la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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G0U1S DE LITTÉ1ATD1E.<br />
le M mérite plu ces doux eupraianaiti ;<br />
Tous êtes offensé. La fortune jalouse<br />
W&fmm votre absence épargné votre épouie.<br />
<strong>la</strong>tiSgse <strong>de</strong> TOUS p<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> vous approcher,<br />
le se doit désormais soager qu'à me cacher.<br />
Elle ne dit pas sa mot qui soit contraire à <strong>la</strong> vérité;<br />
ps un qui parte d s uu eœur qui s'excuse. Je ne crois<br />
pas qu'il soit possible d'observer mieux toutes les<br />
mmfmmms <strong>de</strong> fart.<br />
Un moment après, au bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère <strong>du</strong> roi ,<br />
elle accourt éper<strong>du</strong>e; elle est prête à s'accuser ellemême<br />
; mais ce qu'elle entend <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Thésée<br />
étouffe dans <strong>la</strong> sienne <strong>la</strong> vérité, qui al<strong>la</strong>it en<br />
sortir : elle apprend qu'Hippolyte se faute d'aimer<br />
Aricie. Thésée ne le croit pas9 mais l'infortunée ne<br />
le croit que trop; elle sent jusqu'au fond <strong>du</strong> cœur<br />
d'où venaient les mépris et les rebuts d'Hippoiyte.<br />
Qu'on se représente sa douleur, sa confusion» sa<br />
rage.<br />
Hippoïyte est sensible, et m sent rien pour mof 1<br />
Ari<strong>de</strong> a son cœur, Ari<strong>de</strong> a sa foi !<br />
Ali ! dieu ! kmqu'à mes vceox Ftngrat toexor&Mo<br />
S'armait d'as œl! si 1er, d*un Iront si redoutable,<br />
Je pensais qu'à rameur M» «sur toujours ferai<br />
Fût contre tout mon sexe également armé.<br />
Une autre cependant a fléGhi son audace;<br />
Devant ses yeux ereeli une autre a trou?é grâce.<br />
Peut-#re t-t-0 on ©oeur facile à l'attendrir :<br />
Je sots le seul objet qull ne saurait souffrira<br />
Et Je me ehargerals <strong>du</strong> sols <strong>de</strong> le défendra !<br />
Ce sentiment est-il assez profond et assez amer?<br />
La jalousie a-t-elle <strong>de</strong>s traits plus poignants et plus<br />
cruels? Quels transports dans celle <strong>de</strong> Phèdre!<br />
(Sonne, qui l'eût cm? fatals use ri?aie !<br />
. . . Hlppoiyte aime, et Je n'en puls.doater.<br />
Ce istosiche ennemi qu'os ne postait dmspter,<br />
Qu'offensait le respect, qu'Importunait <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte;<br />
Ce tigre que Jamais je n'abordât suis crainte,<br />
Soumis, apprivoisé, reconnaît un vainqueur :<br />
Ari<strong>de</strong> a trouvé le chemin <strong>de</strong> son cœur...<br />
. . . âaldcwleiif non eurore éprouvée!<br />
'A quel nouveau tourment Je me.snls réservée!<br />
Tout ee que f al souffert, ea%s craintes , mes transports ,<br />
La fureur <strong>de</strong> mes feux, Fhorreur <strong>de</strong> mes remords t<br />
Et d'un ceins eroel riuaupportable injure t<br />
l'étaient qu'us faillie essai <strong>du</strong> tourment que J'en<strong>du</strong>re,<br />
v li s'aiment ! Par quel charme ont-Us trompé mes yepx?<br />
Commentassont-Ils vus ? <strong>de</strong>puis quand ? dans quels Heu?<br />
Toi le gavais. Pourquoi me <strong>la</strong>issais-tu sé<strong>du</strong>ire?<br />
De leur furtive ar<strong>de</strong>ur ne pouvais-tu mlnslrulra?<br />
Les â-t-os vus souvent se parler, se chercher?<br />
Dans le fond <strong>de</strong>s forêts aitaientoli se cacher?<br />
Hé<strong>la</strong>s ! ils se voyaient avee pleine lkenetf;<br />
Le ctet» <strong>de</strong> leurs soupirs approuvait l'innocence.<br />
Ils suivaient sans remords leur penchant amoureus ;<br />
Tous les Jours se levaient c<strong>la</strong>irs et sereins pour eux.<br />
Et moi, triste relint <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature entière t<br />
Je me cachati au Jour, Je fuyais <strong>la</strong> lumière.<br />
La mort est le seul dieu que J'osai* taipteter ;<br />
raltendak le moment où J'al<strong>la</strong>is expirer.<br />
Me tratiRfstttit <strong>de</strong> iel, <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes atewvée,<br />
Eneor dans mon mattieur <strong>de</strong> trop près observée y •<br />
le n'osais dans mes pleurs me noyer à loisir;<br />
