la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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00U1S DE UTTÉMTIJ1E.<br />
fièrement essore à nos séanees, et y seront aussi<br />
considérés sous ce point <strong>de</strong> tue, qui est en général<br />
celui d'un Cours <strong>de</strong> <strong>littérature</strong> , mais qui , dans cette<br />
partie, n'est past comme dam les autres, le premier.<br />
SECTION pianÈEE. — P<strong>la</strong>ton.<br />
Tous les anciens philosophes ont cm <strong>la</strong> matière<br />
éternelle Y et différaient seulement sur <strong>la</strong> manière<br />
dont s'était formé Tordre universel <strong>de</strong>s choses physiques<br />
qu'on appelle k mon<strong>de</strong>. Les uns l'attribuaient<br />
à une force motrice repaies partout, et qulls<br />
sommaient Fâme <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>; les autres , au mouvement<br />
salinef qui, dans <strong>la</strong> succession <strong>de</strong>s temps,<br />
a?ait opéré <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>s divers éléments suivant<br />
leur nature et leurs rapports; ceux-ci à tel<br />
eu tel élément en particulier, comme l ? eau ou le feu,<br />
dont ils faisaient un principe générateur et conservateur;<br />
ceux-là à une sorte d'attraction sympathique<br />
<strong>de</strong>s parties simi<strong>la</strong>ires ; et quelques-uns ont appelé<br />
Dieu le mon<strong>de</strong> lui-pême, k Granê-lbiâ, comme<br />
disaient les stoïciens. 11 serait superûu <strong>de</strong> répéter<br />
ici ce qui a été dé<strong>mont</strong>ré tant <strong>de</strong> fois, combien ton*<br />
tes ces hypothèses étaient absur<strong>de</strong>s et -contradictoires<br />
en elles-mêmes 9 quoiqu'il n'y en ait pas une<br />
qui ne se retrouve plus ou moins dans les nouveaux<br />
traités <strong>de</strong> matérialisme, dont les auteurs e 9 ont paru<br />
rajeunir un fotads d'extravagance usé <strong>de</strong>puis tant <strong>de</strong><br />
siècles que parce que les <strong>de</strong>rnières acquisitions <strong>de</strong><br />
k physique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie les ont mis à portée <strong>de</strong><br />
se servir <strong>de</strong> termes* nouveaux pour repro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong><br />
vieilles folies. Il est à remarquer que tes poètes,<br />
naturellement disposés à se rapprocher en tout <strong>de</strong>s<br />
opinions communes, ont été ici beaucoup plus, près<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> raison que tous les febricateun <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>s.<br />
Frappés, comme tous les hommes en général, <strong>de</strong><br />
cette harmonie <strong>de</strong> l'uni*en, qui <strong>mont</strong>re à notre esprit<br />
une suprême intelligent®, comme le soleil<br />
«<strong>mont</strong>re le jour à nos yeux, les poètes anciens oit<br />
tous représenté les dieux, non pas, il est vrai, comme<br />
créateurs, mais <strong>du</strong> moins comme ordonnateurs <strong>du</strong><br />
mon<strong>de</strong>, et auteurs <strong>de</strong> l'ordre qui a remp<strong>la</strong>cé le<br />
chaos; et Ton ne peut nier que cette espèce <strong>de</strong> cosmogonie<br />
antique, chantée par Hésio<strong>de</strong> et Ovi<strong>de</strong>,<br />
ne soit beaucoup plus sensée que celle <strong>de</strong>s Thaïes<br />
et <strong>de</strong>s Anaxagore.<br />
P<strong>la</strong>ton lui-même ne conçut pas <strong>la</strong> création telle<br />
qu elle est dans <strong>la</strong> Genèse, c'est-à-dire l'acte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
puissance suprême tirant tout <strong>du</strong> néant par sa volonté;<br />
et ce n'est pas un reproche à faire à P<strong>la</strong>ton,<br />
car cette idée est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'homme, et cette<br />
création ne pouvait'être que révélée. Seulement <strong>la</strong><br />
métaphysique a compris et dé<strong>mont</strong>ré, dépois que<br />
eetteeréation, quoique incompréhensible pournous,<br />
appartenait néeeaatrcnietit à <strong>la</strong> puissance éternelle<br />
et infinie, à Dieu seul. Mais P<strong>la</strong>ton reconnut êm<br />
moins que le mon<strong>de</strong> avait eu un commencement,<br />
