la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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rés. I recomman<strong>de</strong> sans cesse cette modération dans<br />
les désirs, cette précieuse médiocrité, <strong>la</strong> mère <strong>du</strong><br />
bonheur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sagesse; mais ce qu'il établit comme<br />
le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> tout, c'est d'avoir 1a conscience<br />
pure t et, 'pour me servir <strong>de</strong> ses expressions , <strong>de</strong> ne<br />
pâlir d'aucune faute , nuMâpalkseere culpâ. Il ? eut<br />
qoe Ton s'accoutume à se comman<strong>de</strong>r à soi-même!<br />
à réprimer les penchants déréglés, les passions violentes<br />
; epe Ton travaille continuellement à corriger<br />
ses défauts, et qu'on pardonne à ceux d'antnii. In<strong>du</strong>lgence'pour<br />
les autres, et sévérité pour soi, voiljk<br />
les <strong>de</strong>ux'grands pivots <strong>de</strong> sa morale. Y en a-t-ïl <strong>de</strong><br />
meilleurs ?Nul écrivain n'a parlé avec plus d'intérêt<br />
<strong>de</strong>s douceurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> retraite, <strong>de</strong>s attraits et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs<br />
<strong>de</strong> Famitié f <strong>de</strong>s charmes d'une vie champêtre<br />
et paisible, et <strong>de</strong> cet amour <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne qui se<br />
mêle si naturellement à celui <strong>de</strong>s beaux*arts. Tel est<br />
répicuréîsme d'Horace; et, s'il avait beaucoup <strong>de</strong><br />
vrais sectateurs, je crois que <strong>la</strong> société y gagnerait.<br />
M. Busaufx reconnaît que nui homme ne sut apprêter<br />
plus adroitement <strong>la</strong> louange» Mais on peut<br />
ajouter qu'il n'a loué que tout ce qu'il y avait <strong>de</strong><br />
plus«timé dans l'empire, Agrippa, Pollion, Mételfus,<br />
Quintilius ¥arus. Son commerce épisto<strong>la</strong>ire<br />
avec Mécène respire à <strong>la</strong> fois l'enjouement le plos<br />
aimable et <strong>la</strong> plus douce sensibilité. C'est, parmi<br />
les anciens, celui qui a le mieux saisi ce ton <strong>de</strong> familiarité<br />
noble et décente qui a servi <strong>de</strong> modèle à<br />
Voltaire, et que bien peu d'hommes peuvent atteindre,<br />
parce qu'il faut, pour en avoir <strong>la</strong> juste mesure,<br />
infiniment d'esprit, <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> délicatesse. On<br />
conçoit aisément, en lisant Horace, qu'il ait été<br />
si cher à ses amis, et qu'Auguste, entre autres,<br />
l'ait aimé avec tendresse. Mécène, en mourant, le<br />
recommandait à ce prince en peu <strong>de</strong> mots, mais<br />
ils sont remarquables : Souvenez-vous d'Horace<br />
comme <strong>de</strong> moi-même. Auguste ne lui sut pas mauvais<br />
gré <strong>du</strong> refus qu'il avait fait d'être son secrétaire<br />
; il se contente d'en p<strong>la</strong>isanter avec lui dans une<br />
<strong>de</strong> ses lettres :<br />
« l'ai parlé <strong>de</strong> vous <strong>de</strong>vant votre spl Sepiimks : I vous<br />
dira quel §ou?eair j'en conserve, car, quoiqu'il vous ait<br />
plu <strong>de</strong> feire avec moi h fier el te renchéri, je ne vous m<br />
veux pas plus pour ce<strong>la</strong>. »<br />
Que autre fois il lui écrit ;<br />
« Ne êm$m pas <strong>de</strong> tous vos droits sur moi. UsêMB<br />
Domine si .vous vivies dans nia maison. Tous ne pouvez<br />
mieux faire; vous mm% que c'est mou intention9 et que<br />
Je veux vous voir toutes les /ois que voira santé vous le<br />
permettra. »<br />
Je citerai encore une autre lettre; car il est curieux<br />
<strong>de</strong> voit comment le maître <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> écrivait au<br />
