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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

Ces trois p<strong>la</strong>ces talent mieux que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong><br />

celles <strong>de</strong> plusieurs poêles qui ont songer?é jusqu'à<br />

nos jours <strong>la</strong> réputation d'écrivains agréables, tels<br />

que <strong>la</strong> Faref Chariots! , Laines, Ferrand, Pavillon,<br />

Régnier-Besmarests, et quelques autres, distingués<br />

comme eux en différents genres <strong>de</strong> poésie légère,<br />

et dont pourtant il ne reste dans <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong>s<br />

connaisseurs qu'un très-petit nombre <strong>de</strong> morceaux<br />

choisis. Les madrigaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sablière sont d'une<br />

ga<strong>la</strong>nterie aimable, et ont mène quelquefois l'expression<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité. Mais Gbaulieu a passé <strong>de</strong><br />

bien loin tous ces écrivains ; il est le seul qui ait<br />

cesser?ê un rang dans on genre où tous ceux qui<br />

s'y étaient exercéscomme lui sont <strong>de</strong>puis longtemps<br />

confon<strong>du</strong>s pêle-mêle, et comme entièrement éclipsés<br />

par <strong>la</strong> prodigieuse supériorité <strong>de</strong> Voltaire, qui, <strong>de</strong><br />

Ta?eu même <strong>de</strong> l'envie, ne permet aucune comparaison.<br />

Ghaulleu <strong>du</strong> moins, malgré <strong>la</strong> distance où<br />

il est resté, est encore et sera toujours lu. Ce n'est<br />

pas un écrifsia <strong>du</strong> premier ordre, et ce même Voltaire<br />

fa très-bien apprécié dans le Tempk <strong>du</strong> GoM,<br />

en l'appe<strong>la</strong>nt le premier <strong>de</strong>s poètes négligés. Mais<br />

c'est un génie original, un <strong>de</strong> ces hommes favorisés<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, et qu'elle avait réunis en foule pour<br />

<strong>la</strong> gloire <strong>du</strong> siècle <strong>de</strong> Louis XIV. 1 était né poète,<br />

et. sa poésie a un caractère marqué : c'était un mé<strong>la</strong>nge<br />

heureux d'une philosophie douée et paisible,<br />

et d'une imagination riante. Il écrit <strong>de</strong> verve, et<br />

tous ses écrits sont <strong>de</strong>s épanchements <strong>de</strong> son âme.<br />

On y voit les négligences d'un esprit paresseux,<br />

mais en même temps le bon goût d'un esprit délicat,<br />

qui ne tombe jamais dans cette affectation,<br />

premier attribut <strong>de</strong>s siècles <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nce. H a <strong>de</strong><br />

l'harmonie, et ses vers entrent doucement dans l'oreille<br />

et dans le cœur. Quel charme dans les stances<br />

74?<br />

peuvent dédommager d'Ut long verbiage on d'un<br />

jargon pré<strong>de</strong>ux et maniéré I<br />

Voltaire a dit avec raison qu'il n'y avait point <strong>de</strong><br />

peuple qui eût un aussi grand nombre <strong>de</strong> jolie*<br />

chansons cpt le peuple français; et ce<strong>la</strong> doit être,<br />

s'il est irai qu'il n f y en a pas <strong>de</strong> plus gai. Cette<br />

gaieté a été surtout satirique ou ga<strong>la</strong>nte, Quant à<br />

<strong>la</strong> satire, les couplets qu'elle a dictés sont partout :<br />

on les trouvera particulièrement dans un recueil en<br />

quatre volumes, publié <strong>de</strong> nos jours, où Ton a imaginé<br />

<strong>de</strong> rappler et <strong>de</strong> caractériser les événements<br />

et les personnages <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier siècle par les chansons<br />

dont ils ont été le sujet. Cette idée est prise<br />

dans le caractère français ; on a*sursit pas imaginé<br />

chez les Romains, ni même chez les Athéniens,<br />

aussi légers que les Romains étaient sérieux, <strong>de</strong><br />

trouver leur histoire dans leurs chansons. Celles<br />

d'Horace et d ? Anacréon n 9 ont pour objet que leurs<br />

p<strong>la</strong>isirs et leurs amours; et les guerres civiles et<br />

les proscriptions n f ont point été chez les anciens<br />

<strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> vau<strong>de</strong>ville. Salvien, il est vrai, a dit<br />

