23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Tautreattachait les regards parées belles proportions<br />

«t ces formes gracieuses que le goût sait joindre à <strong>la</strong><br />

majesté <strong>du</strong> génie.-<br />

. SIÈCLE DB LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

SICTK» n. — Brltanniau.<br />

« Que te geste est fariUant dans sa naissances quel éc<strong>la</strong>t<br />

Jettent ses premiers rajons ! C'est restée <strong>de</strong> jour qui 9 partant<br />

<strong>de</strong>s bornes <strong>de</strong> fhorkon, inon<strong>de</strong> d'en jet <strong>de</strong> lumière<br />

'toute l'éten<strong>du</strong>e <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. Quel œil n'en est pas ébloui 9 et<br />

'ne s'abaisse pas comme accablé <strong>de</strong> le c<strong>la</strong>rté qiri l'assaille?<br />

'Tel est le premier effet dn génie. Mais cette impression si<br />

.vive et si prompte s'affaiblit par <strong>de</strong>grés. L'homme t revenu<br />

<strong>de</strong> ton premier étonnement, relève <strong>la</strong> vue, et ose fiier<br />

d'un regard attentif ce fie d'abord il n'a?ait admiré qu'en<br />

a@ prosternant. Heafêt I s'accoutume et se feeeUariss<br />

avec l'objet <strong>de</strong> son respect : I es fient jusqu'à y chercher<br />

<strong>de</strong>s défauts, jusqu'à en supposer même : il semble qu'il<br />

ait à se venger d'une surprise faite à son amour-propre ,<br />

et le génie a tout le temps d'expier par <strong>de</strong> longs outrages ce<br />

moment <strong>de</strong> gloire et <strong>de</strong> triomphe que ne peut M refuser<br />

l'humanité qu'il subjugue en se <strong>mont</strong>rant.<br />

« Ainsi fat traité fauteur tfAndromaquê. On l'opposa<br />

d'abord à Corneille : et c'était beaucoup, si l'en songe à<br />

cette admiration si juste et si profon<strong>de</strong> qu'aYaït dû Inspirer<br />

Fauteur da €iê9 <strong>de</strong> CHina, <strong>de</strong>s M&rscm, <strong>de</strong>meuré jusqu'alors<br />

sans ri?al 9 maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> carrière » et entouré <strong>de</strong> ses<br />

trophées. Sans doute même tes ennemis particuliers <strong>de</strong> ce<br />

grand homme firent avec p<strong>la</strong>isir s'éle?er un jeune poète<br />

qui al<strong>la</strong>it partager <strong>la</strong> France et <strong>la</strong> renommée : mais ces<br />

ennemis étaient alors en petit nombre ; sa vieillesse , trop<br />

malheureusement fécon<strong>de</strong> en pro<strong>du</strong>ctions indignes <strong>de</strong> lui ,<br />

tes conso<strong>la</strong>it <strong>de</strong> ses anciens succès. Au contraire, <strong>la</strong> supériorité<br />

<strong>de</strong> Racine, dès ce moment si décisif e et si éc<strong>la</strong>tante,<br />

défait jeter l'effroi parmi tous les aspirants à <strong>la</strong><br />

palme tragique. L'on conçoit aisément combien un succès<br />

tel que celui é'ÂnérmMtqm <strong>du</strong>t exciter <strong>de</strong> jalousie et<br />

et humilier tout ce qui prétendait à <strong>la</strong> gloire. A ce parti<br />

nombreux <strong>de</strong>s écrivâins médiocres, qui 9 sans s'aimer d'ailleurs<br />

et sans être d'accord sur tout le reste 9 se réunissent<br />

toujours comme par Instinct contre le talent qui les menace;<br />

se joignait cette espèce d'hommes qui, emportés<br />

par un enthousiasme exclusif s avaient déc<strong>la</strong>ré qu'on n'égalerait<br />

pas Osmelte, et qui étaient bien résolus à ne pas<br />

saaafs? que ftacine osât tes démentir. Ajoutez à tous ces<br />

intérêts qui lui étalent contraires cette «Mspsltiea secrète<br />

qni9 même au fond» n'est pas tout à fait injuste, et qui<br />

mous porte à proportionner k sévérité <strong>de</strong> notre jageaseat<br />

an mente <strong>de</strong> l'homme qu'il faut juger. Yalta quels étaient<br />

les obstacles qui attendaient Radie après Andromaque :<br />

et quand Bri<strong>la</strong>nnlcus parat v S'envie était sous les armes.<br />

« L'envie i cette passion si odieuse et si file qu'on ne<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>int pas 9 toute malbeufeuse qu'elle est, ne se déchaîne<br />

Mlle part aeee plus <strong>de</strong> fureur que dans <strong>la</strong> liée <strong>du</strong> théâtre.<br />

