la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
«ne disposition très-prompte à rejeter tout ce qui<br />
fions paraît s'en éloigner. J ? a¥oue que <strong>la</strong> familledTOercale<br />
et <strong>de</strong> Thésée, les mmîmmê <strong>de</strong> Cadmus<br />
et <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong>s Géants, les jeux olympiques et l'expédition<br />
<strong>de</strong>s Argonautes, ne sous-touchent pas d'aussi<br />
près que les Grecs, et que <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>s qui ne contiennent<br />
guère que <strong>de</strong>s allusions à toutes ces fables 9 et<br />
qui roulent toutes sur le même sujet f ne sont pas<br />
très-piquantes pour nous. Mais il fmt mmwmk<br />
aussi cpe l'histoire <strong>de</strong>s Grecs <strong>de</strong>vait intéresser les<br />
Grecs ; que ces fables étaient en gran<strong>de</strong> partie leur<br />
histoire; qu'elles fondaient leur religion; que les<br />
jeux olympiques 9 isthmiena, néméens, étant <strong>de</strong>s<br />
actes religieux, <strong>de</strong>s fêtas solennelles en l'honneur<br />
<strong>de</strong>s dieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce'; le poète ne pouvait rien faire<br />
<strong>de</strong> plus agréable pur ees peuples que <strong>de</strong> mêler ensemble<br />
les noms <strong>de</strong>s dieux qui avaient fondé ees<br />
jeux, et ceux <strong>de</strong>s athlètes qui venaient d'y triompher.<br />
Il consacrait ainsi <strong>la</strong> louange <strong>de</strong>s vainqueurs en <strong>la</strong><br />
joignant à celle <strong>de</strong>s immortels, et il s'emparait avi<strong>de</strong>ment<br />
<strong>de</strong> ees fables si propres à exciter l'enthousiasme<br />
lyrique et à déployer les richesses <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie.<br />
On ne peut sierv en lisant Pindare dans le grée,<br />
qu'il ne soit prodigue <strong>de</strong> cette espèce <strong>de</strong> trésors t<br />
qui semblent naître en foule sous sa plume. 11 n'y a<br />
point <strong>de</strong> diction plus audaeieusement igùrée. Il<br />
franchît tontes les idées intermédiaires; et ses phrases<br />
sont une suite <strong>de</strong> tableaux dont il faut souvent<br />
suppléer <strong>la</strong> liaison. Toutes les formules ordinaires<br />
qui joignent ensemble les parties d'un dis<strong>cours</strong> ne<br />
se trouvent jamais dans ses chants : d'où l'on peut<br />
condor© que les Grecs, qui avaient une m gran<strong>de</strong><br />
admiration pour ce poète, étaient bien éloignés d'exiger<br />
<strong>de</strong> lui €ette marche méthodique que nous voulons<br />
trouver plus ou moins ressentie dans toute espèce<br />
d'ouvrages ; ce tissu plus ou moins caché qui<br />
ne doit jamais nous échapper, et que notre préten<strong>du</strong><br />
désordre iyriquen'a jamais rompu. Les Grecs, beaucoup<br />
plus sensibles que nous à <strong>la</strong> poésie <strong>de</strong> style,<br />
parce que leur <strong>la</strong>ngue était éléroentajrement plus<br />
poétique f <strong>de</strong>mandaient surtout au poète <strong>de</strong>s sons et<br />
<strong>de</strong>s images! et PKndaro leur prodiguait Tue et l'autre.<br />
Quoique les grâces particulières <strong>de</strong> <strong>la</strong> pfonondation<br />
grecque soient en partie per<strong>du</strong>es pour nous,<br />
il est impossible <strong>de</strong> n'être ps frappé <strong>de</strong> cet assemb<strong>la</strong>ge<br />
<strong>de</strong> syl<strong>la</strong>bes toujours sonores^ <strong>de</strong> cette harmonie<br />
toujours imitative, <strong>de</strong> ce rhythme imposant et majestueux<br />
qui semblefalt pour retentir dans l'Olympe.<br />
Quelque difficulté qu'il y ait à conserver dans notre<br />
versification une partie <strong>de</strong> ees avantages, le désir<br />
que j'ai <strong>de</strong> donner au moins quelque idée dé <strong>la</strong> marche<br />
<strong>de</strong> Pindare m'a engagé à essayer <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ire le<br />
