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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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seul fui ait été en titre pur son auteur, et qui lui<br />

ait donné us rang parmi les savants. Ces titres oui<br />

été lus et recherchés comme hardis et prohibés;<br />

nullement comme bons; et aucun d'eus-ne porte le<br />

nom d'aucun <strong>de</strong>s hommes céièbces dans les sciences,<br />

d'un grand géomètre, d'un grand physicien, d'un<br />

grand astronome, d'un grand chimiste, etc. Pour ce<br />

qui est <strong>de</strong> Sénèque, il ne fût rien <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong>, ni rien<br />

même qui en approchât <strong>de</strong> loin. 11 n'a guère écrit<br />

ANCIENS. — PHILOSOPHE. 883<br />

est i§fm; toute l'argumentation <strong>de</strong> Sénèque sur<br />

les vertus qui sont corporelles est à lui, et c'est un<br />

chef-d'œuvre <strong>de</strong> déraison. Quel philosophe, surtout<br />

<strong>de</strong>puis qu'Aristote avait écrit, pouvait se méprendre<br />

au point <strong>de</strong> prendre ks wrtm pour <strong>de</strong>s substances<br />

corporelles ou incorporelles? Elles ne sont pas<br />

plus l'un que Feutre ; il y avait quatre cents ara<br />

qu'Aristote avait distingué tes substances et tes mu-<br />

d^ficatùms, tes sujets et les attributs; et quoiqu'il<br />

que sur <strong>la</strong> morale, si Ton excepte ses Questions na­ eût admis les quaJMés, les abstradfam, au moins .<br />

turels, dont il sera bientôt fait mention ; et comme dans le raisonnement, comme êtres rationnels, ja­<br />

les premières bases <strong>de</strong> Sa morale touchent à <strong>la</strong> mémais il ne les avait confon<strong>du</strong>es avec les êtres réels.<br />

taphysique et à <strong>la</strong> logique, c'est sous ces <strong>de</strong>ux rap­ Qu'est-ce donc qu<br />

ports qu'il convenait <strong>de</strong> l'envisager d'abord, au<br />

moins dans le peu qu'il en dit, car elles çeeupeat<br />

chez lui peu d'espace; et, comme vous venez <strong>de</strong> le<br />

voir, il serait à souhaiter qu'elles en tinssent encore<br />

moins.<br />

- Je comprends parfaitement Socrate, P<strong>la</strong>ton et<br />

Cieéron s quand ils me disent que l'âme humaine,<br />

émanée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Divinité, et faite pour s'y réunir, doit<br />

regar<strong>de</strong>r comme son seul bien, comme sa fin, <strong>la</strong><br />

vérité et <strong>la</strong> vertu f dont le principe et le modèle sont<br />

dans ce même Dieu, et dont les notions premières<br />

sont dans notre intelligence. Je vois là nneconneiïon<br />

d'idées, un motif et un <strong>de</strong>ssein. Mais quand Sénèque,<br />

en me disant que l'âme est corps, et que ks<br />

mrtus sont corps, et que h souverain bien est corps,<br />

amasse ensuite volume sur volume pour me redire<br />

<strong>de</strong> mille manières f ail ne faut faire cas que <strong>de</strong> l'Aonnête,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu, <strong>du</strong> souverain bien, et avoir le<br />

plus grand mépris pour le corps, le compter pour<br />

rien, ne pas même s'embarrasser s'il aura <strong>du</strong> pain<br />

et <strong>de</strong> Feau, gui ne sont pas plus nécessaires qu maire<br />

chose (ce sont ces termes), f avoue qu'il m'est<br />

impossible <strong>de</strong> soupçonner comment je dois faire si<br />

peu <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> mon corps, et en faire tant <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu,<br />

qui est corps aussi. L'honnête, <strong>la</strong> vertu, le some~<br />

rain bien, <strong>la</strong> matière, le corps, ks sens, tout <strong>de</strong>vient<br />

dès lors égal : tout est sujet également à <strong>la</strong><br />

dissolution <strong>de</strong>s parties, et par conséquent à <strong>la</strong> mort;<br />

car apparemment Sénèque n'ignorait pas ce qui a<br />

été reçu partout, même chez les anciens» que tout<br />

ce qui est corporel est corruptible et mortel. Pourquoi<br />

donc m'occuperais-je plus <strong>de</strong> mon âme que <strong>de</strong><br />

mon corps, quand tous les <strong>de</strong>ux sont <strong>la</strong> même chose ?<br />

