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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS, - POÉSIE. les<br />

sa Pkormh, n'en élève pas moins un cri continuel<br />

continuelle, et l'on ne peut nous-faîre croire ,lii que<br />

et terrible contre <strong>la</strong> tyrannie* C'est lui qui ré-<br />

l'homme sage doive être toujours en colère, ni que <strong>la</strong><br />

dame bien fortement contre k p&moir usurpé,<br />

etièra ait toujours raison. Qu'est-ce qu'un écrivain<br />

qui s'indigne que les Romains portent en joug que<br />

qui ne sort pas <strong>de</strong> fureur, qui ne voit dans <strong>la</strong> natut»<br />

Ka lâcheté <strong>de</strong> leurs ancêtres a forgé , qui répète sans<br />

que <strong>de</strong>s monstres, qui ne peint que <strong>de</strong>s objets niÉsni\<br />

ces» le mot <strong>de</strong> liberté; qui crie ami armes contre<br />

qui s'appesantit avec comp<strong>la</strong>isance sur les peintures<br />

les tyrans , qui implore <strong>la</strong> guerre civile f comme pré­<br />

les plus dégoûtantes, qui m'épouvante toujour» et ne<br />

férable cent fois à <strong>la</strong> servitu<strong>de</strong>. Voilà parler en ré­<br />

me console jamais, qui ne me permet pas <strong>de</strong> me repopublicain;<br />

en Romain. Aussi Laçais fut conséquent :<br />

ser un moment sur un sentiment doux f Joignez à ce<br />

sa con<strong>du</strong>ite et sa <strong>de</strong>stinée furent telles qu'on <strong>de</strong>vait<br />

défaut capital <strong>la</strong> <strong>du</strong>reté pénible <strong>de</strong> sa diction, son<br />

Pattendre d'un homme qui écrit <strong>de</strong> ce style sous<br />

<strong>la</strong>ngage étrange, ses métaphores accumulées et<br />

Néron. U conspira contre lui avec Pison, et luit, à<br />

bizarres, ses vers gonflés d'épithètes scientifiques,<br />

vingt-sept ans, par 's'ouvrir les veines. Je ne re­<br />

hérissés <strong>de</strong> mots grecs. Et lorsque tant <strong>de</strong> causes se<br />

proche point à Juvénal cf avoir eu moins <strong>de</strong> courage ,<br />

réunissent pour en rendre <strong>la</strong> lecture si difficile,<br />

et d'être mort dans son lit; mais je ne lui donnerai<br />

faut-il donc chercher dans <strong>la</strong> corruption humaine et<br />

pas non plus <strong>de</strong>s louanges qu'il ne mérite point, -le<br />

dans <strong>la</strong> dépravation <strong>de</strong> entra siècle les motifs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ne trouve étiez lui qu'un seul endroit qui exprime<br />

préférence que l'on donne à un poète tel qu'Horace,<br />

quelque^ regret pour <strong>la</strong> liberté : c'est dans sa pre­<br />

dont <strong>la</strong> lecture est si agréable ? Est-il bien sir que<br />

mière satire, lorsqu'il se fait dire :<br />

Juvénal soit parmi nous si formidable pour <strong>la</strong> con­<br />

« As-tu en génie épi à ta matière? Es-tu, comme tes science <strong>de</strong>s méchants? Les mœurs qu'il attaque sont<br />

êmmumn, prêta tout écrire avee cette française animée en gran<strong>de</strong> partie si différentes <strong>de</strong>s nôtres; il peint<br />

dont je n'ose dire Se mm? •<br />

le plus souvent <strong>de</strong>s excès si monstrueux, et qui, par<br />

Ce nom, qu'il n'ose prononcer, est évi<strong>de</strong>mment celui notre constitution sociale, nous sont si étrangers \<br />

<strong>de</strong> liberté. Mais ce regret, comme on voit, est en­ qu'un homme très-vicieux parmi nous pourrait, en<br />

veloppé et timi<strong>de</strong>, il semble même ne porter que sur lisant Juvénal ? se croire un fort honnête homme.<br />