ûls d'un affranchi :<br />
COMS DE UT1ÉHATOBE.<br />
* Smehez que je mis très-piqué contre vous, <strong>de</strong> ce qm,<br />
dans Sa plupart <strong>de</strong> vos écrits,ee n'est pas avec mol que<br />
vous TOUS emtmîmm <strong>de</strong> préférence. Àvei-vone peur M<br />
vous faire tort dais Sa postérité , en lui apprenant que TOUS<br />
avez été mon ami?»<br />
Horace fut sensible .à ce reproche obligeant, et lui<br />
adressa cette belle épître : <strong>la</strong> première <strong>du</strong> second livre<br />
Qwmt êoisustmeas, etc.<br />
Tant <strong>de</strong> caresses, tant <strong>de</strong> sé<strong>du</strong>ctions, ne tour*<br />
nèrent point <strong>la</strong> tête <strong>du</strong> poète philosophe 9 et ne l'em*<br />
péchèrent point <strong>de</strong> passer <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
sa vie, soit à Tivoli, dont le nom est <strong>de</strong>venu si célèbre'!<br />
soit à sa petite terre <strong>du</strong> pays <strong>de</strong>s Sabim. Il<br />
faut l'entendre badiner avec Mécène sur l'opinion<br />
qu'on a <strong>de</strong> son grand crédit, sur <strong>la</strong> persuasion ou<br />
Ton est que Mécène s 9 entretient avec lui <strong>de</strong>s secrets<br />
<strong>de</strong> l'État,'touffe que le plus souvent, dit-il, nom<br />
parlons <strong>de</strong> <strong>la</strong>plmïe et <strong>du</strong> beau temps. 11 lui promit<br />
une fois, en partant pour <strong>la</strong> campagne, <strong>de</strong> s'y être<br />
que cinq jours : il y resta un mois, et finit par lui<br />
écrire qu'il ne reviendrait à Rome qu'au printemps ;<br />
et sa lettre est datée <strong>du</strong> mois d'août.<br />
« Que voulef-voss? lui dit-Il. Je ne suis pas ma<strong>la</strong><strong>de</strong> i<br />
est vrai; mais je crains <strong>de</strong> le <strong>de</strong>venir. II font me prendra<br />
comme je suis. Quand TOUS m'avez enrichi, vous m'avei<br />
Mme ma liberté : j'en profite. »<br />
On a beaucoup répété qu'Horace était un caurtUm :<br />
il est sûr qu'il en avait <strong>la</strong> politesse et les grâces;<br />
mais on voit qu'il n f en eut ni l'activité, ni l'inquiétu<strong>de</strong><br />
, ni même <strong>la</strong> comp<strong>la</strong>isance..<br />
Après avoir refusé beaucoup à Horacef M. Dtt«<br />
sanli n'accor<strong>de</strong>-t-il pas un peu trop à Juvénat?<br />
m H m cessa <strong>de</strong> réc<strong>la</strong>mer contre un pouvoir usurpé, <strong>de</strong><br />
rappeler an* Roman» les beaux jours <strong>de</strong> leur i®dépen«<br />
dâsce. »<br />
Je viens <strong>de</strong> relire toutes ses satires : j'avoue qm<br />
je n'ai vu nulle part qu'il réc<strong>la</strong>mât contre le pouvoir<br />
arbitraire, ni qu'il revendiquât les droits <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
liberté républicaine. Je sais qu'il fit une satire contre<br />
Domitien, et qu'il peint en traits énergiqries l'effroi<br />
qu'inspirait ce monstre et <strong>la</strong> lâcheté <strong>de</strong> ses courtisans.<br />
Mais Bomitien n'était plus; mais tant ce qu'il<br />
dit est personnel au tyran ; mais il n'y a pas un mot<br />
qui ten<strong>de</strong> à combattre en aucune manière le pouvoir<br />
impérial ; et, puisqu'il faut tout dire, ce même Do*<br />
mitien, qu'il déchire après sa mort, il l'avait loué<br />
pendant sa vie. 11 l'appelle le seul protecteur, le<br />
seul pi<strong>de</strong> qui reste aui arts et aux lettres. Je veux<br />
qu'il ait été trompé par cette apparence <strong>de</strong> faveur<br />
accordée aux gens <strong>de</strong> lettres, qui fut un <strong>de</strong>s premiers<br />
traits <strong>de</strong> l'hypocrisie particulière à Bomitien,<br />
comme Lucain fut sé<strong>du</strong>it par les trompetises<br />
prémices <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> Néron; ruais lucain « dans