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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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608<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

Ion cm sent, dont le «f se donne à trop bon prix, tous beaucoup d'héroïsme, et souvent mime trop ;<br />

Vota «spire s'étend sur peu d'autres esprits.<br />

Pour mol, qui suis facile» et qui bientôt me Messe, et comme il est toujours question <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir et Ja­<br />

Votre beauté m'a plu, j'avouerai ma faiblesse, mais <strong>de</strong> passif», le spectateur reste aussi tranquille<br />

Et m'a muté <strong>de</strong>s soins, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs et <strong>de</strong>s pas ; queles personnages. L'intrigue était pourtant 'com­<br />

Mais <strong>du</strong> <strong>de</strong>ssein} Je crois que vous s'en doutée pas.<br />

binée <strong>de</strong> manière à pro<strong>du</strong>ire plus d'effet, si le poète<br />

avait su <strong>la</strong> rendre tragique. Ârons doit <strong>la</strong> vie à Scévoie,<br />

qui est en même temps son rival, et qui a<br />

voulu assassiner le roi son père. Avec un fond semb<strong>la</strong>ble,<br />

animes les personnages et gra<strong>du</strong>el les situations<br />

, il doit en résulter <strong>de</strong> l'intérêt. Alvarès, dans<br />

jiMref est dans une position à peu près pareille :<br />

Avec tous mes effortsf fat manqué <strong>de</strong> fortune;<br />

Yoos nAvei résisté, <strong>la</strong> gloire en est commune.<br />

Si contre vos refus J'eusse cru mon pouvoir,<br />

UD facile sticeèa eût suivi aiee espoir :<br />

Dénèsmi ma conquête, elle m'était certain* ;<br />

Mais Je n'ai pas trouvé qu'elle en valût <strong>la</strong> peine.<br />

L'auteur a pris ici pour <strong>du</strong> dépit <strong>la</strong> grossièreté<br />

brutale, et n'a pas songé qu'il y avait une double<br />

faute dans ce manque <strong>de</strong> bienséance : d'abord , qu'un<br />

prince ne pouvait pas injurier si indécemment une<br />

femme d'un rang à peu près égal au sien; ensuite<br />

que lui-même se rendait inexcusable, lorsqu'un moment<br />

après il adore plus que jamais l'objet d'un mépris<br />

si insultant.<br />

Heureusement ees détails si vicieux, et les longueurs<br />

et les fers ridicules, sont faciles à supprimer;<br />

et 9 à Fai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces retranchements et <strong>de</strong> quelques<br />

corrections, l'outrage s'est soutenu au théâtre<br />

avec un succès mérité. Son ancienneté le rend prédéni<br />

, et, au défaut d'élégance, le style un peu suranné<br />

a un air <strong>de</strong> vétusté et <strong>de</strong> naturel qui ne lui<br />

messied pas, et qui donne mime un nouveau prix<br />

aux beautés en rappe<strong>la</strong>nt leur époque.<br />

Du Ryer peut être comparé à Rotrou pour le nombre<br />

<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions dramatiques, mais non pour le<br />

talent. Alcymée et Scév&k réussirent dans leur<br />

temps; Scévok surtout eut un très-grand succès,<br />

et conserva même <strong>de</strong> 4a réputation jusque dans ce<br />

siècle. C'est en effet le plus passable <strong>de</strong>s ouvrages<br />

<strong>de</strong> fauteur. Jkij&mée, que Saint-Évremond cite ridiculement<br />

à t&tê A'Andromaque, n'est qu'un'roman<br />

si froi<strong>de</strong>ment insensé, que l'analyse en serait<br />

aussi difficile que <strong>la</strong> lecture. On n'en peut guère citer<br />

que ces <strong>de</strong>ux vers que le hérof dit I sa mattresse:<br />

Voua m'aies «Minaudé <strong>de</strong> vivre-, et J'ai vécu*<br />

Tous m'avet commandé <strong>de</strong> vaincre t et J'at vaincs*<br />

11 y en a <strong>de</strong>ux autres qui ne furent pas moins fameux<br />

dans le <strong>de</strong>rnier siècle, par l'application qu'en<br />

it le <strong>du</strong>c <strong>de</strong> <strong>la</strong>'Rochefoucauld en les parodiant :<br />

