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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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•COURS DE L1TTÉ1ATURR<br />

Î88<br />

d'union ; quand IltaH® entière était prête à tout faire, à<br />

tout risquer pour ma défense; si avec tant d'appuis j'ai pu<br />

craindre les fureurs d'an tribun , le plus vil dés hommes 9<br />

et Sa folle audace <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux consuls, aussi méprisables<br />

que lui , f ai manqué sans dont® à <strong>la</strong> fois et <strong>de</strong>-sagesse et<br />

<strong>de</strong> fermeté. MéteUus s'exi<strong>la</strong> lui-même! il est wii; mais<br />

quelle différence ! Sa cause était bonne » je l'atone , et approuvée<br />

par tous les honnêtes gens ; mais le sénat ne l'avait<br />

pas solennellement embrassée; tous les ordres <strong>de</strong> l'État,<br />

tonte l'Italie, ne s'étaient pas déc<strong>la</strong>rés pour âui par <strong>de</strong>s<br />

décrets pnblics.... Il avait affaire à Mafias, au libérateur<br />

<strong>de</strong> S'empire, alors dans sou sixième consu<strong>la</strong>t f et à <strong>la</strong> tête<br />

d'une armée invincible; à Satain<strong>la</strong>asf tribun fectfeïix,<br />

mais magistrat vigi<strong>la</strong>nt et popu<strong>la</strong>ire 9 et <strong>de</strong> mœurs irréproébahies....<br />

Et moi, qui avais-je à combattre? Ce n'était pas<br />

une armée victorieuse; c'était un amas d'artisans stipendiés!<br />

qu'excitait l'espoir <strong>du</strong> pil<strong>la</strong>ge. Qui a?ais*je pour ennemis?<br />

€e n'était point Marins, k terreur <strong>de</strong>s barbares»<br />

le boulevard <strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie ; c'étaient <strong>de</strong>ux monstres odieuf ,<br />

qu'une honteuse indigence et une dépravation insensée<br />

avaient faits les cédâtes <strong>de</strong> Clodius; c'était Clodius Soimême,<br />

un compapon <strong>de</strong> débauche <strong>de</strong> nos ba<strong>la</strong>dins, un<br />

a<strong>du</strong>ltère, un incestueux, un ministre <strong>de</strong> prostitution, un<br />

fabrkateur <strong>de</strong> testaments, un brigand, un assassin; un<br />

empoisonneur; et si j'avais employé les armes pour écraser<br />

<strong>de</strong> tels adversaires, comme je le pouvais aisément, et<br />

comme tant d'honnêtes gens m'en pressaient ; je n'avais pas<br />

à craindre qu'on me reprochât d'avoir opposé <strong>la</strong> force à <strong>la</strong><br />

force, ni que quelqu'un regrettât <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> si mauvais<br />

attoyens, ou plutôt <strong>de</strong> nos ennemis domestiques ; mais d'autres<br />

raisons m'arrêtèrent €e forcené Clodius, cette furie,<br />

ne cessait île répéta* dans ses harangues que tout ce qu'il<br />

faisait contre moi c'était <strong>de</strong> l'aveu <strong>de</strong> Pompée, <strong>de</strong> ce grand<br />

homme, aujourd'hui mon ami ; et qui l'aurait toujours été y<br />

si on lui avait permis <strong>de</strong> l'être. Ciodius nommait parmi<br />

mes ennemis Crassus, citoyen courageux, avec qui j'avais<br />

les plut étroites baisons; César, dont jamais je n'avais<br />

mérité <strong>la</strong> haine. 11 disait que c'étaient là les moteurs <strong>de</strong><br />

toutes ses actions, les appuis <strong>de</strong> tous ses <strong>de</strong>sseins; que<br />

l'un avait une armée puissante dans Titane, que les '<strong>de</strong>ux<br />

autres pouvaient en avoir, une dès qu'Us le voudraient,<br />

et qu'ils l'auraient en effet Enftn ce n'étalent pas les lois,<br />

les jugements, les tribunaux dont il me menaçait ; c'étaient<br />

les armes, les généraux, les légions, <strong>la</strong> guerre. Mais quoi i<br />

<strong>de</strong>vals-je faire si grand cas <strong>de</strong>s dis<strong>cours</strong> d'us ennemi qui<br />

nommait si témérairement Ses plus illustres <strong>de</strong>s Bomains ?<br />

ffen, je n'ai pas été frappé <strong>de</strong> ses dis<strong>cours</strong> f mais <strong>de</strong> leur<br />

silence ; et quoiqu'ils eussent d'autres raisons <strong>de</strong> le gar<strong>de</strong>r,<br />

cependant, aux yeux <strong>de</strong> tant d'hommes disposés à tout<br />

craindre y en se taisant, ils semb<strong>la</strong>ient se déc<strong>la</strong>rer ; en ne<br />

