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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCam S. — tiLOQlflBICR.<br />

gtylteott<strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté,11 sertit ti%flgo««id f «i%er<br />

qu'enfoui genre d'écrite elle Hit toujoew portée au<br />

manie -point. M est <strong>de</strong>s matières abstraites qui ne<br />

comportent que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté proportionné<br />

à reten<strong>du</strong>e et à <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s Sdéesf et à l'attention<br />

<strong>du</strong> teeteur; et ce serait alors une prétention<br />

île liparesse, <strong>de</strong> vouloir que l'écrivais rendit sensible,<br />

an premier aperçu, ce qui t pour être enten<strong>du</strong>,<br />

a besoin d'être médité. Un ouvrage tel que le Cmr<br />

êrmiëmeêmimfMgprîi <strong>de</strong>s iM$ m peut pas se lire<br />

comme un onwnge oratoire. La raison en est simple;<br />

c'est que le phMosophê et l'orateur se proposent<br />

ne but différent : Fun veut -surtout vous forcer à<br />

réfléchir; l'autre ne doit pas même vous <strong>la</strong>isser le<br />

teams <strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion.<br />

Pour m qui regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> -propriété <strong>de</strong>s tomes,<br />

Quintiiien observe qu'il ne faut pas prendre ce mot<br />

ttans un sens trop littéral; ear il n'y a point <strong>de</strong> <strong>la</strong>»<br />

gue qui ait précisément un mot propre pour camps<br />

idée, et qui se soit souvent obligée <strong>de</strong> se servir<br />

<strong>du</strong> mime terme pour escrimer <strong>de</strong>s disses différentes.<br />

La plus riche est celle qui a le moins besoin<br />

<strong>de</strong> ces sortes d'emprunts, qui sont toujours <strong>de</strong>s<br />

preuves d'indigence. Banni nous, par exemple, on<br />

se sert <strong>du</strong> même mot pour dire qu'on aime le jeuet<br />

les femmes. Lis Grecs avaient au moins un mot<br />

particulier pour signiier l'amour d'un sexe pour<br />

l'autre, fpc; et cette distinction était juste. Lea<br />

Latins en avaient un9 pfetos, qui en exprimant l'amour<br />

<strong>de</strong>s enfants pour leurs parents, caractérisait<br />

un sentiment religieux ; et cette idée était un précepte<br />

<strong>de</strong> morale.<br />

Quintilien remarque aussi que <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong>s<br />

termes est si essentielle au dis<strong>cours</strong>, qu'elle est<br />

plutôt un <strong>de</strong>voir qu'un mérite. Je ne sais ce qu'il<br />

en était <strong>de</strong> son temps : on peut croire que, les prernièRs<br />

étu<strong>de</strong>s étant généralement plus soignées,<br />

rtiafaitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> s'énoncer en termes convenables, et<br />

d'avoir, en écrivant, Feïpression propre, n'était pas<br />

très-rare. Aujourd'hui, si c'est un <strong>de</strong>voir, comme<br />

îi le dit, ce <strong>de</strong>voir est si rarement rempli, qu'on<br />

peut sans scrupule en faire immérité. Nous nous<br />

sommes tellement accoutumés à croire que tout<br />

se <strong>de</strong>vine et que rien ne s'apprend ; il y a si peu <strong>de</strong><br />

gens qui aient cru <strong>de</strong>voïrétudier tant <strong>la</strong>ngue, qu'il<br />

ne font pas s'étonner si, parmi ceux qui écrivent,<br />

il en est tant à qui là propriété <strong>de</strong>s termes est use<br />

science à peu pres étrangère; 11 n*y a que nos bons<br />

écrivains à qui Fusage <strong>du</strong>-tnot propre soit familier.<br />

Lorsque sous en serons à <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> mo<strong>de</strong>rne,<br />

nous serons peut-être étonnés <strong>de</strong> Fexcès honteux<br />

d'ignorance que l'on peut reprocher en ce genre à<br />

beaucoup d'auteurs, qui ont eu <strong>de</strong> <strong>la</strong> réputation f<br />

fil<br />

ou qui-mime en conservent encore. Sans doute if<br />

n'y a point d'écrivain qui ne fasse quelques fautes <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>ngage, et celui même qui se mettrait dans <strong>la</strong> tête<br />

