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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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§14<br />

plus <strong>de</strong> forée que Jamais <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong> l'abandonner<br />

aux Grées 9 si Andromaqee ne consent pas<br />

à fépouser. 11 est déterminé à le couronner ou à le<br />

perdre : il lui <strong>la</strong>isse le choii. Et c'est alors que <strong>la</strong><br />

veuve d'Hector ne trouve qu'un moyen <strong>de</strong> sauter<br />

Ma fois son ils et sa gloire : elle épousera Pyrrhus,<br />

et en quittant les autels elle s'immolera sur je tombeau<br />

<strong>de</strong> son premier époux. Elle recomman<strong>de</strong> son<br />

ilsà<strong>la</strong>idèleCéphise»<br />

Fais «msaltre à mon iif les tiérot <strong>de</strong> sa race;<br />

Ail<strong>la</strong>nt que tu pourras, con<strong>du</strong>is-le sur leur trace.<br />

Dis-lui par quels exploit* leurs noms ont éc<strong>la</strong>té f<br />

* Plutôt ce qu'ils ont fait que m qu'ils est été.<br />

Parle-lui tous !« Jours <strong>de</strong>s vertus <strong>de</strong> son père,<br />

Et quelquefois aussi parle-lui <strong>de</strong> sa mère.<br />

Nais qu'il m songe plus, Céphlse, à nous venfer :<br />

Mous lui <strong>la</strong>issons un maître, H le doit ménager.<br />

Qu'il att <strong>de</strong> ses aïeux un souvenir mo<strong>de</strong>ste :<br />

Il est <strong>du</strong> sang d'Hector, mais 11 eu est le reste;<br />

Et pour ce reste enfin J'ai moi-même, en us jour*<br />

Sacrifié mon sang, ma liaioe et mon amour.<br />

CÛUES DE UTTÉMTUHE.<br />

L'action désespérée d'Oreste, et le meurtre <strong>de</strong><br />

Pyrrhus égorgé dans le temple au moment où il reçoit<br />

<strong>la</strong> main d'Andromaque, empêchent cette princesse<br />

d'exécuter son funeste <strong>de</strong>ssein. Son sort et<br />

celui d'Astyanax paraissent .assurés. Mais quelle<br />

catastrophe terrible que celle qui termine <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée<br />

d'Oreste et d'Hermione î Quel moment que<br />

celui où cette femme égarée et furieuse lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

compte <strong>du</strong> sang qu'elle-même a fait répandre! On<br />

a cité cent fois ces vers fameux ;<br />

Nais, parle; <strong>de</strong> ton sort qui fa ren<strong>du</strong> rtraitée?<br />

Pourquoi l'assassiner? quVi-il fait? à quel titre?<br />

Qui te Fa dit?<br />

Ce <strong>de</strong>rnier mot est le plus beau peut-être que jamais<br />

<strong>la</strong> passion ait prononcé. Si on osait le comparer<br />

au qu'il mourût f ce ne serait pas pour rapprocher<br />

<strong>de</strong>s choses très-différentes, ce serait pour faire<br />

remarquer, dans l'un, le sublime d'an grand sentiment!<br />

et dans l'antre, le sublime d'une gran<strong>de</strong><br />

passion. L'un est sans doute d'un plus grand effet<br />

au théâtre; il transporte, quand on l'entend : l'autre<br />

étonne et confond quand on y réfléchit. 11 fal<strong>la</strong>it<br />

aioir <strong>de</strong>viné bien juste à quel excès d'égarement et<br />

d'aliénation Ton peut arriver dans une situation<br />

comme celle d'Hermione$ pour mettre dans sa bouche<br />

une pareille question après qu'elle a employé<br />

une scène entière à déterminer Oreste à cet attentat,<br />

et qu'elle-même <strong>de</strong>puis ce moment n'a pas été occupée<br />

d'une antre idée; et cependant ce mot est si<br />

traî 9 qu'on en est frappé sans en être surpris. 11<br />

a d'ailleurs tous les genres <strong>de</strong> mérite; il fait partie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> catastrophe , il commence <strong>la</strong> punition d'Oreste 9<br />