et que Dieu seul en était le créateur. Ces! 'surfont<br />
dans son Ttmds qu'il développe cette doctrine; car<br />
dans quelques autres il ne s'explique ps si positivement,<br />
et semble <strong>la</strong>isser en doute si le mon<strong>de</strong> est<br />
éternel ; mais son doute ne se trouve que dans ceux<br />
<strong>de</strong> ses écrits oè cette question se présente comme<br />
en passant; au lieu que dans le Timéef où elle est<br />
expressément traitée, il <strong>mont</strong>re Dieu partout comine<br />
l'éternel et suprême architecte. Selon M, Dieu.a<br />
tout fait, parce qu'il est bon; il a formé l'univers<br />
sur le modèle qu'il avait dans -sa pensée, et ce modèle<br />
était nécessairement le meilleur possible, en<br />
raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance, <strong>de</strong> <strong>la</strong> sagesse, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonté<br />
<strong>de</strong> son auteur. L'on voit déjà que P<strong>la</strong>ton est le premier<br />
qui ait fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonté essentielle à k nature<br />
divine <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> création, et le premier aussi<br />
qui ait posé en principe ce' que les mo<strong>de</strong>rnes ont<br />
appelé V&piimitmê, et ce qui n'a été le sujet <strong>de</strong> tant<br />
<strong>de</strong> controverses que parce qu'on a toujours confon<strong>du</strong><br />
plus ou moins <strong>de</strong>ux choses très-différentes,<br />
<strong>la</strong> bonté re<strong>la</strong>tive et <strong>la</strong> bonté absolue, dont Tune<br />
appartient aux idées humaines, et l'autre aux idées<br />
divines : c'est une méprise très-grave en métaphysique<br />
? et dont les conséquences sont très-importantes,<br />
mais dont <strong>la</strong> discussion ne saurait trouver ici,<br />
une p<strong>la</strong>ce qu'elle doit avoir ailleurs.<br />
P<strong>la</strong>ton n*a pas vu moins juste quand il a dit que<br />
Dieu ne pouvait pas être Fauteur <strong>du</strong> mal moral ou<br />
<strong>du</strong> péché: ce sont ses expressions; car le mot <strong>de</strong><br />
péché, qui parmi nous n'est plus que <strong>du</strong> style religieux,<br />
était chez les anciens <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue philosophique»<br />
Mais P<strong>la</strong>ton n'a pas été et ne pouvait guère<br />
aller plus loin : d'abord parce qu'il ne paraît pas<br />
avoir connu <strong>la</strong> théorie métaphysique <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté<br />
essentielle à <strong>la</strong> substance intelligente, liberté dont<br />
il n'a parlé nulle part * ; ensuite, parce qu'il se contente<br />
d'attribuer le désordre moral à <strong>la</strong> résistance<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> matière, c'est-à-dire an dérèglement <strong>de</strong>s passions<br />
qui appartiennent à l'âme sensitive; car on<br />
* Os trouve an contrâtes dans P<strong>la</strong>ins, Lmt, x, page »? :<br />
« Dira a voulu,par <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce et <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée qui! assignerait<br />
« à chaque partie <strong>de</strong> Fàme universelle, faire eu sorte que <strong>la</strong><br />
« vertu fût réellement triomphante, et le vise vaincu, alors.<br />
« H a porté otite loi commune m Omis que <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> cha»<br />
« ces dépendrait <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, <strong>de</strong> son âme et te llso <strong>de</strong> son séjour ;<br />
m et U a <strong>la</strong>issé à notre item mrèiire le dois <strong>de</strong> notre avenir.<br />
« En effet, ce sont nos désirs, ce sont les qualités <strong>de</strong> notre<br />
« âme, qui nous font ce que nous sommes , etc. » Aussi M. le<br />
Clerc a-t-il remarqué dans Ses Pmêém êe P<strong>la</strong>ton , page 301 v<br />
qu'on pouvait corriger <strong>la</strong> phrase <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Harpe m lisant<br />
le contraire. En général, toute celle analyse <strong>du</strong> p<strong>la</strong>tonisme ne<br />
souttendmteu l'eiames : fauteur <strong>du</strong> Eyeée n'a? ait pas étudia<br />
le folio» elT^igesur parole.