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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOU» XIV. — POÉSIE.<br />

165<br />

m«nt ses fatales imprécations. Mats, d'ue autre que Racine, à Fâge <strong>de</strong> trente-huit ans, s'arrêta au<br />

côté, le poète peut se justifier eu disait que Thésée milieu <strong>de</strong> sa carrière, et condamna son génie au si*<br />

est dans le premier transport <strong>de</strong> sa colère; que le lence au moment ou il était dans <strong>la</strong> plus'gran<strong>de</strong><br />

trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine en l'abordant,' ses paroles équi­ force : c'est une obligation que nous avons à l'envie<br />

voques, le rapport d'Œaose, l'épée d'Hippolyte et à Pradon. Il y a longtemps que cet auteur n'est<br />

<strong>de</strong>meurée entre les mains <strong>de</strong> Phèdre, doivent faire connu que par les traits p<strong>la</strong>isants que son nom a<br />

sur lui d'autant plus d'impression, que, pour ne pas fournis au satirique français, et l'on rappelle sou­<br />

croire tant d'indices, il faut qu'il suppose un crime vent parmi les scandales littéraires te triomphe pas­<br />

beaucoup plus atroce encore que celui qu'on lui désager <strong>de</strong> sa Pkêdre : c'est <strong>la</strong> seule raison qui fasse<br />

nonce; et cette <strong>de</strong>rnière raison est si forte , que je citer ce p<strong>la</strong>t ouvrage plus souvent que tant d'autres<br />

n'y connais point <strong>de</strong> réplique. Ajoutes que cette cré­ qui reposent dans un entier oubli. Yoltaire s'est<br />

<strong>du</strong>lité <strong>de</strong> Thésée est consacrée par les traditions amusé à faire un rapprochement <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration<br />

mythologiques, qui nous sont si familières, et il se d'amour d'Hippolyte dans les <strong>de</strong>ux pièces ; et comme<br />

trouvera que, si Thésée nous parait trop cré<strong>du</strong>le,, tout le mon<strong>de</strong> a lu Voltaire 9 les vers <strong>de</strong> Pradon sont<br />

c'est qu'au fond nous sommes très-fâchés qu'il le aussi célèbres par leur ridicule que ceux <strong>de</strong> Racine<br />

soit; et c'est précisément ce que veut <strong>de</strong> nous le par leur beauté. Je n'en aurais donc point parlé si<br />

poète tragique.<br />

je n'avais lu dans le BMimmmire kké&rimm, dont<br />

Il résulte <strong>de</strong> toute cette analyse une <strong>de</strong>rnière ob­ j'ai déjà cité plus d'un passage ttaat aussi curieux,<br />

servation 9 qui fait également honneur à l'esprit <strong>de</strong><br />

Racine et au cœur humain. Ce grand homme avait<br />

que pour avoir urne Pkêdre pme/mUe, M fmmi kpèm<br />

<strong>de</strong> Pmdm et k$ vert <strong>de</strong> Madm, et si je ne m'étais<br />

pris sur lui d'inspirer plus <strong>de</strong> pitié pour Phèdre cou­ souvenu d'avoir enten<strong>du</strong> répéter plusieurs fois le<br />

pable que pour Hippolyte innocent, et il en est tenu même'jugement, car il faut bien se persua<strong>de</strong>r que<br />

à bout Pourquoi? En voici, je crois, les raisons. tout ce qu'on écrit <strong>de</strong> plus absur<strong>de</strong> trouve <strong>de</strong>s ap­<br />

C'est que Phèdre est à p<strong>la</strong>indre pendant toute <strong>la</strong> probateurs et <strong>de</strong>s échos. D'ailleurs il parait piquant<br />

pièce, par sa passion, ses remords et ses combats, <strong>de</strong> donner à un auteur méprisé un avantage sur un<br />

et qu'HIppoIyte n'est à p<strong>la</strong>indre que par sa mort. grand homme; et bien <strong>de</strong>s geas,aa sont pas flcàés<br />

