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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Vil autre tombe-t-il en défail<strong>la</strong>nce :<br />

H m <strong>la</strong> suit su yeux et ta mtirt ta wlsage*<br />

Un auteur <strong>de</strong>'uos jours a imité heureusement cette<br />

heureuse tournure ; en disant d'une femme :<br />

La perte âw <strong>de</strong>nts, là idp in sein.<br />

Voilà connue le bon goût se perpétue. -<br />

Ce sont ces erreurs et ces travers que Boileau<br />

combattait, lorsqu'il disait dans son Art poétique :<br />

SIÈCLE BI LOUIS XI?. — PÛÉSM.<br />

LA plupart t emportés d'une fougue Insensée,<br />

Toujours lois <strong>du</strong> droit sens vont chercher leur pensée;<br />

Ils croiraient s'abaisser, dans leurs vers mosstriieoi,<br />

SIluMoialent ee qu'us astre a pu penser comme eus.<br />

Ce sont ces ridicules, si longtemps en créditf<br />

dont Molière se moquait dans son Misamikr@pe :<br />

Ce style igeré, dont on fait vanité,<br />

Sort <strong>du</strong> bon caractère et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité ;<br />

Ce s'est que Jeu <strong>de</strong> mots, qu'affectation pi»;<br />

Et se n'est point Mail que parle <strong>la</strong> sature.<br />

Racine et Despréaux a?aient ramené <strong>la</strong> poésie à<br />

son véritable esprit : ils a?aient écrit parmi nous<br />

comme Horace et Virgile chez les Latins. Rousseau<br />

dans ses belles o<strong>de</strong>s, Voltaire dans ses belles<br />

4S9<br />

<strong>de</strong>s principes reçus qui servait à les juger. Us<br />

se sont crus en état <strong>de</strong> secouer le joug, et au moment<br />

<strong>de</strong> pouvoir risquer une révolte ouverte. Ainsi Y<br />

d'un dite, en renversant tout l'édifice <strong>de</strong> notre système<br />

théâtral, élevé par les Corneille, les Molière,<br />

les Racine, les Voltaire; en fou<strong>la</strong>nt aux pieds mm<br />

mépris toutes les règles qu'ils ont suivies, on a<br />

imprimé ces propres mots : Il flotte mfim dam ks<br />

cars, k drapeau <strong>de</strong> im guerre littéraire, etc.; et<br />

Ton a prédit que cette guerre finirait par f entière<br />

<strong>de</strong>straction <strong>de</strong> notre scène, qui doit tomber pour<br />

faire p<strong>la</strong>ce à un nouveau système dramatique. D'un<br />

autre côté (et cette autre révolte moins ma<strong>la</strong>droitement<br />

concertée a été beaucoup plus contagieuse),<br />

on a dit hautement qu'il fal<strong>la</strong>it substituer une nouvelle<br />

poésie à <strong>la</strong> nôtre, qui était trop timi<strong>de</strong>; et,<br />

sans examiner si notre <strong>la</strong>ngue en comportait une<br />

autre, et si nos grands écrivains Pavaient bien on<br />

mal connue, on a affecté <strong>de</strong> répéter sans cesse que<br />

le vrai génie poétique consistait dans ce que Racine<br />

k fils appelle fort bien <strong>de</strong>s alliances <strong>de</strong> tmts ; on<br />

a dit que Voltaire en avait peu et qu'il était peu<br />

poète, que Racine et Boileau s'en avaient pas as*<br />

tragédies et dans <strong>la</strong> Menria<strong>de</strong>, avaient suivi <strong>la</strong> même<br />

route. Les vrais principes <strong>du</strong> style s fondés sur <strong>la</strong><br />

nature et le bon sens, sur <strong>de</strong>s modèles avoués dans<br />

tous les siècles, semb<strong>la</strong>ient irrévocablement fixés.<br />

Il était reconnu que plus on s'en approchait, plus<br />

on avait <strong>de</strong> talent; que plus on s'en éloignait, .<br />

moins on savait écrire. Mais qu'est-il arrivé? C'est |<br />

ici le lieu <strong>de</strong> développer ce que j'ai indiqué plusieurs !<br />

sez. En conséquence on a cent fois loué avec profusion,<br />

dans <strong>de</strong>, très-mauvais ouvrages, quelques<br />

beaux vers qui pourtant n'étaient beaux que parce<br />

qu'ils étaient faits suivant les bons principes. Et<br />

quant à <strong>la</strong> foule <strong>de</strong>s mauvais, on e<br />

fois, <strong>de</strong> dé<strong>mont</strong>rer un fait qui doit avoir sa p<strong>la</strong>ce<br />