C'est là qu'elle rencontre le talent dans tout l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> sa<br />

puissance y et c'est là surtout qu'elle aime à le combattre ;<br />

c'est là qu'elle l'attaque avec d'autant plus d'avantage,<br />

qu'elle peut cacher <strong>la</strong> main qui porte les coups. Confon<strong>du</strong>e<br />

dans une foule tumultueuse, elle est dispensée <strong>de</strong> rougir ;<br />

elle a #aHaeas si peu <strong>de</strong> chose à faire; et l'illusion théâ-<br />

615<br />

traie est si frète et ai facile à troubler, les jugements <strong>de</strong>s<br />

hommes rassemblés sont alors dégiendants <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> «irconstances<br />

dont l'auteur n'est pas te maitro, et tiennent<br />

quelquefois à <strong>de</strong>s ressorts si faibles, que, toutes Ses fois<br />

qn'Uyaeauniiartiocintrauttbonoufriige<strong>de</strong> théâtre, le<br />

succès en a été troublé ou retardé. Les esaaaples ne me<br />

manqueraient pas; mais quand je n'aurais à citer que celui<br />

<strong>de</strong> Brètannlem abandonné dans sa non?eaaté, n'en seraitce<br />

pas assez? » (Éloge <strong>de</strong> Racine.)<br />

On volt, par <strong>la</strong> préface que Fauteur mît à <strong>la</strong> tête<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> première édition <strong>de</strong> sa pièce, qu'il ressentit<br />

vivement cette injustice. Il n'est que trop ordinaire<br />

<strong>de</strong> faire aux hommes <strong>de</strong> talent un crime <strong>de</strong> cette sorte<br />

<strong>de</strong> sensibilité, quoique peut-être il n'y en ait point<br />

<strong>de</strong> plus excusable, ni qui soit plus dans <strong>la</strong> nature.<br />

Sans doute il y aurait beaucoup <strong>de</strong> philosophie à se<br />

détacher entièrement <strong>de</strong> ses ouvrages, <strong>du</strong> moment<br />

où on les a composés; mais je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai à ceui<br />

qui connaissent un peu le cœur humain comment<br />

cette froi<strong>de</strong> indifférence peut être compatible avec<br />

<strong>la</strong> vivacité d'imagination nécessaire pour pro<strong>du</strong>ire<br />

une belle tragédie. Exiger <strong>de</strong>s choses si contradictoires,<br />

c'est être h'peu près aussi raisonnable que<br />

uette femme dont parle <strong>la</strong> Fontaine f qui vou<strong>la</strong>it un<br />

mari poini froid eê point jaloux ; et le fabuliste<br />

ajoute judicieusement : Notez ces <strong>de</strong>ux pointe-ci. Je .<br />

connais l'objection vulgaire, qu'un auteur ne peut<br />

pas se juger soi-même. Non sans doute, quand un<br />

ouvrage vient <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> ses mains, et même en<br />

aucun temps, s'il n'est qu'un homme médiocre :<br />

dans ce cas, il n'est pas plus capable <strong>de</strong> se juger que<br />

<strong>de</strong> bien faire ; il ne voit pas au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce qu'il a fait.<br />

Mais une expérience constatée prouve que, passé le<br />

moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition 9 un homme supérieur<br />

par le talent et par les lumières se juge aussi bien<br />

et même mieux que qui que ce soit. J'en citerai <strong>de</strong>s<br />

preuves bien frappantes quand je parlerai <strong>de</strong> Voltaire.<br />

Aujourd'hui, tout ce que je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, c'est<br />

qu'on pardonne à Eacine d'avoir eu raison <strong>de</strong> se fâcher,<br />

quand ses juges avaient tort <strong>de</strong> le condamner.<br />

Le publie revint bientôt <strong>de</strong> sa méprise : Briêannteus<br />

resta es possession <strong>du</strong> théâtre; et Racine, dans<br />

l'édition <strong>de</strong> ses oeuvres réunies, supprima cette première<br />

préface : on pardonne aisément l'injustice<br />

quand elle est réparée. Il ne l'avait pourtant pas outillée<br />

: on s'en aperçoit à <strong>la</strong> manière dont il s'exprime<br />

sur le sort <strong>de</strong> cette tragédie :<br />

« Voici eele <strong>de</strong> mes pièces que je pis dire que j'ai te<br />

plus travaillée. Cependant j'avoue que te succès ne répondit<br />

pas d'abord à mes espérances. A peine elle parut sur te<br />

théâtre, qu'il s'éleva quantité <strong>de</strong> critiques qui semb<strong>la</strong>ient<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>voir détruire. Je cris même que sa <strong>de</strong>stinée serait à<br />

l'avenir moins heureuse que celte <strong>de</strong> mes autres tragédies ;<br />

mais sais M est arrivé à cette pièce ee qui arrive» toujours

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!