<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong>s écrits; enfin, c'est le seul <strong>de</strong> cette es­ West-il donc pas plus simple <strong>de</strong> penser que, s'il est<br />

pèce qu'où remarque chez lui. Cette satire fut écrite, pu lu, c'est qu'il a peu d'attraits pour le lecteur;<br />

comme presque toutes les autres, sous Trajan; c'est qu'i<strong>la</strong>peint beaucoup moins les travers, lesfai-<br />

plusieurs le furent sous Adrien; une seule fut comblesses, les défauts et les vices communs à l'humaposée<br />

sous Bomitien, celle oà il eut le malheur <strong>de</strong> nité en général, qu'un genre <strong>de</strong> perversité particu­<br />

le louer. La date <strong>de</strong> ses écrits peut donc infkmer à lier à un peuple parvenu au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>gré d'avilisse­<br />

sa certain point ce que dit son tra<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong>s temps ment, <strong>de</strong> crapule et <strong>de</strong> dépravation 9 dans un climat<br />

ou i écrirait pour justifier f «ces d'amertume et corrupteur, sous un gouvernement détestable, et<br />

d'emportement, qui est le même dans toutes ses avec <strong>la</strong> dangereuse facilité d'abuser en tous sens <strong>de</strong><br />

«tires» Quoi! Juvénal, après avoir vécu sous Ba- tout ce que mettaient à sa discrétion les trois paraaitïta,<br />

a vu tout le règne <strong>de</strong> Trajan, l'un <strong>de</strong>s plus ties <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> connu? U faut m souvenir que les<br />

beaux que l'histoire ait tracés ; il a vu tour à tour <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> corruption tiennent non-seulement à l'im­<br />

régner un monstre et un grand homme, et ce conmoralité, mais aux moyens: si nous ne sommes ni<br />

traste si frappant, ce contraste que Tacite nous a s| ne pouvons être aussi dépravés que les Romains,<br />

bien fait sentir Y Juvénal ne Fa pas senti 1 C'est après c'est que nous ne sommes pas les maîtres <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Domitien et sous Trajan qu'il n'a que <strong>de</strong>s satires à Toutes ces considérations nous autorisent à ne<br />

faire, qu'il ne trouve pas une vertu à louer, pas un mot point admettre <strong>la</strong> conclusion par <strong>la</strong>quelle M. Bu-<br />

aféiage pour le modèle <strong>de</strong>s princes, lui qui avait saaJï termine son parallèle : .que si Juvénal a peu<br />

loué Bomitien ! Il ne profite pas <strong>de</strong> cette réunion <strong>de</strong> <strong>de</strong> partisans, c'est qu'il professe <strong>la</strong> vertu sans al*<br />

circonstances, si heureuse pour un écrivain sensible,<br />

qui sait combien les tableaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu font<br />

Mage eê dam toute sa pureté 9 et que ks ambUmm<br />

et les hommes sensuels ont intérêt à M préférer<br />

rasortir ceui <strong>du</strong> vice; combien ces peintures con­ na po&ê im<strong>du</strong>lgeni, qui embeUU ks objets <strong>de</strong> terri<br />

trastées se prêtent l'une à l'autre <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> goûts, excuse leurs caprtem et autorise kursfaipouvoir;<br />

combien ces différentes nuances donnent Messes par son exempk. Il y a ici une espèce <strong>de</strong> so­<br />

«i style d'intérêt, <strong>de</strong> charme et <strong>de</strong> variété I Et c'est phisme que j'ai déjà indiqué, et qui pourrait sans<br />

là, pour conclure, un <strong>de</strong>s vices essentiels <strong>de</strong> ses doute, contre l'intention <strong>de</strong> fauteur, faire prendre<br />

«triages : une monotonie qui fatigue et qui ré­ lechangêà<strong>de</strong>s lecteurs inattentift. M. Dusaulx peint<br />

volte. La satire même ne doit pas être une iivectice • Stcl était écrit en 1787.

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