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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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luttions eu grand Corneille, où il n'est gFani|que<br />

dais un seul endroit : je veux dire OikmM est<br />

question <strong>de</strong> trois ministres pervers qui se disputaient<br />

les dépouilles <strong>de</strong> l'empire romain sous le règne<br />

passager <strong>du</strong> vieux Galba.<br />

Os les voyait tous trois s'empresser sous un mtitra<br />

Qui , chargé d'un long âge, m peu <strong>de</strong> temps à F être ;<br />

Et tous trois à fenvl l'empresser ar<strong>de</strong>mment<br />

4 qui déroferalt ce règne d'un moment<br />

Dévorer un règne ! quelle effrayante énergie d*expressioii!<br />

et cependant elle est c<strong>la</strong>ire, juste, et naturelle<br />

: c'est le sublime.<br />

Longin ne prend guère ses exemples que dans<br />

les meilleurs écrivains, dans Homère, dans Sophocle<br />

, dans Euripi<strong>de</strong>, dans Déraosthèoes, parce qu'il<br />

cherche <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> style. S'il eût voulu ne citer<br />

que ces traits sublimes qui se présentent quelquefois,<br />

même dans les auteurs <strong>du</strong> second rang, il en<br />

eût trouvé plus d'un dans les tragédies <strong>de</strong> Sénèque;<br />

par exemple, ce vers <strong>de</strong> son Tkgesêe, fers tra<strong>du</strong>it<br />

littéralement par Crébiilos. Atrée, au moment où<br />

Thyeste tient <strong>la</strong> coupe remplie <strong>du</strong> sang <strong>de</strong> son ils,<br />

lui dit a?ec une joie féroce :<br />

ifioMlMts-ta m sang?<br />

le reconnais mon frète,<br />

répond ce père infortuné ; et il ne peut rien dire <strong>de</strong><br />

plus fort» Bans ses autres ouvrages 9 ce même Sénèque,<br />

si rempli d'esprit et <strong>de</strong> mauvais goût, et qu'il<br />

est si juste d'admirer quelquefois et si difficile <strong>de</strong><br />

lire <strong>de</strong> suite, n'a-t-il pas <strong>de</strong> temps en temps <strong>de</strong>s traits<br />

frappants, et plujfré^einmentqtteCieéron? Celui-ci<br />

a <strong>de</strong>s morceaux sublimes, c'est-à-dire , d'une élévation<br />

et d'une force soutenues : Sénèque a <strong>de</strong>s traits<br />

<strong>de</strong> ce sublime qui brille comme l'éc<strong>la</strong>ir. Et je préfère<br />

<strong>de</strong> beaucoup, quoi qu'on en ait voulu dire, Cicéron<br />

à Sénèque, parce que l'éc<strong>la</strong>ir le plus bril<strong>la</strong>nt me<br />

p<strong>la</strong>tt beaucoup moins qu'ue beau jour, et parce que<br />

j'aime les p<strong>la</strong>isirs qui <strong>du</strong>rent.<br />

Me cherchons donc point à sopmettre à aucun<br />

art, à aucune recberclie, ce qui ne peut être qu'une<br />

rencontre heureuse et, pour ainsi dire, une bonne<br />

fortune <strong>du</strong> génie, <strong>la</strong>quelle même arrive quelquefois<br />

à d'autres qu'à lui. Cependant plusieurs écrivains<br />

ont cherché à le déinir. Je vais rassembler plusieurs<br />

<strong>de</strong> ces déinitions : on jugera.<br />

Voici d'abord celle <strong>de</strong> Bespréaux, dans ses iélexkms<br />

sur Longio ; car il était juste que dans son<br />

sjstème il cherchât à suppléer Longin, qui n'a point<br />

défiai, atten<strong>du</strong> que, vou<strong>la</strong>nt parler <strong>du</strong> style sublime,<br />

<strong>de</strong> ce qu'il y a, comme il vient <strong>de</strong> nous le dire, <strong>de</strong><br />

plus élevé, <strong>de</strong> plus grand dans le dis<strong>cours</strong>, "il trouvait<br />

inutile <strong>de</strong> répéter ce que tous les rhéteurs<br />

âialeiif dit avant lui.<br />

« Le sublime est «ne certaine force <strong>du</strong> dis<strong>cours</strong> propre<br />

