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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — ÉL0QU1NCB.<br />

ni surtout ici, m qu'on lient trouver dans les livres;<br />

mais 11 faut bien s'arrêter en moment sur celle qui<br />

est en même temps <strong>la</strong> plus générale, <strong>la</strong> plus variée<br />

cl <strong>la</strong> plus belle <strong>de</strong> toutes les figures <strong>de</strong> mots , <strong>la</strong> métaphore.<br />

Le nom même en est <strong>de</strong>?enu tellement<br />

usuel, qu'il a per<strong>du</strong> sa gravité seo<strong>la</strong>stique. Cependant<br />

<strong>la</strong> définition en est un peu abstraite; mais,<br />

comme toutes les définitions, elle s'éc<strong>la</strong>ircit bientôt<br />

par les exemples. On peut définir <strong>la</strong> métaphore, une<br />

ligure par <strong>la</strong>quelle on change <strong>la</strong> signification propre<br />

d'un mot en une autre signification qui ne convient<br />

à ce mot qu'en vertu cf liai comparaison qui se fait<br />

dans l'esprit Ainsi , quand on dit que le mensonge<br />

prend les couleurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité , le mot couleurs n'est<br />

plus dans son sens propre; car le mensonge n'a pas<br />

plus <strong>de</strong> couleurs que <strong>la</strong> vérité : couleurs veut donc<br />

dût ici apparence; mais l'esprit saisit sur-le-champ<br />

le rapport qui existe entre les couleurs et les apparences<br />

9 et <strong>la</strong> figure est c<strong>la</strong>ire. <strong>la</strong> métaphore a cet<br />

avantage f dit très-bien QeJntilien, que , grâce à elle y<br />

il n'y a rien que f on ne puisse exprimer. Mais ni lui,<br />

ni <strong>du</strong> Marsais, ni aucun rhéteur que je sache, n'a songé<br />

à re<strong>mont</strong>er à <strong>la</strong> véritable origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> métaphore,<br />

qui pourtant me parait assez facile à reconnaître. La<br />

métaphore passe presque toujours <strong>du</strong> moral au physique,<br />

parce quef toutes nos idées venant originairement<br />

<strong>de</strong>s sens, nous sommes portés à rendre nos<br />

perceptions intellectuelles plus sensibles par leurs<br />

rapports avec les objets physiques : <strong>de</strong> là vient que<br />

presque toutes les métaphores sont <strong>de</strong>s Images, et <strong>de</strong>s<br />

espèces <strong>de</strong> similitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> comparaisons. Quand je<br />

dis d'un homme en colère : Il est comme un iiomf<br />

c'est une similitu<strong>de</strong> : j'exprime <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce générale<br />

entra un homme irrité et un lion. Si je vais<br />

pins loin, et que je dise : Tel qu'un lion qui, les yeux<br />

étiaceiacta et se battant les f<strong>la</strong>ncs <strong>de</strong> sa queue, s'é<strong>la</strong>nce<br />

avec un rugissement terrible, tel, etc. je détaille<br />

les circonstances <strong>de</strong> <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong>, et je fais<br />

use comparaison. Si je dis simplement : Quand cet<br />

homme est en fureur, c*est un lion, je fais une métaphore<br />

: et <strong>la</strong> métaphore, comme on voit, n'est au<br />

fond qu'une eompafaiaû& abrégée qu'achève l'imagination.<br />

Cette figure est donc née <strong>de</strong> notre disposition<br />

habituelle à comparer nos affections morales avec<br />

nos sensations, et à nous servir <strong>de</strong>s unes pour exprimer<br />

plus fortement les autres. On a dit qu'un<br />

homme était bmàOmi <strong>de</strong> eéère, parce qu'on a<br />

senti que eette passion donnait au sang un mouvement<br />

et une agitation extraordinaire, semb<strong>la</strong>ble au<br />

bouillonnement <strong>de</strong> l'eau sur le feu. C'est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

manière que nous sommes «tierce » consumés, g<strong>la</strong>cés,<br />

emèmsés, noircis, flétris* etc. Uac settic <strong>de</strong><br />

131<br />

ces métaphores expliquée suffit pour frire connaf-><br />

Ire <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> toutes les autres. Mais il y en a aussi<br />

