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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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861 COUfiS DE UTTÉ1ATU1E.<br />

Des dont p<strong>la</strong>isirs<br />

Et <strong>de</strong>s heureux lols<strong>la</strong><br />

JLâ terre est belle;<br />

La fleur nonfêUe<br />

Mt aux zéphyrs,"<br />

C'est dans nos bols<br />

. Qu'amour a fait ses lois.<br />

Leur vert feuil<strong>la</strong>ge<br />

Boit toujours <strong>du</strong>rer.<br />

Un cœur sauvage<br />

• H'y doit point entrer.<br />

La teste affalée<br />

D'âne bergère .,<br />

Est <strong>de</strong> songer<br />

Asonbarsjet.<br />

11 y en a un millier <strong>de</strong> eette espèce : on ne pouvait pas<br />

eiiger que Fauteur <strong>de</strong> l'Art poétique ' les trouvât<br />

bons.<br />

Il dit dans une <strong>de</strong> ses lettres :<br />

« J'étais fort jeune quand j'écrivis coatro M. Quinault,<br />

et I n'avait fait aucun <strong>de</strong>s ouvrages qui lui ont <strong>la</strong>it une<br />

Juste réputation. »<br />

Quelques lignes d'éloges jetées dans une lettre ne<br />

compensaient pas suffisamment <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> satire ,<br />

qui se retiennent d'autant plus aisément , qu'ils sont<br />

attachés à <strong>de</strong>s vers d'une tournure piquante. Mais<br />

je suis persuadé que Boileau était <strong>de</strong> bonne foi9 et<br />

que <strong>la</strong> nature lui avait refusé ce qui était nécessaire<br />

poiir sentir les charmes à'Jtys, é f Jrmi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Ro<strong>la</strong>nd,<br />

et pour en excuser les défauts. Des ou?rages<br />

où l'on par<strong>la</strong>it sans cesse d'amour, et msu souvent<br />

en style lâche et faible , ne pouvaient pas p<strong>la</strong>ire à un<br />

homme qui ne connaissait point ce sentiment, et<br />

qui ne pardonnait à Racine <strong>de</strong> l'avoir peint qu'en<br />

faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté parfaite <strong>de</strong> sa versification.<br />

Nos jugements dépen<strong>de</strong>nt plus ou moins <strong>de</strong> nos<br />

goûts et <strong>de</strong> notre caractère, et nous verrons dans<br />

<strong>la</strong> suite Voltaire trompé plus d'une fois dans ses<br />

décisions par sa préférence trop eiclusive pour <strong>la</strong><br />

poésie dramatiques comme Boileau pat l'austérité<br />

<strong>de</strong> son esprit et <strong>de</strong> ses principes. Que Ton examine<br />

le jugement qu'il porte <strong>de</strong> Quinault dans ses referions<br />

critiques : le poète lyrique était mort réconcilié<br />

avec lui, et Ton ne peut guère Je soupçonner<br />

Ici d'aucune passion. Voici comme il en parle :<br />

« Quinault avait beaucoup d'esprit et un talent tout particulier<br />

pour faire <strong>de</strong>s vers bons à être mis en chant; mais<br />

ces vers n'étaient pas d'une gran<strong>de</strong> force ni d'une gran<strong>de</strong><br />

élévation. »<br />

Jusqu'ici il n'y a rien à dire : c'est <strong>la</strong> vérité. Il continue<br />