<strong>de</strong> n'en jamais Étira-, y perdrait beaucoup plus <strong>de</strong><br />

temps que n'en mérite un si minutieux travail. Mais<br />

il y a loin <strong>de</strong> quelques légères inexactitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong><br />

quelques négligences, à <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s solécismes<br />

et <strong>de</strong>s locutions vicieuses que l'on rencontre <strong>de</strong> tous<br />

eftté». Parmi les maux qu v a faits aux lettres ce déluge<br />

d'écrits périodiques, qui <strong>de</strong>puis vingt-cinq ans<br />

inon<strong>de</strong> toute <strong>la</strong> France, il faut compter cette corruption<br />

épidémique <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, qui en a été une<br />

suite nécessaire. Pour peu qu'on réfléchisse un moment<br />

, il est aisé <strong>de</strong> s'en convaincre. Mais je me ré- •<br />

servi <strong>de</strong> développer cette véritéioreque je traiterai<br />

en particulier <strong>de</strong>s journaux, <strong>de</strong>puis leur naissance<br />

jusqu'à nos jours. Avouoss-le ; m qu'on lit le plus<br />

ce sont tes journaux. Ils contiennent, en quelque<br />

genre que ce soit, <strong>la</strong> nouvelle <strong>du</strong> jour; et c'est en<br />

conséquence <strong>la</strong> lecture <strong>la</strong> plus pressée poir le plus<br />

grand nombre, et assez.souvent <strong>la</strong> seule. Or, par<br />

qui sont faits ces journaux? ( Je <strong>la</strong>isse à part les cxceptions<br />

91e chacun fera aussi bien que moi y et je<br />

parle en générai.) Par <strong>de</strong>s hommes qui certaine*<br />

ment n'ont choisi ce métier facile et vulgaire que.<br />

parce qu'ils ne sauraient faire mieux; par <strong>de</strong>s hommes<br />

qui savent fort peu, et qui n'ont ni <strong>la</strong> volonté<br />

ni même le temps d'en apprendre davantage. De<br />

plus9 comment les lit-on? Aussi légèrement qu'ils<br />

sont faits. Chacun y cherche d'un coup d'œil ce qui<br />

lui convient, et personne ne pense à examiner<br />

comme ils sont écrits : ce n'est pas là ce dont il<br />

s'agit. Qtfarrive-t-il? Ces feuilles éphémères, rédigées<br />

avec une préeipitation qui serait dangereuse<br />

même pour le talent, à plus forte raison pour ceux<br />

qui n'en ont point, fourmillent <strong>de</strong> fautes <strong>de</strong> toute<br />

espèce. Il est impossible à un homme <strong>de</strong> lettres<br />

d'en lire vingt lignes sans y trouver presque à chaque<br />

mot l'ignorance ou le ridicule. Mais ceux qui<br />

sont moins instruits s'accoutument à ce mauvais<br />

style, et le portent dans leurs écrits et dans leurs<br />

conversations; car rien n'est si naturellement contagieux<br />

que les vices <strong>du</strong> style et <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, et<br />

nous sommes disposés à imiter, sans y penser,<br />

ce que nous lisons et ce que sous entendoaç tous<br />

les jours. Ce n'est pas ici le moment <strong>de</strong> porter<br />

jusqu'à <strong>la</strong> démonstration ce qui est assez prou?é<br />

pour quiconque a un peu réfléchi : je m'écarterais<br />

trop <strong>de</strong> mon objet, et celui-là est assez important<br />

pour être un jour traité à part. C'est alors<br />

qu'os sentira que les gens <strong>de</strong> lettres ( et toutes les<br />

fois que je me sers <strong>de</strong> ce terme, je n'entends jamais<br />

par <strong>la</strong>que ceux qui méritent ce nom), que

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