la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Ce mot, l'effroi <strong>de</strong> cour et l'effroi <strong>de</strong> ramonr 1<br />
Songez que mên ami peut mm trahir un Jour.<br />
B&m qu'on® doakHiieaM et coupable pru<strong>de</strong>nce<br />
Dans l'obscur avenir ebêrcae un crime douteux ;<br />
5*1! cesse un Jour filmer, qu'il sera malheureux !<br />
êmmUtmMmmm,JÊêsMmmTMfMmàML<br />
Mon amitié M pure, et Je n'ai rien à erâfadfe.<br />
Qull <strong>mont</strong>re à tout ta yeux les secrets <strong>de</strong> mon «or ;<br />
€^sect€tsiô©tl*aiii«r, raMtM.lâïifmlfœ, -<br />
La douleîtt <strong>de</strong> Se mkt Infidèle et parjure,<br />
Oublier ses serments, comme mol mon injure.<br />
CIcéron doit revenir encore <strong>de</strong>vant nom v sous les<br />
rapports <strong>du</strong> mérite philosophique f en mm^mémm<br />
avec Sénèque, dont il me reste à parler.<br />
gicTiôîi !•.— Sénèque.<br />
ANCIENS. — PHILOSOPHIE.<br />
Il y a quinze ou seize ans qu'il s'éleva use gran<strong>de</strong><br />
querelle sur Séuèque : elle ne fit pas, il est vrai Y le<br />
même bruit en France et en Europe que celle dont<br />
Homère fat le sujet dans le siècle <strong>de</strong>rnier et dans le<br />
nôtre. .Sénèque ne tenait pas une assez gran<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
dans Fopinion pour intéresser dans sa cause autant<br />
<strong>de</strong> lecteurs qu'Homère; et <strong>la</strong> discussion sur les anciens<br />
et les mo<strong>de</strong>rnes, dont celui-ci fut l'occasion,<br />
n'était d'ailleurs qu'une question <strong>de</strong> goôL Ou ne<br />
<strong>la</strong>issa pas, suivant l'usage, d'y mêler cette espèce<br />
d'aigreur qui naît si facilement <strong>de</strong> <strong>la</strong> contrariété<br />
<strong>de</strong>s avis, et même cette <strong>du</strong>reté qui tient au pédantisme<br />
<strong>de</strong> l'érudition : vous avez vu que ce fut le<br />
tort <strong>de</strong> <strong>la</strong> savante Dacier. Cependant les injures ne<br />
furent <strong>du</strong> moins que littéraires, et n'attaquaient<br />
que l'esprit. Ici ce fut bien autre chose : <strong>la</strong> controverse<br />
sur Sénèque, rou<strong>la</strong>nt en gran<strong>de</strong> partie sur le<br />
personnel <strong>de</strong> ce philosophe, fut une espèce <strong>de</strong> procès<br />
criminel, et au point que 9 dans aucune espèce <strong>de</strong><br />
procès 9 on ne publia jamais éefactum plus violent,<br />
plus outrageant , plus forcené que celui <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot<br />
contre quelques journalistes qui, en rendant compte<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s (Eu?res <strong>de</strong> Séoèque« , avaient<br />
osé, ou censurer sa con<strong>du</strong>ite, ou seulement élever<br />
<strong>de</strong>s doutes et jeter quelques nuages sur sa vertu.<br />
Heureusement le public ne prit pas à cette cause un<br />
Intérêt égal s à beaucoup près , au vacarme que firent<br />
les apologistes <strong>de</strong> Sénèque ; et il en prenait fort peu<br />
à <strong>la</strong> diffamation répan<strong>du</strong>e sur ses adversaires, dont<br />
plusieurs en effet n'étaient pas déjà très-bien famés,<br />
mais qui cette fois avalent raison pour le fond <strong>de</strong>s<br />
choses, quoiqu'ils n'eussent pas toujours bien choisi<br />
ni bien dé<strong>du</strong>it leurs moyens. Ils eurent même, ce<br />
qui ne leur était pas ordinaire t l'avantage <strong>de</strong> <strong>la</strong> modération,<br />
comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> férité, sans doute<br />
parce que personne ne pouvait guère se passionner<br />
1 Oawage posthume <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grange, publié par ffalpim en<br />
m*.<br />
117<br />
«mire Sénèque, comme Di<strong>de</strong>rot seul était capable<br />
<strong>de</strong> m'passionner pur lui. Le scandale ne fut doms<br />
ni long ni éc<strong>la</strong>tant ; mais l'ouvrage <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, qui<br />