«MBma3eeme&t <strong>de</strong> <strong>la</strong> première Pythique. Cette o<strong>de</strong><br />
fat compilée en Henné» d'Hiéron, roi <strong>de</strong> %n-<br />
ANCIENS. — POÉSIE. 14f.<br />
cuse, vainqueur à <strong>la</strong> <strong>cours</strong>e <strong>de</strong>sjrfiarl dans Jes jeux<br />
pythiens, c'est-à-dire, dont le mèhgr avait wm-*<br />
porté <strong>la</strong> victoire. Mais les Grecs étalent si pas*<br />
sionnés pour ees sortes <strong>de</strong> speétacles , quVra ne pouvait<br />
trop célébrer à leur gré celui qui Irait su se*<br />
proeurer le'cocher le plus habile et les ehevattf les<br />
plus légers. Voici le début <strong>de</strong> Pindare :<br />
• -,<br />
Boâx tiésof <strong>de</strong>s neuf Sœura, Instnftnent <strong>du</strong> génie f ^ **<br />
Lyre d'or qu'Apollon* anime sons ses doigts t<br />
Mère 4m p<strong>la</strong>isirs pus 9 niera <strong>de</strong> l'harmonie p ' *<br />
hjm, muUmm ma voli.<br />
Ta prési<strong>de</strong>» m chut» te gûaveraes ls> dansf.<br />
Tout le chœur; attentif et docile à tes sons}. «<br />
Soumet aux moèYêraents marqués par ta ca<strong>de</strong>nce *<br />
Ses pas ©t ses ehamoiis. #<br />
L'Olympe en est ému : Jeplter est sensible :<br />
I! éteint les carreaux qa'aUmna son courrous. • * •<br />
I! sourit aux mortels, et son algie terrible».<br />
S'endort à ses genoux.<br />
Il dort, Il est Tainca : ses paupières pressée! * «,<br />
D'une humi<strong>de</strong> vapeur se œuvrent mollemeit<br />
Il jlort, et sur soados ses ailes abaissées<br />
Tombent iaagulsgamment<br />
Tu iécals <strong>de</strong>s combats l'arbitre ssugii<strong>la</strong>sire;<br />
Ses traits ensang<strong>la</strong>ntés échappent <strong>de</strong> ses mains.<br />
Il dépose le g<strong>la</strong>ive , et promet à <strong>la</strong> terre «<br />
. Bes jours purs et sereins..<br />
O Lyre d'Âpol îoa ! puissante enchanteresse r<br />
Tu soumets tour à tour et <strong>la</strong> terre et les <strong>de</strong>ux.<br />
Qui n'aime poiat les arts, les Muses, <strong>la</strong> sagesse, .<br />
Est ennemi <strong>de</strong>s dieux.<br />
Tel est OB ier géant, dont <strong>la</strong> .rage étouffée<br />
D'un rugissement sourd épouvante renier,<br />
Ce superbe Titan f ce monstrueux Typbée- ' ,<br />
Qu'a puni luplter.<br />
Le tonnerre frappa ses cent têtes difformes.<br />
Sous i'Eina qui raccable il veut briser ses fers :<br />
L'Etna s'ébranle, s'ouvre, et <strong>de</strong>s roche» énormes<br />
Tout rouler dans lit mers»<br />
Ce reptile effroyable t enchaîné dans le fjoufft» v<br />
Et portant dans son sein une source <strong>de</strong> feux t<br />
Vomit <strong>de</strong>s tourbillons et <strong>de</strong> <strong>la</strong>mme et <strong>de</strong> soufre<br />
Qui <strong>mont</strong>ent dans les <strong>de</strong>ux.<br />
Qui pourra s'approcher <strong>de</strong> ces rives brû<strong>la</strong>ntes?<br />
Qui ne frémira polnt.<strong>de</strong> ees grands châtiments,<br />
Des tourments <strong>de</strong> Typhée , et <strong>de</strong>s roches perçantes ,<br />
Qui déchirent ses iancs? ' •<br />
Faiore f © Jupiter 1 ta puissance et ta gloire.<br />
T® règnes sur l'Etna, sur ces fermer» rempart»<br />
Élevés par ©e roi qu'a nommé lt Victoire<br />
Dans <strong>la</strong> liée <strong>de</strong>s cha». •<br />
fliéron est vatoquew : son nom s'est <strong>la</strong>it entendra, etc.<br />
Telle est <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> Pindare. D'une invocation<br />
aux Muses 9 d'us éloge <strong>de</strong> leurs attributs, ou?ertufe<br />
très-naturelle dans te sujet qu'il traitait, il passe<br />
tout cf aa eoup à <strong>la</strong> peinture <strong>de</strong> Typhée écrasé sous<br />
l'Etna, sous prétexte que Typhée est ennemi <strong>du</strong><br />
iliiii et <strong>de</strong>s Muses. C'est s'accrocher à un mot; et<br />
une pareille digression ne nous paraîtrait qu'un écart<br />
«al dépisé. Peut-être les Grecs n'avaientf <strong>la</strong> pas tort<br />
#aa juger autrement. C'est dHiéran qu'il s'agissait.<br />
Hiéron régnait sur Syracuse el sur l'Etna; il avait