la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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tin peut comporter, mais m que les mots français<br />
correspondants ne présentent pas. Au reste f Quiutilien<br />
est conséquent; car il n'accor<strong>de</strong> le nom d'orateur<br />
qu'à celui qui est en môme temps éloquent et<br />
fertueui. Il serait à souhaiter que ee<strong>la</strong> fût irai ;<br />
mais je crains bien que l'amour qu'il avait pour son<br />
art ne le lui ait fait voir sous un jour un peu trop<br />
avantageux. César, <strong>de</strong> l'aveu <strong>de</strong> Cieéren, était un<br />
très-grand orateur, et n 9 était pas un*homme vertutui.<br />
J'approuve encore moins Quintîlien lorsqu'il<br />
condamne par <strong>de</strong>s raisons assez frivoles cette définition<strong>de</strong><br />
l'éloquence, assez généralement adoptée,<br />
l'art <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r. I objecte que ce. n'est pas <strong>la</strong><br />
seule chose qui persua<strong>de</strong>; que <strong>la</strong> beauté, les <strong>la</strong>rmes,<br />
les supplications muettes persua<strong>de</strong>nt aussi. Mais<br />
n'est-ce pas abuser <strong>du</strong> mot <strong>de</strong> persua<strong>de</strong>r, qui, en <strong>la</strong>tin,<br />
comme en français, entraîne, sans qu'on le dise 9<br />
l'idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> persuasion opérée par <strong>la</strong> parole? A proprement<br />
parler, <strong>la</strong> beauté charme, les pleurs attendrissent,<br />
mais l'éloquence persua<strong>de</strong>. Les exemples<br />
mêmes qu'il cite «aient à l'appui <strong>de</strong> cette distinction<br />
très-randée.<br />
* Lorsque Alterne l'orateur, • p<strong>la</strong>idant puer Aquiliis,<br />
déchira tout à coup rhabtt <strong>de</strong> raseuse» et at voi* les blessures<br />
qu'il avait reçues ea cumbatfanf puer le patrie* se<br />
6a-t-il à <strong>la</strong> force <strong>de</strong> ses raisons? fm; mm il arracha <strong>de</strong>s<br />
fermée m peuple ramais 9 qui se put résinier à un spectacle<br />
si touchant f et renvoya le criminel absous. »<br />
Je réponds à Quintilien : Donc, <strong>de</strong> ¥otrea?eu,.le<br />
peuple romain ne fut pas jteesiiailé; il fut touché.<br />
Mais tout le mon<strong>de</strong> sera <strong>de</strong> son avis, lorsque, se<br />
p<strong>la</strong>isant à rejeter FexoeUeoce <strong>de</strong> Fart <strong>de</strong> parler, il<br />
nous dit:<br />
« Si le Créateur mus a distingués <strong>du</strong> reste <strong>de</strong>s âaâfiaea,<br />
c 9 est surtout par le don <strong>de</strong> le parole. Ils nous surpassent<br />
GOOIIS DE LITTtRATDEB.<br />
en force , en patience, en gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> corps , en <strong>du</strong>rée, en-<br />
•itesse, eu mille autres avantages, et surtout en celui <strong>de</strong><br />
se passer nieui que nous <strong>de</strong> tous se<strong>cours</strong> étrangers. Guidés<br />
seulement par le nature, ils apprennent bientôt, et<br />
d'eux-mêmes 9 à marcher, à se nourrir, à nager. Ils portent<br />
avec eux <strong>de</strong> quoi se défendre contre le froid ; ils ont <strong>de</strong>s<br />
armes qui leur sont naturelle»; Ils traaveet leur nourriture<br />
sous leurs pas ; et pour toutes eee choses, que n'en coote-<br />
141 pas aux hommes? La raison est notre partage, et eeea<br />
Meuras associer aux immortel*; mais combien elle serait<br />
fMMe sans <strong>la</strong> faculté d'exprimer nos pensées par <strong>la</strong> parole,<br />
qui en est l'interprète fidèle! C'est là ce qui manque aux<br />
animaux f bien plus que l'intelligence, dont on ne saurait<br />
dire qu'ils soient absolument dépoumis.... Donc si.nous<br />
n'avons rien reçu <strong>de</strong> meilleur que f usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole,<br />
qu'y a4-il que nous défions perfectionner davantage! 1 Et<br />
quel objet plus digne d'ambition que <strong>de</strong> s'élever au-<strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong>s autres hommes par- cette faculté unique qui les élève<br />