il achève le caractère d'Hermione : c'est le résultat<br />

d'une connaissance approfondie <strong>de</strong>s ré?olutions <strong>du</strong><br />

ettur humain.<br />

Des situations si fortes doivent nécessairement<br />

inir par faire couler le sang; et ce n'est pas là, suivant<br />

l'expression<strong>de</strong> k Bruyère, <strong>du</strong> sang répaném<br />

pour <strong>la</strong> /orme. Une femme qui a pu faire assassiner<br />

son amant doit se tuer elle-même : telle est <strong>la</strong> in<br />

d'Hermione; et Oreste<strong>de</strong>meure en proie aux Furies.<br />

Ce dénoûment est digne d'un <strong>de</strong>s sujets les plus<br />

éminemment tragiques que Ton ait mis sur <strong>la</strong> se^ne.<br />

Mais n'y a-t-il point quelques fautes dans ce chefd'œuvre<br />

dramatique? Il y en a <strong>de</strong> bien graves, si<br />

nous es croyons les auteurs d 9 un Diciiotimâre Afttorique<br />

qui a paru <strong>de</strong> nos jours. A Particle Mâtine<br />

on lit: Cette tragédie serait admir&èk, si les fitcertitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> Pyrrhus, le désespoir d'Oreste, ies<br />

emportements d'ffermkme, n'en ternissaient <strong>la</strong><br />

beauté, L'arrêt est <strong>du</strong>rf car c'est précisément ce que<br />

noury avons adairé. H y a plus : c'est que sans ces<br />

mêmes choses qui, selon le critique, ternissent <strong>la</strong><br />

pièce, <strong>la</strong> pièce ne subsisterait pas. Voilà comme les<br />

talents sont jugés, même après un siècle! Je ne<br />

ferai pas à Racine, et à vous, messieurs, l'injure <strong>de</strong><br />

réfuter <strong>de</strong> telles censures. La vérité est qu'on a blâmé<br />

dans k rôle <strong>de</strong> Pyrrhus <strong>de</strong>ux vers dont le sentiment<br />

est vrai, mais au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité tragique :<br />

Cfols-tu, si Je réponse ,<br />

Qo'ADdfûaMquft en son cœur n'en sera point JaSove?<br />

Un autre vers qui est un abus <strong>de</strong> mots :<br />

Brûlé <strong>de</strong> piai <strong>de</strong> feux que je n'en aUsmai.<br />

Et,-dans le rêle d'Oreste, cet endroit où il dit à<br />

Hermioae' ;<br />

Prenei une victime<br />

Que Ici Scythes auraient dérobée à V«M coup,<br />

Si j'en aiaw trouvé d'aussi cruels que vous.<br />

•Cette comparaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> eruaaté <strong>de</strong>s Scythes et<br />

<strong>de</strong> celle d'Hermione est dans le goût <strong>de</strong>s exagérations<br />

romanesques. Otes ce peu <strong>de</strong> fautes, et quelques<br />

autres moins marquantes d'ailleurs, on peut affirmer<br />

que Ton vit pour <strong>la</strong> première fois dans Anêm~<br />

moque une tragédie où chacun <strong>de</strong>s acteurs était continuellement<br />

ce qu'il <strong>de</strong>vait être, et disait toujours<br />

ce qu'il <strong>de</strong>vait dire. Racine, en éta<strong>la</strong>nt sur <strong>la</strong> scène<br />

<strong>de</strong>s peintures si savantes et si expressives <strong>de</strong> cette<br />

inépuisable passion ie l'amour, ouvrit une source<br />

nouvelle et abondante pour <strong>la</strong> tragédie française. Gel<br />

art que Corneille avait principalement établi sur Té*<br />

tonnement et l'admiration et sur une nature quelquefois<br />

trop idéale, Racine le fonda sur une nature<br />

toujours vraie et sur <strong>la</strong> connaissance <strong>du</strong> cœur hu­<br />

main. Il fut donc créateur à son tour, comme l'avait<br />

été Corneille, avec cette différence que récille©<br />

qu'avait élevé l'un frappait les yeux pr <strong>de</strong>s beautés<br />

irrégullères.et une pomjie informe, au lieu que

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