>de</strong> bien. Ce n'est pas là, il est vrai f le rire<br />

d'Horace; mais aussi ce s'est pas l'Inquisition qu'il<br />

Ut SAUFS. — TÔVB 1.<br />

- un<br />

sophe que poète 9 il dictait arec une épie aisance les préceptes<br />

<strong>de</strong> 3a fie et ce» <strong>de</strong>s arts. »<br />

Je n'ai rien à ajouter à cet éloge si juste et si eoniplet.<br />

Mais ce portrait est-il celui d'un éerivain qui<br />

n'a saisi que l'e^fouement <strong>de</strong> lu mtiref Ce s'est<br />

emmkOL M. Btisaok confient lui-même qu'à l'épo­ point à moi <strong>de</strong> concilier M. Dusaulx a?ec lui-même.<br />

que où Horace écrit ait, les moeurs étaient teao- H me suffit <strong>de</strong> me servir d'une <strong>de</strong> ses phrases pour<br />

mmp moins dépravées 9 moins scandaleuses, moins<br />

atroces qu'elles ne le <strong>de</strong>rinrent<strong>de</strong>puîs Tibère jusqu'à<br />

réfuter l'autre 9 et je suis trop heureux <strong>de</strong> le combattre<br />

avec ses propres armes.<br />

Bomitien. 11 aurait pu ajouter, à <strong>la</strong> louange d'Au­ Mais, d'un autre côté, est-il vrai que Juvénal<br />

guste 9 que les sages lois <strong>de</strong> ce prince contribuèrent n'ait saisi que t® grmvilè <strong>du</strong> genre satirique? 11 en<br />

à rétablir une sorte <strong>de</strong> décence, et à réprimer une a sans doute; mais si j'osais hasar<strong>de</strong>r mon opinion<br />

partie <strong>de</strong>s désordres qu'avaient entraînés les guer­ contre celle <strong>de</strong> son élégant tra<strong>du</strong>cteur, qui doit, je<br />

res ciYÎIes. Mais il semble que M. Dusaulx ne veuille l'avoue, être d'un grand poids, je croirais que les<br />

pas rendre plus <strong>de</strong> justice à Auguste qu'au poète caractères dominants <strong>de</strong> ce poète sont plutôt l'hu­<br />

dont il fut le bienfaiteur ; et c'est encore , à mon meur! <strong>la</strong> colère, et l'indignation. Ce sont là <strong>du</strong> moins<br />

gréf un petit tort que j'oserai lui reprocher. les mouvements qui m manifestent le plus songent<br />

Horace a donc très-bien fait d'être enjoué dans ses dans ses écrits. Il dit lui-même que tifuUgnûimm a<br />

satires, non-seulement pree que les traits <strong>de</strong> <strong>la</strong> fait ses vers, et Ton n<br />

p<strong>la</strong>isanterie sont à craindre pur le fiée , mais parce<br />

que c'est un agrément <strong>de</strong> plus dans ce genre d'écrire<br />

v et qoe, pour instruire et corriger, il faut être<br />

lu. Mais n'a-t-U été qu'enjoué ? Ne sait-il pas donner<br />

«Mitent à <strong>la</strong> raison et à <strong>la</strong> vérité le sérieux qui leur<br />

cet propre? N'a-t-il pas asses <strong>de</strong> goût pour savoir<br />

que <strong>la</strong> satire <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et comporte tous les tons,<br />

qu'es tout genre il faut en avoir plus d'un, et qu'un<br />

poète moraliste ne doit pas toujours rire? Est-il<br />

p<strong>la</strong>isant lorsqu'il met dans <strong>la</strong> bouche d'Ofellus un<br />

n bel éloge <strong>de</strong> <strong>la</strong> tempérance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> frugalité, opposées<br />

à ce luxe <strong>de</strong> <strong>la</strong> table qu'il reproche aux Romains<br />

<strong>de</strong> son temps ? Peut-on mieux marquer le juste<br />

milieu qui sépare l'avarice <strong>de</strong> l'économie, et ta sor-<br />

«i<strong>de</strong> épargne <strong>de</strong> <strong>la</strong> sage simplicité? Peut-on mettre<br />

dans un jour plus intéressant les avantages d'une<br />

•ie saine et active, si propre à faire aimer les mets<br />

fes plus vulgaires et <strong>la</strong> nourriture <strong>la</strong> plus mo<strong>de</strong>ste?<br />