Pour obtenir on bien ai grand, si précieux,<br />

Tai fait <strong>la</strong> guerre au rois, je l'eusse faite au dleux«<br />

Scévoie est dans le genre purement héroïque, que<br />

Corneille avait mis à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, mais que lui seul<br />

pouvait soutenir par <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> génie dont<br />

<strong>du</strong> Ryer était bien loin. Les caractères, les situations<br />

et le style ont <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse; mais le tout est<br />

également froid. Scévoie, Junie son amante et fille<br />

<strong>de</strong> finîtes. Irons son rival, le roi Porsenne, ont<br />

L'assassin <strong>de</strong> mon fils est mon libérateur,<br />

dit-il au cinquième acte, lorsqu'il voit Zamore prêt<br />

à périr après avoir poignardé Gnsman. Mais le poète<br />

a eu soin <strong>de</strong> nous occuper, dès le premier acte, <strong>de</strong><br />

cette reconnaissance qu'Alvarès doit à Zamore, <strong>de</strong><br />

nous les <strong>mont</strong>rer dans les bras l'un <strong>de</strong> f antre, et<br />

dans l'effusion <strong>de</strong>s sentiments les plus tendres; et<br />

<strong>du</strong>rant tout le <strong>cours</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, le sèle d'Alvarès<br />

croît avec le danger <strong>de</strong> Zamore. C'est ainsi qu'on<br />

mène le coeur humain dans une tragédie : <strong>du</strong> Ryer<br />

ne s'en doute pas ; et rien ne fait mieux voir que les<br />

situations appartiennent réellement à celui qui en<br />

a vu Féten<strong>du</strong>e et les résultats. Dans Scévoie, on ne<br />

dit qu'un mot, au premier acfe, <strong>de</strong> cette obligation<br />

qu'a eue le Us <strong>de</strong> Porsenne au guerrier romain; et<br />

même on ne peut ni <strong>de</strong>viner ni comprendre comment<br />

Scévoie a f u sauver un prince étrusque. Ce<br />

n'est qu'au quatrième actequ'Arons le raconte à son<br />

père, avec <strong>la</strong> même froi<strong>de</strong>ur qui règne dans toute <strong>la</strong><br />

pièce. Il apprend <strong>de</strong> même, au quatrième acte, que<br />

Scévoie est aimé <strong>de</strong> Junie^ et <strong>la</strong> rivalité et <strong>la</strong> recon­<br />

naissance, et <strong>la</strong> nature et l'amour, ne pro<strong>du</strong>isent<br />

que <strong>de</strong>s raisonnements à perte <strong>de</strong> vue, <strong>de</strong>s exc<strong>la</strong>mations<br />

, <strong>de</strong>s apostrophes, <strong>de</strong>s sentences. Le vieux Porsenne<br />

aussi est amoureux <strong>de</strong> cette Junie; maïs on<br />

peut juger <strong>de</strong> cet amour par l'arrangement qu'il lui<br />

propose quand il <strong>la</strong> voit étonnée <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration<br />

qu'il lui Mt i<br />

le sais Men que su» âge t'offense;<br />

Mais regar<strong>de</strong> ce prince orné <strong>de</strong> ma pnissanos :<br />

C*eat mon lis, c'est enfin l'esc<strong>la</strong>ve couronné<br />

Que tes yeux gagneront, sUs ne l'ont pasapgné*<br />

Un * pareil amour n 9 est embarrassant pour personne.aMai8<br />

Junie ne veut pas plus <strong>du</strong> ils que <strong>du</strong><br />

père : elle veut Scévoie, et Arons <strong>la</strong> cè<strong>de</strong> à ce Romain<br />

aussi aisément que son père <strong>la</strong> lui cédait. 11 a<br />

été un temps où tout ce<strong>la</strong> paraissait <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur :<br />

à coup sûr ce n'est pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie.<br />

D'ailleurs, <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong>là pièce manque <strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce.<br />

La fille <strong>de</strong> Brutuf est amenée dans le<br />

camp <strong>de</strong> Porsenne par <strong>de</strong>s movens forcés et impro-

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