désavouant pas Ciodius, Us semb<strong>la</strong>ient l'approuver....<br />

Que <strong>de</strong>vais-je faire alors? Combattre? Eh bien! le bon<br />

parti l'aurait emporté; je le veux. Qu'en serait-il arrivé?<br />

Avte-voûi oublié ce que disait Clodius dans ses insolentes<br />

harangues, qu'il fal<strong>la</strong>it me résoudre à périr ou à vaincre<br />

<strong>de</strong>ux fois? Et qu'était-ce que vaincre <strong>de</strong>ux fois ? N'était-ce<br />

pas avoir i combattre, après ce tribun Insensé, <strong>de</strong>ux consuls<br />

aussi méchants que lui, et ceux qui étaient tout prêts<br />

I se déc<strong>la</strong>rer ses vengeurs? Ah ! quand le danger n'eût me-<br />

nacé que moi seul, j'aurais mieux aiiifé mourir que <strong>de</strong> remporter<br />

cette seeoaie victoire, qui était <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> république.<br />

C'est vous que j'en atteste, ê dieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> patrie!<br />

dieux domestiques! c'est vous qui m'êtes témoins qsef<br />

pour épargner vos temples et vos autels,- pour se pas ex*<br />

poser <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s citoyens, qui m'est plus chère que <strong>la</strong><br />

mienne, je n'ai pu me résoudre à cet horrible combat.<br />

Étatise donc <strong>la</strong> mort que je pouvais craindre? Et lorsqu'au<br />

milieu <strong>de</strong> tant d'ennemis je m'étais dévoué pour le salât<br />

public, n'avais-je pas <strong>de</strong>vant les yeux l'exil et 1a mort?<br />

N'avsJs-je pas dès Sors prédit moi-même tons les péris qui<br />

m'attendaient?... Mon éloignement volontaire a écarté <strong>de</strong><br />

vous les meurtres, l'incendie et l'oppression. J'ai sauvé<br />

<strong>de</strong>ux fols <strong>la</strong> parle : <strong>la</strong> première fois a?ec gloire t et <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />

avec douleur ; car je ne me vanterai point d'avoir pu<br />

me priver, sans un mortel regret, <strong>de</strong> tout ce qui m'était<br />

cher au mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> mon frère, <strong>de</strong> mes enfants, <strong>de</strong> mon<br />

épouse, <strong>de</strong> l'aspect <strong>de</strong> ces murs, <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue <strong>de</strong> mes concitoyens<br />

qui me pleuraient, <strong>de</strong> cette Rome qui m'avait honoré.<br />

Je ne me défendrai pas d'être homme, et sensible : etqueU®<br />

obligation m'auries-vous donc, si tout ce que j'abandonnais<br />

pour vous, j'avais pu le perdre avec indifférence? Je<br />

vous ai donné, lomaJns, <strong>la</strong> preuve <strong>la</strong> plus certaine <strong>de</strong><br />

mon amour pour <strong>la</strong> patrie, lorsque, me résignant au plus<br />

douloureux sacrifice, j'ai mieux aimé l'achever que <strong>de</strong> vou s<br />

livrer à vos ennemis. » (xvi—xxu.)<br />

Ce p<strong>la</strong>idoyer eut le succès qu'avaient ordinairement<br />

ceux <strong>de</strong> l'orateur : Sextius fut absous d'une<br />

vois unanime.<br />

Il semb<strong>la</strong>it qu'il fût <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée <strong>de</strong> Cieéren<br />

d'avoir à défendre tous ceux qui ravalent défen<strong>du</strong><br />

lui-même; mais il fut moins heureux pour Milon<br />

qu'il ne l'avait été pour tant d'autres. Ce n'est pas<br />

que sa cause fit plus mauvaise; mais il faut avouer<br />

d'abord que les circonstances politiques, qui avaient<br />

tant d'influence sur les affaires judiciaires, ne lui<br />

furent pas favorables. J'ai déjà parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre<br />

ouverte que Clodius et Milon se faisaient au milieu<br />

<strong>de</strong> Rome : on ne doutait pas que l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ne<br />

dût périr. Cieéron, dans plus d'un endroit, parle<br />

<strong>de</strong> Clodius comme d'une victime qu'il abandonne à<br />

Milon. Celui-ci <strong>de</strong>mandait le consu<strong>la</strong>t, et Clodius <strong>la</strong><br />

prêtera; et ce <strong>de</strong>rnier, qui avait tant d'intérêt à ne<br />

pas voir son ennemi revêtu d'une magistrature supérieure<br />

9 avait dit publiquement, avec son audace ordinaire,<br />

que, dans trois jours, Milon ne serait pas en<br />

vie. Milon paraissait déterminé à ne pas l'épargner<br />

davantage. Ce fut pourtant le-hasard 9 et non aucun<br />

projet <strong>de</strong> part ni d'autre, qui amena <strong>la</strong> rencontre où<br />

périt Clodius. Il revenait <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne avec une<br />

suite d'environ trente personnes : il était à cheval ;<br />

et Milon y qui al<strong>la</strong>it à Lanuvium 9 était dans un chariot<br />

avec sa femme; mais sa suite était plus nombreuse<br />

et mieux armée. La querelle s'engagea : Clodius,<br />

blessé, etseseiitant le plus filble, se retira 4ana

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