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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

pour Mr intérêt réciproque, que le plus dons et<br />

le plQs aimable donne <strong>la</strong> IoiY et que celui <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

qui apporte dans m commerce le plus d'agrément<br />

et <strong>de</strong> doues»* y ait aussi le plus d'kËuenee. Alors<br />

a dé •'établir le prâeip <strong>de</strong> ne jamais prononcer<br />

<strong>de</strong>?ant les femmes as mot fui pût les faire rougir :<br />

<strong>de</strong> là ce respect qu'aura toujours pour elles tout<br />

homme un peu délicat; sorte d'hommage qui peut<br />

les f<strong>la</strong>tter encore plus que le désir <strong>de</strong> leur p<strong>la</strong>ire,<br />

parce que l'un tient à l'attrait général <strong>du</strong> sexe, et<br />

que F autre est un témoignage d'estime ; <strong>de</strong> là ces<br />

égards que l'on doit à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie qui leur est naturelle<br />

, et qui doit nous être à nous-mêmes d'au*<br />

tant plus précieuse 9 que c'est encore en elles une<br />

grâce <strong>de</strong> plus et un charme nouveau qui se mile à<br />

l'expression <strong>de</strong> leur sensibilité.<br />

Tel était l'excellent ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> Louis XI Y,<br />

celui qui se fut sentir dans tous les monuments<br />

qui nous en restent 9 celui qui servit <strong>de</strong> modèle aux<br />

autres nations <strong>de</strong> l'Europe, et qui a fixé le caractère<br />

<strong>de</strong> l'urbanité française. C'est encore à ces traits<br />

que l'on reconnaît aujourd'hui <strong>la</strong> bonne compagnie,<br />

celle qui mérite véritablement ce nom. Sans doute<br />

<strong>la</strong> nation ne renoncera jamais à l'un <strong>de</strong>s avantagea<br />

les plus aimables qui l'aient distinguée jusqu'ici. On<br />

ne détruira pas le respect <strong>de</strong>s convenances sociales,<br />

sous prétexte d'égalité, et l'on ne nous dtera pas <strong>la</strong><br />

politesse <strong>de</strong>s nations civilisées ni <strong>la</strong> décence <strong>de</strong>s<br />

moeurs et <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage, sous prétexte <strong>de</strong> nous rendre<br />

ta gaieté. Ce serait au contraire une preuve que nous<br />

Taurions per<strong>du</strong>e, cette gaieté dont on nous parle,<br />

si l'os n'en pouvait plus avoir qu'aux dépens <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pu<strong>de</strong>ur publique. Ce genre <strong>de</strong> gaieté est heureusement<br />

celui <strong>de</strong> tous dont on se dégoûte le plus vite.<br />

Ceux qui seraient tentés d'y avoir re<strong>cours</strong> y renonceront<br />

bientôt f ne fût-ce que par amour-propre. On<br />

y réussit à peu <strong>de</strong> frais; et c'est <strong>de</strong> toutes les sortes<br />

d'esprit celle dont les sots tirent le plus <strong>de</strong> parti.<br />

Ainsi, quoique d'honnêtes gens, entraînés-par <strong>la</strong><br />

curiosité ou par <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, puissent s'amuser un moment<br />

<strong>de</strong> ces spectacles subalternes, comme on s'arrête<br />

quelquefois dans <strong>la</strong> ne <strong>de</strong>vant le théâtre <strong>de</strong><br />

Polichinelle, ils ne croiront jamais que <strong>la</strong> gaieté<br />

française aille prendre <strong>de</strong>s leçons â ces farces grossières<br />

9 qui auraient été affilées dans les <strong>cours</strong> <strong>de</strong><br />

Tenailles par les valets <strong>de</strong> pied <strong>de</strong> Louis XIV.<br />

•moi n. — De <strong>la</strong> ccnéite <strong>la</strong>tine.<br />

Il s'y a point, à proprement parler, <strong>de</strong> comédie<br />

<strong>la</strong>tine, puisque les <strong>la</strong>tins ne firent que tra<strong>du</strong>ire ou<br />

imiter les pièces grecques ; que jamais ils ne mirent<br />

sur le théâtre un seul personnage romain ; et que $<br />

dans tontes leurs pièces, c'est^toujours une ville<br />

grecque qui est le ieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène. Qu'est-ce que<br />