où* les objets matériels- sont eomparés entre eux.<br />

On a dit <strong>la</strong> fleur <strong>de</strong> l'âge, farce que l'éc<strong>la</strong>t et <strong>la</strong><br />

fraîcheur <strong>de</strong> <strong>la</strong> première jeunesse ont rappelé les<br />

végétaux quand ils fleurissent. On a dit les g<strong>la</strong>ces <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vkUksse, parée qu'on a vu qu'elle enchaînait les<br />

articu<strong>la</strong>tions et arrêtait les mouvements, à pu près<br />

comme <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce, en se formant, été à l'eau sa fluidité.<br />

Cette figure et <strong>la</strong> métonymie, qui est elle-même<br />

une espèce <strong>de</strong> métaphore, sont celles dont l'usage<br />

est le plus fréquent dans le dis<strong>cours</strong>. Elles sont<br />

à <strong>la</strong> portée <strong>du</strong> peuple comme <strong>de</strong> l'orateur et <strong>du</strong> poëte.<br />

Tous les hommes figurent plus ou moins leur <strong>la</strong>ngage,<br />

selon qu'ils sont plus ou moins affectés, et<br />

qu'ils ont plus ou moins d'imagination; et <strong>la</strong> métaphore<br />

est <strong>la</strong> plus belle <strong>de</strong> toutes les figures, parce<br />

qu'elle réunit <strong>de</strong>ux Mées dans un même mot, et<br />

que ces <strong>de</strong>ux idées <strong>de</strong>viennent plus .frappantes par<br />

leur réunion. Quand on dit que <strong>la</strong> beauté se flétrit t<br />

le mot <strong>de</strong> flétrir-m rapporte également aux femmes<br />

et aux fleurs, et cet assemb<strong>la</strong>ge si naturel et si<br />

intéressant p<strong>la</strong>ît à l'imagination. Mais <strong>de</strong> ce que <strong>la</strong><br />

métaphore est par elle-même si commune, il s'ensuit<br />

encore que c'est le choix qui en t <strong>la</strong>it le mérite.<br />

Il faut qu'elle soit juste, c'est-à-dire qu'elle<br />

exprime un rapport fondé sur. <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s choses.,<br />

Rien n'est plus choquant qu'une figure incohérente :<br />

comme elle annotée <strong>la</strong> prétention d'une beauté 9 elle<br />

est fort au-<strong>de</strong>ssous <strong>du</strong> terme propre, si elle maaqoesott<br />

effet. On s'est moqué avec raison <strong>de</strong> ces ?#rs<br />

<strong>de</strong> Rousseau:<br />

»l«J*aaeitéfi^<br />

Oatf&méu l'èmw ém mwL<br />

L'image est fausse, car on ne peut pas fondre une<br />

êc&rce* 11 faut, <strong>de</strong> plus, que <strong>la</strong> métaphore soit nécessaire,<br />

c'est-à-dire qu'elle ait plus <strong>de</strong> force que<br />

le mot propre, sans quoi celui-ci est préférable.<br />

• Elfe n'est faite, dit tngénieafleiiMnt Qwntilien, que<br />

pour remplir une p<strong>la</strong>ce vacante; et quand elle chasse le<br />

terme simple, elle est obligée <strong>de</strong> valoir mieux. »<br />

U faut encore qu'elle soit adaptée an siyet, et qu'il<br />

n'y ait pas trop <strong>de</strong> disproportion dans les idées,<br />

dont elle n'est qu'une comparaison implicite. Ainsi<br />

on a en raison <strong>de</strong> blflmer ce vers, où Ton dit, en<br />

par<strong>la</strong>nt d'un cocher qui assujettit ses chevaux an<br />

frein :<br />

n minet ritfléb^ à Psiivirv danois.<br />

L'idée é'empire est trop gran<strong>de</strong> pour un mors <strong>de</strong><br />

cheval. Il fout aussi se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> tirer <strong>la</strong> métaphore<br />

d'objets bas et dégoûtants. Corneille a péché contre

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