Est-il p<strong>la</strong>isant dans <strong>la</strong> satire sur <strong>la</strong> noblesse, où il<br />

parle d'une manière si touchante <strong>de</strong> l'é<strong>du</strong>cation qu'il<br />

a reçue <strong>de</strong> son père l'affranchi, et <strong>du</strong> tendre souvenir<br />

qu'il conserve <strong>de</strong> ce père respectable? N'est-ce pas<br />

d'après lui qu'on a fait ce vers <strong>de</strong> Métope t<br />

le n'aurais point mx êîmm <strong>de</strong>mandé d'astre père.<br />

Je pourrais citer cent autres endroits remplis <strong>de</strong><br />

«elte excellente raison, <strong>de</strong> ee grand sens qui nous<br />

ramène à ses écrits : on y verrait qu'il sait fort bien<br />

m passer <strong>du</strong> mérite <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie, comme il sait<br />

ailleurs s'en servir à propos. Mais je m'en rapporte<br />

à M. Desauk lui-même, qui dit plus bas :<br />

• Tout liOfmne qui pense ne peut s'empêcher d'en faire<br />

toi défiée* -Le client <strong>de</strong> Mécène joignait <strong>de</strong>s qualités émiusâtes<br />

et soli<strong>de</strong>s à <strong>de</strong>s talents agréables. Nos moins philO-<br />

f en peut douter en le lisant.<br />

Cette disposition naturelle s'était encore fortifiée<br />

par l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces déc<strong>la</strong>mations sco<strong>la</strong>stiques qui<br />

avaient occupé sa jeunesse f et qui ont <strong>la</strong>it dire m<br />

Boileau avec tant <strong>de</strong> vérité :<br />

Juvénal, élevé dans teserls <strong>de</strong> l'école, " * !<br />

Bôassa Jesqtfà l'excès sa mordante hyperbole. *.' ? '<br />

C'est là qu'il s'était accoutumé à ce style violent<br />

et emprtéqui nuittrès-certaînementà<strong>la</strong> metlieeJre<br />

cause, en con<strong>du</strong>isant à l'exagération* Son tra<strong>du</strong>cteur<br />

en' est convenu : il reconnaît que son %èk est<br />

quelquefois excessif* 11 n'en faudrait pas d'autre témoignage<br />

que son épouvantable satire contre les<br />

femmes, que Boileau n'aurait pas dû imiter, d'abord<br />

parce qu'un grand écrivais doit se gar<strong>de</strong>r d'us sujet<br />

qui, comme tous les lieux communs, en prouvant<br />

trop, ne prouve rien ; ensuite parce qu'es attaquant<br />

indistinctement une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ui moitiés <strong>du</strong><br />

genre humais, il faudrait songer combien <strong>la</strong> récrimination<br />

serait facile, et si une femme qui aurait<br />

le talent <strong>de</strong>s vers, ne ferait pas tout aussi aisément<br />

contre les hommes une satire qui ne prouverait pis<br />

plus que celle qu'on a faite contre les femmes ; enfin,<br />

parce que Ia»justice, qui est <strong>de</strong> règle en toute occasion<br />

, exigerait qu'en disant ie mal on dît aussi le<br />

bien qui le ba<strong>la</strong>nce, et qu'on n'allât pas envelopper<br />

ridiculement tout un sexe dans <strong>la</strong> même condamnation.<br />

Boileau, <strong>du</strong> moins, pousse <strong>la</strong> comp<strong>la</strong>isance<br />

jusqu'à dire qu'il m est jusqu'à tmù qu'il pourrait<br />

excepter. Juvénal n'est pas si modéré : il n'en<br />

excepte aucune. 11 es suppose une qui ait toutes ks<br />

qualités :<br />

• Eh bien! ditil, elle sera insupportable par ses oc<br />

gnell, et mettra son imrt as désespoir sept fois par Jour. »<br />

Quoi donc! est-ce ainsi que Ton instruit, que l'on<br />

n

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