Jusque-là l'on voit et Ton sent que, tout calomnié, <strong>de</strong> dire, parce qu'ils l'ont lu : Ce rimailleur avait<br />

tout proscrit qu'il est par soa père, il a pour lui le pourtant fait un meilleur p<strong>la</strong>n que Racine. Ce n'est<br />

témoignage <strong>de</strong> sa conscience et l'amour d'Ari<strong>de</strong>. pas que ceux qui parient ainsi aient lu <strong>la</strong> Pkêdre <strong>de</strong><br />

Phèdre au contraire est malheureuse par son cœur,<br />

malheureuse par son crime, et par conséquent mal­<br />

Pradon : ils redisent ce qu'ils ont enten<strong>du</strong> dire. Moif<br />

je l'ai lue, et même avec p<strong>la</strong>isir, car elle m'a fort<br />

heureuse sans conso<strong>la</strong>tion et sans remè<strong>de</strong> ; en sorte diverti; et je puis affirmer en sûreté <strong>de</strong> conscience<br />

qu'il n'y a personne qui, dans le fond <strong>de</strong> son âme, que le p<strong>la</strong>n est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même force que les vers. J'ai<br />

ne préférât le sort d'Hippolyte au sien, et d'autant cru qu'il n'y auniit pas d'inconvénient à en dire un<br />

plus que l'un paraît toujours calme, et l'autre tou­ mot : c'est une espèce d'intermè<strong>de</strong> assez gai à p<strong>la</strong>cer<br />

jours tourmentée. C'est un tableau <strong>de</strong>s malheurs au milieu <strong>de</strong>s tragédies <strong>de</strong> Racine. Ions avons assez<br />

<strong>du</strong> crime et <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu 9 et le peintre a mis<br />

au bas : Choisissez.<br />

admiré ; il nous est bien permis <strong>de</strong> rire un moment;<br />

et, comme dit Horace , Tout en rjant, rim m'em­<br />

àwwmmm A Là sacriaa TU. — Phèdre <strong>de</strong>'Pradon. pêche <strong>de</strong> dire <strong>la</strong> vérité*.<br />

Depuis dii ans les immortelles tragédies <strong>de</strong> Ra­ Mais auparavant , je crois <strong>de</strong>voir répondre sérieucine<br />

se succédaient presque d'année en année. Il en sement à <strong>de</strong>s personnes très-éc<strong>la</strong>irées 9 qui ont para<br />

passa douze dans une entière inaction <strong>de</strong>pufe l'épo­ ne pas approuver que quelquefois je réfutasse, en<br />

que <strong>de</strong> Pkêdre : on sait que ce fat celle <strong>de</strong> l'injustice. passant, <strong>de</strong>s opinions qui ne leur semb<strong>la</strong>ient pas<br />

On répète sans cesse aux tournes qu'il faut avoir le mériter d'être combattues : sut quoi je prendrai <strong>la</strong><br />

courage <strong>de</strong> <strong>la</strong> mépriser : cet avis est fort bon, mais liberté <strong>de</strong> leur faire quelques observations. D'abord,<br />

ce courage est fort difficile. Racine était sensible; il dans les matières <strong>de</strong> goût, il y a tant <strong>de</strong> diverses<br />

avait cette Juste lerté <strong>de</strong> l'homme supérieur, qui ne choses à considérer, qu'il n'est point <strong>du</strong> tout éton­<br />

peut supporter une concurrence indigne : le déchaînant que sur plusieurs points il y ait diversité d'ànement<br />

<strong>de</strong> ses ennemis et le triomphe <strong>de</strong> Pradon vls , même parmi les gens d'esprit. Ce principe est<br />

blessèrent son âme. La mienne répugne à retracer général, et prouvé par <strong>de</strong>s exemples sans nombre.<br />

les basses manœuvres que <strong>la</strong> haine employa contre De plus, cette diversité d'opinions doit augmenter<br />

lui : ce tableau est odieui et dégoûtant, et d'ailleurs<br />

les faits sont trop connus. 11 suffit <strong>de</strong> nous rappeler Qwêdmmê<br />

MMmtem êfctm wtrum

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