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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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heure à <strong>la</strong> pfiilosopliie stoïcienne, qu'il étudia sous<br />

le célèbre Cornutus. Son maître <strong>de</strong>vint bientôt son<br />

ami, et cette amitié est peinte avec <strong>de</strong>s traits nobles<br />

et touchants, dans use satire qu'il loi adresse. Cor-'<br />

sutus sentit en homme sage tout le danger que courait<br />

son disciple, s'il publiait ses satires sous un règne<br />

tel que celui <strong>de</strong> Néron ; il l'engagea à les renfermer<br />

dans son portefeuille. Cette réserve pru<strong>de</strong>nte et<br />

<strong>la</strong> pureté <strong>de</strong> ses mœurs ne le garantirent pas d'une<br />

mort prématurée. Il fut enlevé à vingt-huit ans, et<br />

par là il échappa <strong>du</strong> moins au chagrin que lui aurait<br />

causé <strong>la</strong> in cruelle <strong>de</strong> Lucaln, avec qui il était trèsétroitement<br />

lié. Il légua use somme considérable et<br />

sa bibliothèque à Cornutus ? qui n'accepta que les<br />

livres. Ce philosophe ne voulut pas se charger <strong>de</strong><br />

mettre au jour les poésie» <strong>de</strong> Perse, quoiqu'il es eût<br />

fait Ater le nom <strong>de</strong> Néron, qui avait été remp<strong>la</strong>cé<br />

par celui <strong>de</strong> Mina. I pensait avec raison que c'est<br />

une impru<strong>de</strong>nce inutile d'irriter us méchant homme<br />

qu'on ne peut pas espérer <strong>de</strong> corriger, teins Bassus<br />

, poète lyrique, à qui Perse adresse aussi une <strong>de</strong><br />

ses satires% fut plus hardi et plus heureux. Il les ût<br />

paraître, et quoiqu'il y eût quatre vers <strong>de</strong> Néron<br />

tournés en ridicule, son courage resta impuni.<br />

Pour achever l'éloge <strong>de</strong> Perse, il ne faut pas oublier<br />

qu'il fut l'ami <strong>de</strong> Thraséas, celui dont Tacite a dit<br />

que Néron résolut <strong>la</strong> perte quand il voulut attaquer<br />

<strong>la</strong> vertu même.<br />

Les fragments recueillis en différents temps sous<br />

te titre <strong>de</strong> Satire * Péêrme {PeirmU Satyrimn )<br />

rappellent et confirment ce que nous avons dit 9<br />

qu'on appe<strong>la</strong>it originairement <strong>de</strong> ce nom <strong>de</strong> satyre<br />

' une espèce d'ouvrage très-irrégulier, mé<strong>la</strong>ngé <strong>de</strong><br />

tous lés tons et <strong>de</strong> tous les objets, et qui même<br />

pouvait ne pas être écrit en vers ; car <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>de</strong> ce qui reste <strong>de</strong> Pétrone est en prose, et les<br />

vers dont elle est entremêlée sont <strong>de</strong> différentes<br />

mesures. Quand le hasard fit retrouver ces <strong>la</strong>mbeaux<br />

sans ordre et sans suite, un passage <strong>de</strong> Tacite mal<br />

enten<strong>du</strong> fit tomber les savants dans une étrange erreur,<br />

qui <strong>de</strong>puis a été reconnue et complètement réfutée<br />

» et n'eu est pas moins répan<strong>du</strong>e encore aujourd'hui,<br />

tant il est difficile <strong>de</strong> déraciner les vieux préjugés.<br />

Tacite parle d'un Pétrone qui fut consul sous<br />

Néron, et l'un <strong>de</strong>s plus intimes favoris <strong>de</strong> cet empereur.<br />

C'était, dit l'historien, un homme d'une délicdteise<br />

exquise dans le choix <strong>de</strong>s voluptés, un vrai<br />

'précepteur <strong>de</strong> mollesse ; c'est à ce titre qu'il était <strong>de</strong>venu<br />

si agréable à Néron, qui en avait fait l'intendant<br />

<strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>isirs, et ne trouvait rien à son goût<br />

que ce qui était <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Pétrone. Cette faveur<br />

<strong>du</strong>ra tant que JSéron se contesta d'être voluptueux ;<br />

mais lorsqu'il tomba 'dans fa débauche grossière et<br />

4 *<br />

COURS DE LITTÉRATU1E.<br />

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: „ «• r ••<br />

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' dans <strong>la</strong> crapule, il eut honte <strong>de</strong> lui-même <strong>de</strong>vant fe<br />

maître dont il n'était plus le disciple : il fallut ca-<br />

_ cher à Pétrone <strong>de</strong>s infamies qn*H méprisait, et Né­<br />

ron en était veau au point <strong>de</strong> rougir <strong>de</strong>vant un voluptueux<br />