:<br />

« C'était lesr/afMêMf même qui les rendait d'autant<br />

p<strong>la</strong>s propres pour le musicien, auquel ils doivent leur<br />

principale gloire. »<br />

La première moitié <strong>de</strong> cette phrase est encore gêné- I<br />

ralement vraie ": le temps a dé<strong>mont</strong>ré combien <strong>la</strong> '<br />

secon<strong>de</strong> est fausse. Mais, en avouant mUêfmibkme,<br />

qui <strong>de</strong>vient sensible surtout pr <strong>la</strong> comparaison in<br />

style <strong>de</strong> Quinault avec celui <strong>de</strong> nos grands poètes,<br />

et dont pourtant il faut excepter quelques morceau<br />

d'élite où il s'est rapproché d'eux, voyons combien<br />

<strong>de</strong> différents mérites rachètent ce qui lui manque,<br />

et lui composent un caractère <strong>de</strong> versiicmtion dont<br />

<strong>la</strong> beauté réelle, quoique secondaire, a échappé aux<br />

yeux trop sévères <strong>de</strong> Boileau ,§ui ne goûtait que<br />

<strong>la</strong> perfection <strong>de</strong> Racine.<br />

Quinault n'a sans doute ni eette audace heureuse<br />

<strong>de</strong> figures, ni cette éloquence <strong>de</strong> passion, ni cette<br />

harmonie savante et variée, ni cette connaissance<br />

profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous les effets <strong>du</strong> rhythme et <strong>de</strong> tous les<br />

secrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue poétique : ce sont là les beautés<br />

<strong>du</strong> premier ordre; et non-seulement elles ne lui<br />

étaient pas nécessaires, mais s'il les avait eues, il<br />

n'eût point fait d'opéras, car il n'aurait rien <strong>la</strong>issé<br />

à faire au musicien. Mais il a souvent une élégance<br />

facile et un tour nombreux ; son expression est aussi<br />

pure et aussi juste que sa pensée est c<strong>la</strong>ire et ingénieuse<br />

; ses constructions forment un cadre parfait,<br />

où ses idées se p<strong>la</strong>cent comme d'elles-mêmes dans<br />

un ordre lumineux et dans un juste espace : ses vers<br />

cou<strong>la</strong>nts, ses phrases arrondies n'ont pas l'espèce <strong>de</strong><br />

force que donnent les inversions et les images; ils<br />

ont tout l'agrément qui naît d'une tournure aisée<br />

et d'un mé<strong>la</strong>nge continuel d'esprit et <strong>de</strong> sentiment,<br />

sans qu'il y ait jamais dans l'un ou datis l'autre ni<br />

recherche ni travail. 11 n'est pas <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s<br />

écrivains qui ont ajouté à <strong>la</strong> richesse et à l'énergie<br />

<strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue : il est un <strong>de</strong> ceux qui ont le mieux<br />

fait voir combien 'on pouvait <strong>la</strong> rendre souple et<br />

flexible. Enfin, s'il paraît rarement animé par l'inspiration<br />

<strong>du</strong>, génie <strong>de</strong>s vers, il paraît très-familiarisé<br />

avec les Grâces; et comme Virgile nous fait<br />

reconnaître Vénus à l'o<strong>de</strong>ur d'ambroisie qui s'exhale<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chevelure et <strong>de</strong>s vêtements <strong>de</strong> <strong>la</strong> déesse, <strong>de</strong><br />

même, quand nous venons <strong>de</strong> lire Quinault, il nous<br />

semble que l'Amour et les Grâces viennent passer<br />

près <strong>de</strong> nous.<br />

N'est-ce pas là ce qu'on éprouve lorsqu'on entend<br />

ces vers d'Hiérax dans IsUt<br />

Depuis qu'une nympbe inconstante<br />

A trahi mon amour, et m'a manqué 4e fin,<br />

Ces lieux Jadis s! beaux n'ont plus rien qui m'enchante<br />

€• que faune a changé : tant est changé pour moi.<br />

L'Inconstante n*a plus l'empressement extrême<br />

fie cet amour naissant qui répondait au mien :<br />

Son changement parai! en dépit d'eUe-méme;<br />

le ne le connais que trop bien.<br />

8a bouche quelquefois dit e'nœr qu'elle m'aime;<br />

Vais son cœur ni ses yeux ne m'en disait plus rie*.<br />

Ce lut dans ces vallons où*, par mille détours,<br />

Llnachiis prend p<strong>la</strong>isir I prolonger sou oours ;

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