ANCIENS. — FOÉSHL<br />

à élever et à ravir Famé, et qui provint, on <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée, on <strong>de</strong> <strong>la</strong> magnificence <strong>de</strong>s paroles , ou (<strong>la</strong><br />

tour harmonieux, vif et animé <strong>de</strong> l'expression, c'est-à-dire<br />

. d'une <strong>de</strong> ces choses regardées séparément, ©a, ce qui fait<br />

le parfait sublime, <strong>de</strong> ces trois choses jointes ensemble, s<br />

Cette définition , quoique assez longue pour s'appeler<br />

une <strong>de</strong>scription, ne m'en parait pas meilleure.<br />

Je ne saurais me représenter le sublime comme mm<br />

certaine faree en dheowrs, ni comme tut tour harmonieux,<br />

vif et animé. Il y a tant <strong>de</strong> choses où<br />

tout ce<strong>la</strong> se trouve, sans qu'on y trouve le sublime !<br />

Ce que je vois <strong>de</strong> plus c<strong>la</strong>ir ici, c'est <strong>la</strong> distinction<br />

<strong>de</strong>s trois genres <strong>de</strong> sublime, empruntée <strong>de</strong>s trois<br />

premiers articles <strong>de</strong> <strong>la</strong> division <strong>de</strong> Longin, celui <strong>de</strong><br />

pensée, celui <strong>de</strong> sentiment ou <strong>de</strong> passion, celui <strong>de</strong>s<br />

igures ou images : mais une division n'est pas une<br />

définition.<br />

En voici une autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mothe, dans son Dis<strong>cours</strong><br />

sur l'O<strong>de</strong> :<br />

« Le sublime n'est autre chose que le vrai et le nouveau<br />

réunis dans une gran<strong>de</strong> idée , exprimée a?ec élégance et<br />

précision. »<br />

Ce qui convient à tout ne distingue rien. Le vrai<br />

doit se trouver partout; le nouveau peut très-souvent<br />

n'être point sublime, et l'élégance n'entre point<br />

nécessairement dans ridée <strong>du</strong> sublime. Le moi <strong>de</strong><br />

Médée et le qu'il mourût <strong>du</strong> vieil Horace s'ont rien<br />

d'élégant, non plus que ce trait <strong>de</strong> <strong>la</strong> Genèse, cité<br />

par Longin à propos <strong>du</strong> sublime <strong>de</strong> passée : Dieu<br />

dit, Que <strong>la</strong> kmiêre ioH, et <strong>la</strong> lumière fia. Huet a<br />

fait une longue dissertation pour prouver que ces<br />

paroles n'étaient point sublimes ; mais comme il est<br />

impossible <strong>de</strong> donner une plus gran<strong>de</strong> idée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

puissance créatrice, il faut queHuet nous permette<br />

d'être <strong>de</strong> l'avis <strong>de</strong> Longin.<br />

Troisième définition ou <strong>de</strong>scription : celle-ci est<br />

<strong>de</strong> Silvain ,-qui a fait un Traité ém SiéUrne, adressé<br />

au tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Longin, et dans lequel il y a beaucoup<br />

plus <strong>de</strong> mots que d'idées.<br />

« Le sublime est an dis<strong>cours</strong> d'en tour extraordinaire.<br />

»<br />

( On serait tenté <strong>de</strong> s'arrêter là ; car, <strong>de</strong> tout ce que<br />

nous avons cité jusqu'ici <strong>de</strong> sublime, il n'y a rien<br />

qui soit d'un tour extraordinaire, et qui ne soit<br />

même d'un tour extrêmement simple, si ce n'est<br />

l'expression <strong>de</strong> dévorer un règne : mais poursuivons<br />

: )<br />

« qui, par les plus nobles images et les plus grands sentiments<br />

f dont il <strong>la</strong>it sentir toute <strong>la</strong> noblesse par ce tour<br />

même d'expression, élève l'âme au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ses idées ordinaires<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, et qui, ta partant tout à coup à ce<br />

qu'il y a <strong>de</strong> plus élevé dans <strong>la</strong> nature y <strong>la</strong> ravit et iui donna<br />

une haute idée d'elle-même. »<br />

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