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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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404 ,<br />

COU1S DE L1TTÉRATU1E.<br />

tuteurs dont le Ira?âîî n'a pas été inutile t mais doot aversion pour ce qui est surabondant, que nous<br />

le goût n'a jamais fait loi ; ni un abbé Ponçai, qui, sommes toujours occupés à ré<strong>du</strong>ire nos harangues<br />

<strong>de</strong> nos jours, a donné eue VU <strong>de</strong> Sémèqw, et une tra­ au lieu <strong>de</strong> les amplifier. 11 a uae telle aversion pour<br />

<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> Traité <strong>de</strong>s Bienfaits, ouvrages fort igno­ le faux, que tout fart, toute l'élégance et tout l'érés<br />

9 que Di<strong>de</strong>rot a cru <strong>de</strong>voir tirer <strong>de</strong> l'oubli, appac<strong>la</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> diction d'Esebine peuvent à peine faire<br />

remment pour nous apprendre que d'ordinaire un écouter ses sophismes; encore ne lui ont-Os guère<br />

tra<strong>du</strong>cteur faisait cas <strong>de</strong> fauteur qu'il prenait <strong>la</strong> réussi. Croyez-moi, restez, comme ¥©tre pèref tut<br />

peine <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ire; ce que personne ne contestera. Il bon déc<strong>la</strong>wmteur * <strong>de</strong>s écoles. 11 n'y a veine chez vous<br />

suffirait, pour annuler le jugement <strong>de</strong> Juste-Lipse, qui ten<strong>de</strong> à ce que nous appelons l'éloquence, nous<br />

<strong>de</strong> rappeler ce que Di<strong>de</strong>rot et l'éditeur étalent en <strong>la</strong>tin autres qui passons pour nous y connaître.<br />

et en français, a?ee une bonne foi et une comp<strong>la</strong>i­ On nous oppose aussi le témoignage <strong>de</strong> Lamothesance<br />

également admirables ; que ce sa?ant retrouvait Levayer ; mais 11 ne porte que sur <strong>la</strong> morale <strong>de</strong> Sé­<br />

dans Sénèque <strong>la</strong> véhémence <strong>de</strong> Démosthènes. C'est nèque; et personne se nie qu'il n'y ait <strong>de</strong> belles et<br />

à coup sûr <strong>la</strong> seule fois qu'on a mis ces <strong>de</strong>ux noms bonnes choses, bien ou mai dites, parmi une foule<br />

ensemble : Démosthènes et Sénèque 1 Pour déterrer d'autres qui sont outrées, et même extravagantes.<br />

ce bizarre alliage 9 il fal<strong>la</strong>it fouiller dans les brous­ Di<strong>de</strong>rot es convient, et prétend qu'il faut les mettre<br />

sailles <strong>de</strong>s scoliastes avec Finfatigable curiosité <strong>de</strong> sur le compte <strong>de</strong> son stoïcisme. Tant pis pour son<br />

nos <strong>de</strong>ui apologistes $ déterminés à tirer parti <strong>de</strong> qui­ stoïcisme et pour lui : voilà use p<strong>la</strong>isante excuse ! Et<br />

conque aurait pu dire <strong>du</strong> bien <strong>de</strong> Sénèque. Si Ton qu'importe que ce soit <strong>de</strong> sa secte ou <strong>de</strong> lui que<br />

vou<strong>la</strong>it dire <strong>du</strong> mal d'Horace f il n'y aurait qu'à pro­ vienne ce qui fait une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses écrits, et<br />

<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> même les inepties pédantesques <strong>de</strong> Jules- ce qui en rend <strong>la</strong> lecture si difficile à soutenir 1<br />

Scaliger, heureusement ensevelies avec lui. Que On fait grand bruit d'un suffrage <strong>de</strong> Montaigne,<br />

s'eussent-ils pasdit eux-mêmes $ si on leur eût allé­ qui, en effet, est un autre homme que ceux-là : mais<br />

gué entouteautre occasion l'autorité <strong>de</strong> Juste-Lipse ? d'abord, pour ce qui concerne Sénèque, Montaigne<br />

Comme ils se seraient moqués, non sans raison, et lui reconnaît do grands défauts; et, s'ils adoptent<br />

<strong>du</strong> pédant et <strong>de</strong> ses écoliers ! Mais aujourd'hui, à tout l'avis <strong>de</strong> Montaigne quand il loue, et le rejettent<br />

ce qui a été avancé contre le style <strong>de</strong> Sénèque, ils quand ilblâmef pourquoi n'aurions-nous pas le droit<br />

répon<strong>de</strong>nt gravement : Ce n'estpas l'avis <strong>de</strong> Juste- d'en faire autant? Montaigne n'est pas plus infailli­<br />