ISO<br />

<strong>de</strong>s comédies tartines où rien n f est <strong>la</strong>tin que le <strong>la</strong>ngage<br />

? Ce n'est pas là sans doute un spectacle national.<br />

Le nêtre lui-même n'a mérité ee titre que <strong>de</strong>puis<br />

Molière : avant loi, toutes nos pièces étaient espagnoles<br />

, parce que Lopez <strong>de</strong> Vega, Caldéron, Roxas,<br />

et d'autres, ftirent les premiers modèles <strong>de</strong> nos<br />

auteurs. Cest un tribut que payent en tout genre<br />

les nations qui viennent les <strong>de</strong>rnières dans <strong>la</strong> carrière<br />

<strong>de</strong>s arts : maïs quand on arrive après les autres,<br />

il reste une ressource ; c*est d'aller plus loin qu' eux ;<br />

et les Français ont eu cette gloire, qui a manqué<br />

aux Romains.<br />

Ennius, Nevfus, Ceeilioi, Aquîlius, et beaucoup<br />

d'autres, tous imitateurs <strong>de</strong>s Grecs, ne sont point<br />

venus jusqu'à nous. Il nous reste vingt et une pièces<br />

<strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte, qui écrivait dans le temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />

guerre punique. Épichaf me, Diphilus, Dénriophile,<br />

et Philémon $ furent ceux dont il emprunta le<br />

plus. Si l'on en juge par ses imitations, on n'aura<br />

pas une gran<strong>de</strong> idée <strong>de</strong> ses modèles. Le comique<br />

<strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte est très-défectueux : il est si borné dans<br />

ses moyens, si uniforme dans son ton, qu'on peut<br />

Fappeler un comique <strong>de</strong> convention, tel qu'a été<br />

longtemps celui <strong>de</strong>s Italiens, c'est-à-dire, un canevas<br />

dramatique retourné en plusieurs façons, mais<br />

dont les personnages sont toujours les mêmes. C'est<br />

toujours une jeune courtisane, un vieil<strong>la</strong>rd ou une<br />

vieille femme qui <strong>la</strong> vend, un jeune homme qu! Fa*<br />

chète; et qui se sert d'un valet fourbe pour tirer <strong>de</strong><br />

l'argent <strong>de</strong> ton père ; joignez-y un parasite, espèce<br />

<strong>de</strong> comp<strong>la</strong>isant <strong>du</strong> plus bas étage 9 et dont le méfier,<br />

à Athènes comme à Rome, était d'être prêt à tout<br />

faire pour le patron qui lui donnait à manger; <strong>de</strong><br />

plus, un soldat fanfaron, dont <strong>la</strong> jactance extra va*<br />

pute et burlesque a servi <strong>de</strong> modèle aux eapîtam,<br />

aux maêmmorm <strong>de</strong> notre vieille comédie, qui ne reparaissent<br />

plus aujourd'hui, même sur nos tréteaux :<br />

voilà les caractères qu! se représentent sans cesse<br />

dans les pièces <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte. Cette uniformité <strong>de</strong> personnages<br />

et d'intrigues n'est que fastidieuse; celle<br />

<strong>du</strong> style et <strong>du</strong> dialogue est dégoûtante. Tous ces<br />

gens-là n'ont qu'un <strong>la</strong>ngage dans toutes les situations<br />

; c*est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouffonnerie, souvent <strong>la</strong> plus<br />

p<strong>la</strong>te et <strong>la</strong> plus grossière. Vieil<strong>la</strong>rds, jeunes gens,<br />

femmes, esc<strong>la</strong>ves, soldats, parasites, tous sont <strong>de</strong>s<br />

bouffons qui ne s'expriment guère que par <strong>de</strong>s<br />

quolibets et <strong>de</strong>s turlupina<strong>de</strong>s. 11 paraît que P<strong>la</strong>ute<br />

et ceux qui! a suivis se sont entièrement mépris<br />

sur l'espèce <strong>de</strong> gaieté qui doit régner dans Sa comédie<br />

, et sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie qui convient au théâtre.<br />

Elle doit être naturelle et conforme à <strong>la</strong> situation<br />

et au caractère. Les personnages d'une comédie ne<br />

sont point <strong>de</strong>s ba<strong>la</strong>dins qui ne songent qu'à faire

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