fut lu malgré sa lonpeur et ses défauts, surtout<br />
i cause <strong>de</strong> quelques sorties indirectement satiriques<br />
contre <strong>de</strong>s pissanœs <strong>de</strong> plus d'une espèce f est resté<br />
comme un <strong>de</strong>s monuments les. plus singuliers <strong>de</strong><br />
ITatoléranec fort peu phitosophique<strong>de</strong> ectti qui s'app<strong>la</strong>itst<br />
ei<strong>du</strong>sivemtnt pMêmepàes» 11 a encore<br />
tm autre caractère particulier à Fauteur : c'est le<br />
contraste, à plue concevable dans tout autre que<br />
lui, <strong>de</strong>s louanges outrées qu'il prodigue à <strong>la</strong> philosophie<br />
et au talent <strong>de</strong> Sénèque, avec les reproches<br />
et les censures qu'il lui adresse, et qui en sont <strong>la</strong><br />
contradiction <strong>la</strong> plus formelle. L'examen que je<br />
ferai tout à l'heure <strong>de</strong> ce livre <strong>de</strong>'Di<strong>de</strong>rot, soit en<br />
réfutant ses erreurs et ses sophismes, soit en évaluant<br />
ses aveux, sera <strong>la</strong> confirmation <strong>la</strong> plus forte<br />
<strong>de</strong> Fopinion, que déjà plus d'une fois , dans le <strong>cours</strong><br />
<strong>de</strong> nos séances, j'ai eu occasion d'énoncer, quoique<br />
en passant, sur les écrits <strong>de</strong> Sénèque, qu'à présent<br />
il convient <strong>de</strong> rassembler sous vos yeui dans un<br />
aperçu général et raisonné.<br />
Le premier qui se présente en suivant le même<br />
ordre que son tra<strong>du</strong>cteur <strong>la</strong> Grange, ce sont ses £eltret<br />
à iMeîMm : elles sont au nombre <strong>de</strong> cent vingtquatre,<br />
et roulent toutes sur <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> morale,<br />
tantét différents*, tantôt les mêmes. Si Fon vou<strong>la</strong>it<br />
les juger comme l'auteur prétend les avoir écrites,<br />
c'est-à-dire comme une correspondance familière<br />
avec un ami et un disciple (car Lucilius parait avoir<br />
été l'un et l'autre), <strong>la</strong> première critique qu'on pourrait<br />
en faire, c'est qu'elles ne sont rien moins que<br />
ce que Fauteur vou<strong>la</strong>it qu'elles fussent.<br />
« Tons vous p<strong>la</strong>ignes s , écrit-il à Ludlius 9 que mes lettres<br />
se sont pis eêêei soignées ; mais soigne-t-oa sa conversation,<br />
à moins qu'en se veuille parler d'une maniera<br />
affectée? Je veux que mes lettres rmsemèimi à mmemvenatton<br />
que anus aurions ensemble, assis ou en marchant<br />
Je veui qu'elles soient simples eifmeiim # qu'etim<br />
M smiemi en rien <strong>la</strong> rœkerche ni k travail. »<br />
Certes, les Letires à LwcUim ne tiennent pas plus<br />
<strong>de</strong> Im conversation que <strong>du</strong> style épisto<strong>la</strong>ire : ce sont,<br />
à peu <strong>de</strong> chose près, <strong>de</strong> petits sermons <strong>de</strong> morale ,<br />
ou <strong>de</strong> petits traités <strong>de</strong> stoïcisme, ou <strong>de</strong> petites dis-<br />
* Je me sers, dans tout cet article, <strong>de</strong> <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> 1A<br />
Grange, non qu'elle soit <strong>la</strong> meilleure possible, Il s'en faut <strong>de</strong><br />
beaucoup, mais elle est généralement assez bonne; et, comme<br />
Je ae peau <strong>mont</strong>rer ici Sénèque que tra<strong>du</strong>it, fal cru <strong>de</strong>voir<br />
déroger celte fois a l'habitu<strong>de</strong> où je suis <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ire moimême,<br />
<strong>de</strong> peur qu'en m m'accusât <strong>de</strong> gâter Sénèque pour le<br />
blâmer. Pour obvier à ce reproche, qu'il fal<strong>la</strong>it prévoir ©©mme<br />
tout autre, dès que Fou a?ait affaire à l'esprit <strong>de</strong> parti t Je<br />
n'ai pu me servir d'un mètileur moyen que <strong>de</strong> suivie partout<br />
<strong>la</strong> eersloe approuvée, revue et augmentée par les présents<br />
<strong>de</strong> Sénèque.