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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

Le tmjm <strong>de</strong> slmagificr<br />

Qu'une femme vous fuie et qu'un homme vous mène!<br />

La querelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ui sonnets, fini <strong>de</strong> Bensera<strong>de</strong>,<br />

Fautre <strong>de</strong> Yoiture, a fait tant <strong>de</strong> bruit autrefois,<br />

' qu'il faut bien en prier. Toute <strong>la</strong> France se par tagea<br />

en wranisêes et wjobefou : heureuse si elle<br />

n'eût jamais été partagée en d'autres sectes ! Les jo-<br />

Mlns tenaient pour Benscra<strong>de</strong>, qui avait fait un<br />

sonnet sur Job; les uranistes pour Voiture, qui en<br />

a?ait fait un pour Uranie. On peut les rapporter<br />

tous <strong>de</strong>ui ; car si <strong>la</strong> querelle est fameuse , les sonnets<br />

sont aaaez peu connus.<br />

Jl faut finir mes Jours en Fameer d'Ursule ;<br />

L'aînesse al le temps se m'en sauraient guérir :<br />

Et Je ne ¥oSs plis ries qui pût me secourir,<br />

Ni qui sût rappeler ma iifjerté bannie.<br />

Dès longtemps Je connais sa rigueur totale :<br />

Mais pensant au beautés pour qui Je doit périr,<br />

Je bénis mon martyre, et content <strong>de</strong> mourir,<br />

Je n'ose murmurer soufra sa tyrannie.<br />

Quelquefois ma raison par <strong>de</strong> faibles dtooan<br />

mnvlle à <strong>la</strong> révolte et me promet seeoers ;<br />

Mais lorsqu'à mon besoin Je ?ew me sertir d'elle 9<br />

Après beaucoup <strong>de</strong> pelée et d'efforts impuissants,<br />

£ik dit qu*Uranle est seule aimable et belle,<br />

Et m'y rengage plus que ne font tous m<br />

C'est là 9 sans doute, un assez mauvaïs sonnet. Remarquons<br />

que Boileau 9 dans le même temps qu'il<br />

looait ¥oiture9 se moquait <strong>de</strong> ces rimeuw froi<strong>de</strong>ment<br />

amoureux<br />

Qui ne aavsat Jamais qu'adorer leur prison f<br />

Et faire quereller les sens et <strong>la</strong> raison.<br />

Et folture ici fait-il autre chose? Hais il ,y a <strong>de</strong>s<br />

réputations qu'on n 9 ose pas juger, et qui eu imposent<br />

aux meilleurs esprits. Bespréaux, cette fois,<br />

fut entraîné par son siècle; et d'ailleurs il fa corrigé<br />

si souvent et si bien, qu'il faut Fexeuser <strong>de</strong> n'atoir<br />

pu ce qu'après tout personne ne peut, c'està-dire<br />

avoir toujours raison. U faut f air si le sonnet<br />

<strong>de</strong> Bensera<strong>de</strong> ne sera pas meilleur.<br />

Job <strong>de</strong> mille tourments atte<strong>la</strong>i<br />

Tous rendra M âmimr emmwe,<br />

Et raJsosiiablement il craint<br />

Que votu n'en soiez point émue.<br />

Tous verrez sa misère nue ;<br />

Il s'est lui-même Ici dépeint :<br />

Aeamtainex-voiii à <strong>la</strong> eue<br />

Wum nomme qui souffre et se p<strong>la</strong>int<br />

Bien qu'il eût d'extrêmes «aiTtaaaet f<br />

On Ylt aller êetp&iimcm<br />

Plus loin que <strong>la</strong> sienne s'al<strong>la</strong>.<br />

§11 souffrit <strong>de</strong>s maux Incroyables,<br />

Il s'en p<strong>la</strong>ignit, U en par<strong>la</strong> :<br />

l'en connais <strong>de</strong> plus misérables.<br />

11 y a <strong>du</strong> moins Ici une pensée spirituelle et fine.<br />

Je ne sais pas <strong>de</strong> quel eêté je me serais rangé, si<br />

j'avais été <strong>du</strong> temps ou le prince <strong>de</strong> Conti était à<br />