<strong>de</strong>s Germains, qu'ils conso<strong>la</strong>ient leurs infortunes<br />

par <strong>de</strong>s chansons f ; mais il ne fait entendre in aucune<br />

manière que ces chansons fussent <strong>de</strong>s épigrammes;<br />

et <strong>la</strong> gravité, <strong>de</strong> tout temps natif relie<br />

aux Germains, ne permet pas <strong>de</strong> le supposer. Chez<br />

nous, <strong>la</strong> Ligue et <strong>la</strong> Fron<strong>de</strong> irent éclore im miliers<br />

<strong>de</strong> satires en chansons % et <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> celles<br />

qui nous restent <strong>de</strong> cette folle guerre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fron<strong>de</strong><br />

sont pleines d'un sel qu'on appellerait le sel français,<br />

si nous étions <strong>de</strong>s anciens; car notre vau<strong>de</strong>ville<br />

est vraiment national, et d'une tournure êjtfca<br />

ne retrouverait pas ailleurs. Le refrain le plus commun,<br />

le dicton le plus trivial a souvent fourni les<br />

traits les plus heureux. Ceux <strong>de</strong>s chansons <strong>du</strong> temps<br />

sur <strong>la</strong> Soiiêwk <strong>de</strong> Fomtemay, sur <strong>la</strong> Retmite, sur <strong>de</strong> Louis XIV ont plus <strong>de</strong> inesse et <strong>de</strong> grâce que<br />

se GmMel Son o<strong>de</strong> sur ilm&mstanœ est <strong>la</strong> chanson ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fron<strong>de</strong>, et le sel en est moins acre. Mais<br />

<strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaieté. Il a même <strong>de</strong>s morceaux quoi <strong>de</strong> plus gai, par exemple, que ce couplet con­<br />

d'une poésie riche et bril<strong>la</strong>nte. Mais ce qui domine tre Yilleroii sur le refrain si connu, Fmdâme,<br />

surtout dans ses écrits, c'est <strong>la</strong> morale épicurienne Fendômef<br />

et le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> volupté. Les p<strong>la</strong>isirs dont il jouit<br />

•m«rot,<br />

ou qu'il regrette sont presque toujours le sujet <strong>de</strong><br />

VUteroi,<br />

ses ?ers. 11 a très-bonne grâce à nous en parler, 4 fort btes §er?t te roi-.<br />

GmErnsm, GsUtniM<br />

parce qu'il les sent; mais malheur à qui n'en parle<br />

que pour paraître en avoir 1 Ses madrigaux sont T a-t-il une rencontre plus heureuse, et une chute<br />

pleins <strong>de</strong> grâce. 11 tourne fort bien l'épigramme. plus inatten<strong>du</strong>e et plus p<strong>la</strong>isante? Et cet autre sur<br />

Et, si l'on peut retrancher sans regret quelques* le même général 9 fait prisonnier dans Crémone :<br />

unes <strong>de</strong> ses poésies, qui n'aimerait mieux a?oir<br />

NsaaiMeii t <strong>la</strong> wmmWê «t Beeae 9<br />

fait une douzaine <strong>de</strong> ces pièces pleines <strong>de</strong> sentiment Et notre bonheur sâas épi :<br />

et <strong>de</strong> philosophie que <strong>de</strong>s ?olumes entiers <strong>de</strong> ces Mous aie» feœiiTîé Oénant »<br />

poésies, aujourd'hui si communes, dont les auteurs Et perds ootre générai<br />

. semblent trop' persuadés que quelques jolis vers<br />

1 C&nêilmmi^MfmnmtmMi&Mim*

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