le feaiiaJs en tremb<strong>la</strong>nt ee funeste p<strong>la</strong>isir;<br />
Et tous un fennt serein déguisant mes a<strong>la</strong>rmes,<br />
U fal<strong>la</strong>it Mee souvent me priver <strong>de</strong> mes termes<br />
Qui croirait que le eemmentatenr <strong>de</strong>Radnetron¥e<br />
cetteseèneataes intdikî Quoi Lune scène fui achève<br />
<strong>la</strong> punition <strong>de</strong> Phèdre 9 qui joint les horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
jalousie à tons les mam qu'elle a .soufferts, qui<br />
l'empêche <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer Finnocenee d'Hippoiyte, cette<br />
scène est imdlkl Elle suffirait seule pour jestito<br />
l'épiso<strong>de</strong> d*Aricie, qui a essuyé tant <strong>de</strong> reproche*,<br />
et qu'il est temps d'examiner. En voilà assez sur le<br />
rôle <strong>de</strong> Phèdre : nous avons vn qu'il réunit tout;<br />
c'est une <strong>de</strong> ces pro<strong>du</strong>ctions achevées 9 uniquea dans<br />
leur genre, qui sont <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong>s arts et Feffort <strong>de</strong><br />
l'esprit humain.<br />
H n'en est pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Phèdre comme<br />
<strong>de</strong> celle à'ïphîgêmîe, ou presque tous les rôles sont<br />
d ? uoe force à peu près égale, et se ba<strong>la</strong>ncent les<br />
uns les autres; celui <strong>de</strong> Phèdre éclipse tout, et ee<strong>la</strong>r<br />
<strong>de</strong>vait être : mais il n'en est pas moins vrai que les<br />
autres personnages sontf à peu <strong>de</strong> choses près, ce<br />
qu'ils doivent être aussi. Je n 9 ignore pas combien<br />
l'amour d'Hippoiyte a été censuré <strong>de</strong>puis le janséniste<br />
Arnauld 9 qui, exceptant <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Phèdre<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> proscription générale où <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> ses<br />
principes enveloppait toutes les pièces <strong>de</strong> théâtre 9 reconnaissait<br />
hautement que cet ouvrage respirait<br />
<strong>la</strong> morale <strong>la</strong> plus pure, et donnait l'exemple le plus<br />
effrayant <strong>de</strong>s malheurs attachés aux penchants illégitimes,<br />
mais qui en même temps reprochait à Fauteur<br />
d'avoir fait Hlppoiyte amoureux. On sait <strong>la</strong><br />
réponse <strong>de</strong> Racine : Et sam ce<strong>la</strong> qu'ammimi dit<br />
nm peêUs-m&Uresf Elle prouve l'opinion générale<br />
où l'on était alors , que <strong>la</strong> tragédie ne pouvait jamaii<br />
se passer d'une intrigue d'amour. Ce préjugé est<br />
fortifié'par l'exemple <strong>de</strong> Corneille, qui, plus capable<br />
qu'an autre <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong>s sujets où l'amour ne <strong>de</strong>vait<br />
pas entrer, lui avait donné dans tous les siens<br />
une p<strong>la</strong>ce presque toujours bien mal jremplie. Mais<br />
faut-il conclure <strong>de</strong>s paroles <strong>de</strong> Racine que lui-même<br />
condamnait l'amour d'Hippoiyte. Cet amour est-Il<br />
en effet un défaut ? Je croirais volontiers que Racine,<br />
ne vou<strong>la</strong>nt pas disputer contre AraaoW, trouvait<br />
plus court <strong>de</strong> rejeter sur les spectateurs ce qu'il<br />
aurait pu justifier. Personne n'est plus convaincu<br />
que mol qu'il faut bannir l'amour <strong>de</strong> tous les sujets<br />
où il n'est pas naturellement appelé, et avec lesquels<br />
il forme une sorte <strong>de</strong> disparate. Le sujet <strong>de</strong> Phèdre<br />
est-il <strong>de</strong> ce genre? L'amour d'Hippoiyte a-t-îl refroidi<br />
<strong>la</strong> pièce, comme il ne manque jamais d'arriver<br />
quand l'amour est mal p<strong>la</strong>cé? Je n'ai point remarqué<br />
cet effet au théâtre. 11 me semble même<br />
que <strong>la</strong> tendresse innocent® <strong>du</strong> sévère Hippolyte pouf<br />
<strong>la</strong> jeune Aricie, <strong>de</strong>rnier rejeton d'une race proscrite,<br />
offre un contraste agréable avee <strong>la</strong> passion funeste<br />
et ïoreenée <strong>de</strong> Phèdre. Je crois respirer un air plus