, Et qu'est-ce alors que f honnête et <strong>la</strong> vertu, qu'assurément<br />

mon corps ne connaît ni ne conçoit, tandis<br />

qu'au contraire il connaît fort bien <strong>la</strong> sensation<br />

<strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir et <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur?<br />

- Mais passons encore que ce chaos d'inconséquences<br />

vienne <strong>du</strong> Portique, où Ton disait en effet, avec<br />

Zenon, que famé était <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> feu, anima<br />

9 un raisonneur qui se fait <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

si Je feu est un corps, si <strong>la</strong> vertu est un corps, et<br />

qui répond oui? La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>la</strong> réponse sont également<br />

impertinentes, et dénotent un iicès d'ignorancequ'onne<br />

peut pas escuser daasSénèque, comme<br />

on excuse sa mauvaise physique, par le peu <strong>de</strong> progrès<br />

qu'avait fait <strong>la</strong> science. Four <strong>la</strong> physique, soit;<br />

mais l'homme qui a écrit les <strong>de</strong>ui pages précé<strong>de</strong>ntes<br />

était prodigieusement en arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> métaphysique<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> son temps. Le moindre écolier dit<br />

répon<strong>du</strong>, d'après les catégories d 9 Aristotê, quefc<br />

bien, <strong>la</strong> vertu, n'étaient pas plus <strong>de</strong>s substances<br />

quelconques, pas plus <strong>de</strong>s œrps dans notre âme,<br />

quand même notre orne serait corporelle, que <strong>la</strong><br />

btonekettr dans <strong>la</strong> neige et l'o<strong>de</strong>ur dans les roses<br />

ne sont <strong>de</strong>s carpe. L'écolier, par<strong>la</strong>nt le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong><br />

;ses cahiers, aurait distingué là ie concret et Tabs*<br />

'iraH; mais il aurait pu aussi se faire entendre <strong>de</strong><br />

tout le mon<strong>de</strong>, en disant que <strong>la</strong> vertu n'était autre<br />

choseque flirt vertueux, considéré par l'esprit sous<br />

If rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité nommée vertu; qu'il n f y<br />

avait point <strong>de</strong> substanee, corps ou êms^ qui se nommât<br />

mriif; qui se nommât l'honnête, qui se nommât<br />

te Mm, mmmê 11 n'y en a point qui se nomme Mmekmt<br />

et asfesr. 11 n'eût pas même failli re<strong>mont</strong>er<br />

pour ce<strong>la</strong> jusqu'au! livres d'Ariatote, t<strong>du</strong>te cette<br />

théorie-est à peu près dans ceux <strong>de</strong> Cieéron « Mais<br />

celle qui fait <strong>du</strong> courage tut mrps , parce que le courage<br />

pousse, 'comme si une métaphore était une<br />

expression propre, toute cette longue chaîne <strong>de</strong> sophismes<br />

puérils, où chaque ligne est un abus <strong>de</strong><br />

mots et une ignorance <strong>de</strong>s choses, appartient en<br />

propre à Sénèque, et je tfai rien vu <strong>de</strong> semb<strong>la</strong>ble<br />

dans les anciens.<br />

C'est pourtant <strong>de</strong> lui que l'éditeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grange<br />

et <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot nous dit *<br />

« Qu'il a Soi seul plus <strong>de</strong> connaissances, plus d'idées,<br />

plus <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur que P<strong>la</strong>ton et Cieéron réunis et analysés<br />

; qui & plus <strong>de</strong> nerf f plus <strong>de</strong> substance et <strong>de</strong> vérita*<br />

* Toitti.paftUae<strong>la</strong>pfeatfèNédltloii.

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