«i-Biêifies etaiaasas <strong>de</strong>s bêtes ! »<br />
QuintlHen distingue, ainsijqu'Aristote et les plus<br />
anciens rhéteurs, trois genres <strong>de</strong> composition oratoire<br />
: le démonstratif, le délibératif et le judiciaire.<br />
Le premier consiste prise!paiement à louer ou à-blâmer<br />
f et comprend sous Ipl le panégyrique et IV<br />
raison funèbre, qui étaient eu usage chez les anciens<br />
eomiiie parmi nous, mais avec les différences fie<br />
<strong>de</strong>?aient y mettre ïeaaieeiirsêt<strong>la</strong> religion. L'arelsee<br />
funèbre, par eiemple, a chez uous aa caractère relîgleai<br />
; elle se peut se prononcer que dans un temple,<br />
et fait ptrtie <strong>de</strong>s cérémonies funéraires : l'orateur<br />
doit être un ministre <strong>de</strong>s autels; et cet éloge <strong>de</strong>s<br />
eertas et <strong>de</strong>s talents, trop souvent ne fut accordé<br />
qu'au rang-et à ta naissance, dans ces mêmes chaires<br />
où l'on prêche tous les jours le néant <strong>de</strong> toutes<br />
les gran<strong>de</strong>urs humaines. Chez les anciens, l'oraison<br />
funèbre avait un caractère public, mais nullement<br />
religieux : c'était un <strong>de</strong>s parents '<strong>du</strong> mort qui <strong>la</strong><br />
prononçait dans rassemblée <strong>du</strong> peuple. On y faisait<br />
paraître Ses images <strong>de</strong>s ancêtres; et c'était poar<br />
les grands <strong>de</strong> Rome une occasion <strong>de</strong> faire valoir<br />
aux yeux <strong>du</strong> peuple <strong>la</strong> noblesse ? l'illustration f et les<br />
titres <strong>de</strong> leur famille. Les historiens ont'remarqué<br />
que Jules-César encore fort jeune, faisant ainsi<br />
l'éloge funèbre <strong>de</strong> sautante Julie, exalta ea termes<br />
magnifiques leur origine commune, qu'il faisait<br />
re<strong>mont</strong>er, d'un côté jusqu'à <strong>la</strong> déesse ¥ésus, et<br />
<strong>de</strong> l'autre jusqu'à f aa <strong>de</strong>s premiers rois <strong>de</strong> Rome,<br />
Aaeas Marcius.<br />
* Ainsi y disait-il 9 on trouve dans ma famine le aalufelé<br />
<strong>de</strong>s rais 9 qui sont les maîtres <strong>de</strong>s hommes f et le majesté<br />
<strong>de</strong>s dieux 9 qui sont les maîtres <strong>de</strong>s rois. *<br />
Parmi les morceaux <strong>du</strong> genre démonstratif ches<br />
les anciens» on compte principalement le panégyrique<br />
d'Évagore, roi <strong>de</strong> Sa<strong>la</strong>ra<strong>la</strong>e, quï9 avec use<br />
faible puissance, avait fait <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s actions. Ce<br />
lui <strong>de</strong> <strong>la</strong> république d'Athènes f <strong>du</strong> même auteur, ne<br />
peut pas être rangé dans <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse, parce<br />
qu'ayant pour principal objet d'engager les Athéniens<br />
à se mettre à le,tête <strong>de</strong>s Grecs pour faire <strong>la</strong><br />
guerre aux barbares, il rentre dans le genre délibératif.<br />
Vient ensuite le panégyrique <strong>de</strong> Trajan, <strong>la</strong><br />
chef-d'œuvre <strong>du</strong> second âge <strong>de</strong> l'éloquence romaine,<br />
c'est-à-dire lorsque, déchue <strong>de</strong> sa première gran<strong>de</strong>ur,<br />
elle substituait <strong>du</strong> moins tous les agréments <strong>de</strong> l'esprit<br />
aux'beautés simples et vraies qui avaient marqué<br />
Fépoque<strong>de</strong> <strong>la</strong> perfection. L'ouvrage <strong>de</strong> Pline,<br />
malgré ses défauts, lui fait encore honneur dans <strong>la</strong><br />
postérité, surtout parce qu'en louant un souverain,<br />
l'auteur fut assez heureux pour ne louer que <strong>la</strong><br />
vertu.<br />
On a reproché à Trajan <strong>de</strong> s'être prêté avec trop <strong>de</strong><br />
comp<strong>la</strong>isance à s'entendre louer dans un dis<strong>cours</strong>