<strong>de</strong> bon goût 9 comme on rougit <strong>de</strong>vant <strong>la</strong><br />

vertu. TigHlin f le ministre et le f<strong>la</strong>tteur <strong>de</strong> ses sales<br />

débauches , profita <strong>de</strong> cette disposition pour écarter<br />

un concurrent qu'il redoutait, et sut bientôt le rendre<br />

odieux et suspect au tyran , au point <strong>de</strong> le faire<br />

condamner à <strong>la</strong> mort. Cette mort est célèbre par le<br />

sang-froid et l'insouciance qui raccompagnèrent.<br />

Saint-Évremond <strong>la</strong> préfère à celle <strong>de</strong> Caton ; il oublie<br />

qu'il ne fal<strong>la</strong>it pas les comparer. Pétrone t avant <strong>de</strong><br />

mourir, traça par écrit le détail <strong>de</strong>s nuits infâmes <strong>de</strong><br />

Néron sous <strong>de</strong>s îtoms supposés 9 et le lui envoya dans<br />

un paquet cacheté. Cest ce paquet 9 qui vraisembfament<br />

n'a jamais été connu que <strong>de</strong> Néron seul $ que<br />

<strong>de</strong>s savants ont cru être cette satire mutilée qui nous<br />

^est parvenue sous le nom <strong>de</strong> Pétrone. Quand Vol-<br />

% taire s*est moqué <strong>de</strong> cette ridicule supposition, on n'a<br />

paru voir dans ce paradoxe qu'un <strong>de</strong>s traits ordinaires<br />

<strong>du</strong> pyrrhonisme qu'il apporté sur beaucoup d'objets.<br />

Mais ce qu'on ne sait pas communément t<br />

c'est que celte opinion sur Pétrone est fort antérieure<br />

à Voltaire ; que Juste-Lîpse avait déjà élevé<br />

sur cet article <strong>de</strong>s doutes qui approchaient beaucoup<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> probabilité, et que le savant liais a dé<strong>mont</strong>ré<br />

c<strong>la</strong>irement qu'il était Impossible que l'ouvrage <strong>de</strong><br />

Pétrone fût <strong>la</strong> satire <strong>de</strong> Néron, ni que Fauteur eât<br />

été le Pétrone l'abord favori et ensuite victime <strong>du</strong><br />

tyran. La licence cynique et les fréquentes <strong>la</strong>cunes<br />

<strong>de</strong> cet écrit tronqué, qui n'a ni commencement ni<br />

in $ ne permettent pas d'en faire Eexposé ni d'en<br />

apercevoir le p<strong>la</strong>n ; mais il est certain que les aventures<br />

triviales d'une société <strong>de</strong> débauchés <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

ordre ne peuvent ressembler aux nuits <strong>de</strong> Néron t<br />

quelque idée qu'on s'en fasse ; qu'un jeune empereur<br />

qui avait <strong>de</strong> l'esprit se peut pas être représenté dans<br />

le personnage <strong>de</strong> Trimalcïon, vieil<strong>la</strong>rd chauve, difforme,<br />

et imbécile; que les soupers <strong>de</strong> Néron ne<br />

pouvaient pas ressembler au repas ridicule <strong>de</strong> ce vieil<br />

idiot, et que sa femme Fortumêa, aussi insipi<strong>de</strong><br />

que lui, n'a rien <strong>de</strong> commun avec l'impératrice Poppée,<br />

l'une <strong>de</strong>s femmes les plus belles et les plus<br />

se<strong>du</strong>isantes.<strong>de</strong> son temps. Il est très-probable que<br />

cette rapsodie est <strong>de</strong> quelque élève <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong>s<br />

rhéteurs, d'un jeune homme qui n'était pas sans quelque<br />

talent, et qui a choisi <strong>la</strong> forme <strong>la</strong> plus commo<strong>de</strong><br />

pouf joindre ensemble ses ébauches <strong>de</strong> <strong>littérature</strong> et<br />

<strong>de</strong> poésie, et le tableau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mauvaise compagnie<br />

où il avait véatî. Il fait une critique fort sensée <strong>de</strong>s<br />

déc<strong>la</strong>mateurs <strong>de</strong> son temps, et son Essai poétique<br />

sur les guerres civiles a'est pourtant qu'une déc<strong>la</strong>-

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