455<br />

<strong>la</strong> tête <strong>du</strong> parti êmpèeMm, et madame <strong>de</strong> Longuefîlîe<br />

I <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s mrmdMlm; car qui<br />

peut savoir quel goût il aurait eu il y a cent ciaquante<br />

ans? mais il me semble qu'aujourd'hui je<br />

serais jobettn* On est tenté <strong>de</strong> dire : O qu'il fait<br />

bon venir à propos! A le bon temps que celui où<br />

<strong>la</strong> cour et <strong>la</strong> fille, tontes les puissances, se divisaient<br />

pour <strong>de</strong>ux sonnets, dont l'un est fort mauvais, et<br />

l'autre assez médiocre 1 Hais allons doucement, et<br />

songeons que Ton pourrait bien quelque jour en<br />

dire autant <strong>de</strong> nous; et que, quand on parlera <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> fortune prodigieuse <strong>de</strong> quelques ouvrages d'aujourd'hui<br />

9 ou aura quelque droit <strong>de</strong> s'écrier aussi :<br />

O qu'alors on avait <strong>de</strong> grands succès avec <strong>de</strong> bien<br />

petits talents! U faut que les siècles, ainsi que les<br />

indivi<strong>du</strong>s f se ménagent un peu les uns les autres 9<br />

<strong>de</strong> penr que ceui qui se moquent <strong>de</strong> leurs pères, ne<br />

soient à leur tour moqués par leurs enfants.<br />

Puisque nous en sommes sur le chapitre <strong>de</strong>s sonnets,<br />

il faut achever en peu <strong>de</strong> mots ce qui reste<br />

à dire sur ce genre <strong>de</strong> poésie qui a été si longtemps<br />

en crédit, et qui est aujourd'hui entièrement passé<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>. Boileau paya lui-même une sorte <strong>de</strong> tribut<br />

à l'opinion, en traçant <strong>la</strong>borieusement dans son Art<br />

pêéàque les règles <strong>du</strong> sonnet, et finissant par dire :<br />

Un sonnet sans iéfast Tant seul in long polme.<br />

Ge<strong>la</strong> est un peu fort, et c'est pousser un peu loin<br />

te respect pour le jonnet. On a remarqué avec<br />

raison qu'il n'y arait point <strong>de</strong> différence essentielle<br />

entre <strong>la</strong> tournure d'un sonnet et celle <strong>de</strong>s autres<br />

fers à rimes croisées, et qu'il doit seulement,<br />

comme le madrigal et répigramme, inir par une<br />

pensée remarquable : U n'y a pas là <strong>de</strong> quoi lui donner<br />

une si gran<strong>de</strong> valeur. Bans le très-petit nomlira<br />

<strong>de</strong> ceux qui ont échappé au naufrage général,<br />

on compte celui <strong>de</strong> Besèârreaux, qui finit par une<br />

belle idée, ren<strong>du</strong>e par une belle image; mais où<br />

les connaisseurs ont remarqné <strong>de</strong>s idées fausses ou<br />

trop répétées, <strong>de</strong> mauvaises rimes et <strong>de</strong>s eipressions<br />

impropres : celui <strong>de</strong> Haynaut sur tawtrim,<br />

qui est plein d'esprit, mais qui pèche par une multiplicité<br />

d'antithèses recherchées, monotones, et<br />

disant presque toutes <strong>la</strong> même chose; un autre <strong>de</strong><br />

ce même Haynaut, qui malheureusement est use<br />

satire injuste contre Colbert ; et, dans le style badin,<br />

celoi <strong>de</strong> Fontenelle sur Baptisé* Je citerai les<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers, comme les meilleurs. Oublions que<br />

l'esprit <strong>de</strong> parti a dicté celui <strong>de</strong> Haynaut : Fauteur<br />

était créature <strong>de</strong> Fouquet ; il écrivait contre l'ennemi<br />

<strong>de</strong> son bienfaiteur. La reconnaissance est <strong>du</strong><br />

moins une excuse, et le repentir qu'il en témoigna<br />

<strong>de</strong>puis peut lui mériter son pardon : n'examinons<br />

que les vers.-

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