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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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que l'emploi <strong>de</strong>s mêmes couleurs ne nécessite <strong>la</strong><br />

ressemb<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s tablerai. Le mon<strong>de</strong> entier est ouvert<br />

à <strong>la</strong> tragédie, et l'on n'a pas encore été partout.<br />

Je crois cette observation d'autant mieux p<strong>la</strong>cée,<br />

que sans doute vous pensez comme moi, messieurs,<br />

qu'après nous être occupés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hommes tels<br />

que Corneille et Racine, il faut que l'ému<strong>la</strong>tion<br />

relève te talent prosterné, et que l'admiration ne<br />

pro<strong>du</strong>ise pas le désespoir.<br />

Il me reste à comparer le style <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ui ftmeux<br />

concurrents , aussi différents dans cette partie que<br />

dans toutes les autres. D'abord, pour ce qui est <strong>du</strong><br />

caractère général <strong>de</strong> <strong>la</strong> diction, il est asseï reçu<br />

d'attribuer à fun <strong>la</strong> force, à rentra l'élégance; et<br />

ce partage en total est fondé. J'ai toujours cru que,<br />

le style n'étant que l'expression <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s sentiments,<br />

<strong>la</strong> manière d'écrire était nécessairement<br />

conforme à celle <strong>de</strong> penser et <strong>de</strong> sentir. La pensée<br />

est ce qu'il*y avait <strong>de</strong> plus fort dans Corneille : elle<br />

domine chez lui, et même trop. Presque tout ce<br />

qu'il conçoit s'arrange en raisonnements, en préceptes,<br />

en maximes; et il arrive que cette qualité <strong>de</strong><br />

son esprit, qui, considérée en elle-même, lui mérite<br />

<strong>de</strong>s éloges, est souvent en contradiction avec<br />

l'esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie, qui eiige que presque tout<br />

soit exprimé en sentiment. Cependant il faut se<br />

souvenir qu'ayant plus <strong>de</strong> grands caractères que <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s passions, souvent le genre <strong>de</strong> son style se<br />

.rapproche assez naturellement <strong>du</strong> genre <strong>de</strong> ses pièces.<br />

Alors quand il pense juste, quand ses sentiments<br />

sont vrais, son expression a toute l'énergie possible.<br />

Mais d'un autre c té, n'étant pas né avec ce godt sûr<br />

;ejiiî donne à tout une mesure exacts, il pousse le<br />

raisonnement jusqu'à l'argumentation sophistique,<br />

<strong>la</strong> pensée jusqu'à <strong>la</strong> recherche et l'affectation, <strong>la</strong><br />

'gran<strong>de</strong>ur jusqu'à l'emphase ; et ces défauts ne sont<br />

jamais plus sensibles que dans les scènes où le cœur<br />

<strong>de</strong>vrait parler. Je n'en citerai qu'un seul exemple,<br />

que je prends dans <strong>la</strong> scène entre Rodrigue e| Chimène,<br />

où l'amant veut prouver à sa maîtresse qu'elle<br />

-doit venger son père <strong>de</strong> sa propre main, et ne pas<br />

confier cette vengeance à un autre. Le fond <strong>du</strong> sentiment<br />

est vrai, et dans <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> Rodrigue,<br />

fia douleur et l'amour persua<strong>de</strong>nt à l'imagination<br />

passionnée qu'il est doui <strong>de</strong> mourir <strong>de</strong> <strong>la</strong> main qu'on<br />

aime. Mais vouloir ré<strong>du</strong>ire en démonstration ce désir<br />

exalté qui peut échapper au désespoir, c'est passer<br />

les bornes <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. On ne <strong>la</strong> reconnaît plus<br />

lorsque Rodrigue dit :<br />

De quoi qu'en ma faveur nota amour ftetftieai*,<br />

Ta générosité doit répondre à lu mienne ;<br />

El, pour ¥eoger ton père, empraater d'autres braa,<br />

Ma Chtmèae, crois-moi, c'est n'y répondre pas.<br />

Ha main tente <strong>de</strong> mien a m ireeger l'offense- :<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

Ta main M@Ie <strong>du</strong> lien doit prendra <strong>la</strong> fesgMnee.<br />

On sent qu'il n'y a plus <strong>de</strong> vérité, et que Rodrigue<br />

ne peut pas persua<strong>de</strong>r sérieusement à Chiraèae<br />

qu'il y aurait <strong>de</strong> <strong>la</strong> génà-osiêé à le tuer <strong>de</strong> sa propre<br />

main. La réponse n'est pas plus naturelle.<br />

Cruel, à quel propos MIT «'point f obstiner?<br />

Tu f es vengé sans ai<strong>de</strong>, et ta m'es feu dotraet f<br />

le snrtrat ton exemple, el fat trop <strong>de</strong> oonrap<br />

Pour miiffrJf qu'avec toi ma glotte se pvtap.<br />

La douleur et l'amour ne font pas <strong>de</strong> distinctions<br />

si a<strong>la</strong>rabiquées : c'est que Corneille n'imitait guère<br />

le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> l'amour qu'à force d'esprit. Mais lorsque<br />

f dans cette même pièce, il fait parler D. Biègtief<br />

c'est alors que son expression est puisée dans<br />

son âme, et qu'il a le style <strong>de</strong> son génie. Le vieil<strong>la</strong>rd<br />

a couru toute <strong>la</strong> fille pour trouver son Ils , son vengeur.<br />

Il l'aperçoit, il se jette dans ses bras :<br />

todrip», ente le <strong>de</strong>J permet que Je le volt?<br />

B0DB1GVB.<br />

EéSatl<br />

B. eiÉcea*<br />

Ne mêle point <strong>de</strong> soupirs à ma Joie.<br />

Laisse-moi prendre haleine, afls <strong>de</strong> te louer.<br />

Ma valeur s'a point lien <strong>de</strong> te désavouer :<br />

Tu Tas Mes Imitée ? et ira illustre audace<br />

Fait bien revl? re es toi îes héros <strong>de</strong> ma race.<br />

Cest d'eux

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