dans l'histoire littéraire, et qui, moins sensible peutêtre<br />

aux yeux <strong>de</strong>s gens <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, occupés d'autres<br />

choses, a dû frapper davantage les gens <strong>de</strong> l'art,<br />

intéressés, comme <strong>de</strong> raison, à l'objet <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s.<br />

La <strong>littérature</strong> a ses temps <strong>de</strong> schisme et d'hérésie;<br />

différentes erreurs ont régné à différentes<br />

époques : j'aurai l'occasion <strong>de</strong> les rappeler successivement<br />

Celle dont je veui parler ici s'est accréditée<br />

<strong>de</strong>puis environ dix ans; on <strong>la</strong> retrouve érigée<br />

en système dans une foule d'écrits <strong>de</strong> toute espèce,<br />

mais surtout dans <strong>de</strong>s compi<strong>la</strong>tions périodiques qui<br />

sont malheureusement ce qu'on lit le plus. Cette<br />

théorie, que je vais combattre, est née <strong>de</strong> l'impuissance.<br />

On a senti <strong>la</strong> prodigieuse difficulté <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>de</strong>s beautés nouvelles sans s'écarter dp bon<br />

sens; les mauvais auteurs, <strong>de</strong>venus plus forts par<br />

leur nombre 9 par leur réunion $ par tous les moyens<br />

dont ils disposent, se sont <strong>la</strong>ssés d'avoir toujours<br />

<strong>de</strong>vant les yeux cette comparaison <strong>de</strong>s écrivains c<strong>la</strong>ssiques<br />

qui les mettait à leur p<strong>la</strong>ce, et cette rigueur<br />

f a guère essayé<br />

<strong>de</strong> les défendre en détail, parce qu'on aurait trop<br />

choqué l'évi<strong>de</strong>nce ; mais on a toujours répété que<br />

c'était là <strong>du</strong> génie poétique, et qu'il n'y manquait<br />

qu'un peu plus <strong>de</strong> goût. On n'a pas osé non plus<br />

soutenir formellement que <strong>de</strong>s ouvrages tombés <strong>du</strong><br />

poids <strong>de</strong> l'ennui, après avoir été exaltés,-étaient<br />

<strong>de</strong> bons ouvrages; mais on ne par<strong>la</strong>it <strong>de</strong> leurs fautes<br />

mêmes qu'avec le ton d'admiration qui invite à<br />

en commettre <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>bles. Il y a <strong>de</strong>s gens qui<br />

préten<strong>de</strong>nt que tout ce<strong>la</strong> est indifférent ; ils se trompent<br />

: c'est là ce qui égare presque tous les jeunes<br />

écrivains. Ions en voyons <strong>la</strong> preuve dans les con<strong>cours</strong><br />

académiques : dans <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pièces<br />

dont on ne peut pas lire vingt vers <strong>de</strong> suite, il y en<br />

a quelques-unes dont les auteurs annoncent <strong>du</strong> talent;<br />

mais on voit c<strong>la</strong>irement qu'ils font tous îês<br />

efforts imaginables pour écrire mal; os y reconnaît<br />

une prétention, une recherche continuelle,<br />

l'ambition <strong>de</strong>s figures, <strong>la</strong> manie <strong>de</strong>s métaphores,<br />

Fenvie d'imiter <strong>de</strong> mauvais modèles. Il peut donc<br />

être utile <strong>de</strong> détruire leurs erreurs, <strong>de</strong> les ramener<br />

à <strong>de</strong>s notions plus justes. Il faut bien revenir alors<br />

sur <strong>de</strong>s vérités familières aux bons esprits; mais on<br />

ne peut pas réfuter autrement ceux qui les combattent,<br />

ni éc<strong>la</strong>irer ceux qui les oublient ; et quand on

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