Lipse. Et ils partent <strong>de</strong> Juste-Lipse pour nous donner ble dans l'un que dans l'autre, et pas plus pour nous<br />

comme une chose convenue que Démosthènes et que pour eux. Di<strong>de</strong>rot et l'éditeur p<strong>la</strong>cent Sénèque<br />

Sénèque sont, <strong>du</strong> moins pour <strong>la</strong> véhémence*, sur <strong>la</strong> ®nr<strong>de</strong>ssm<strong>de</strong>êmsksmùmU$êesi et multiplient toutes<br />

même ligne. Quiconque a étudié les anciens autre­ les expressions <strong>du</strong> mépris pour quiconque a pu en<br />

ment que les glossateurs <strong>du</strong> seizième siècle? quicon­ douter. Cependant je ne vois pas que, <strong>du</strong> parallèle<br />

que a un peu d'usage <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> l'art d'écrire, que fait Montaigne <strong>de</strong> Plutarque avec Sénèque, on<br />

ne daignera pas même mettre à l'examen ce b<strong>la</strong>s­ puisse conclure, à beaucoup près, <strong>la</strong> supériorité <strong>du</strong><br />

phème littéraire. II se contentera d'assurer que Dé­ <strong>de</strong>rnier. Vous en jugerez en écoutant Montaigne luimosthènes<br />

n'eût pas m&m voulu d'un Sénèque pour même, qu'on est toujours bien aise d'entendre.<br />

élève dans l'art oratoire. 11 lui aurait dit : N'y*pensez<br />

« Plutarque est pins uniforme et constant; Seaeque, plus<br />

pas; vous n'êtes point né orateur, surtout pour <strong>de</strong>s<br />

ondoyant et divers : cette? cy se peine, semiéUei se tend,<br />

Athéniens. Vous avez <strong>de</strong>ux défauts, entre autres, pour armer <strong>la</strong> vertu contre <strong>la</strong> foiblesse, 1a crainte et les>i-<br />

qui sont l'opposé <strong>de</strong> notre attïeisme, <strong>la</strong> verbosité et cleia appétits; l'aoltre semble n'estimer pas tant leurs ef­<br />

l'affectation. Notre peuple d'Athènes a une telle forts, et <strong>de</strong>sdaigner d*en hasfer son pas et se mettre sur<br />

sa gar<strong>de</strong>. Plu torque a les opinions p<strong>la</strong>toniques, doutées et<br />

accommedaèles à <strong>la</strong> société civile : Faultre les a stoïques<br />

et epicii rieuses \ ping edoffigoees <strong>de</strong> l'usage commun, mais<br />

selon moy plus commo<strong>de</strong>s en particulier et plus fermes. »<br />

et d'en expliquer toute <strong>la</strong> doctrine, qu'il prétendait avoir<br />

toujours été mal enten<strong>du</strong>e ; et on lui a prouvé que c'était lui<br />

qut ne l'entendait pas. Il prit Sénèque pour sou modèle <strong>de</strong><br />

style, et n'en imita que les défaits, qu'il porta au point <strong>de</strong><br />

tout écrire eu épigrammes et eu pointes, même son épi<strong>la</strong>phe,<br />

que nous avons, et qui est un morceau rare en m<br />

genre. L'éditeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Graoge avait dit lui-même dans ses<br />

notes que Juste-Lipse avait pim ê'êrudMwm que <strong>de</strong> §oûL<br />

Mais, quand <strong>la</strong> querelle s'allume, ce même Juste-lipe <strong>de</strong>vient,<br />

dans l'ouvrage <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, un juge plus compétent<br />

que tous les Ultérateurs mo<strong>de</strong>rnes, parce qu'il mvait mieux<br />

Je <strong>la</strong>tin. Mais ce n'est point <strong>de</strong> <strong>la</strong>tin qu'il s'agit, c'est <strong>de</strong><br />

goût; et, si vous convenez qu'il n'en avait guère, pourquoi<br />

donc le elta-Yôus?<br />

1 C'est l'exptesifam <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot f en par<strong>la</strong>nt <strong>du</strong> père cle<br />

Sénèque.<br />

» On <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra peut-être comment Montaigne réunit<br />

<strong>de</strong>ux choses si différentes. C'est d'abord en ee qu'Épia»,<br />

comme Zenon, $ f éloignait 4e l'umge commun <strong>de</strong>s mots :<br />

os ee i ?ïi fi preuve dans tout ee qui a été 0t <strong>de</strong> leur philo-<br />

Sophie. De plus, il parait que Montaigne, ainsi que Sénèque,<br />

considère ici Épieure dans sa morale personnelle, qui était<br />

très-sévèref et son pas dans sa doctrine publique, qui certainement,<br />

quo| qu'on m ait dit, anéantit les <strong>de</strong>voirs et les

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