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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

alors brouillé avec Râdne : m moment <strong>du</strong>t lire bien<br />

doux à Molière.<br />

On s'occupait, quelque temps avant sa mort, à<br />

lui faire quitter fêtai <strong>de</strong> comédien, pour le foire<br />

entrer à ' l'Académie finnoise. Cette compagnie,<br />

qui n'a jamais éloigné volontairement aucun talent<br />

supérieur, a <strong>du</strong> moins adopté Molière, dès qu'elle<br />

fa pu, pr l'hommage le plus éc<strong>la</strong>tant. Elle lui -a<br />

décerné un éloge public, et a p<strong>la</strong>cé son buste chef<br />

die, avec culte inscription également bonoraUe<br />

pour nous et pour lui :<br />

eàsa gtolra; 11 mampitt à <strong>la</strong> nôtre.<br />

CHAPITRE VIL — Des comiques d'un ordre<br />

inférieur, dam k siècle <strong>de</strong> Louis XIF.<br />

«criai <strong>mont</strong>as. — Qaiaaalt, Urueys et Paltpnl, Haras,<br />

Campistn» » Bonnult.<br />

Le premier qui, proitant <strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> Molière,<br />

quitta le romanesque et le bouffon pour une intrigue<br />

raisonnable et <strong>la</strong> conversation <strong>de</strong>s honnêtes gens,<br />

iit le jeune Quinault, qui donna sa Mère coquette,<br />

en 1665, sous le titre <strong>de</strong>s Jmants brmdiMs, Elle<br />

s'est toujours soutenue au théâtre', et fait ?oir que<br />

Quinault a?ail plus d'un talent : elle est bien con<strong>du</strong>ite;<br />

les caractères et <strong>la</strong> versification sont d'une<br />

touche naturelle, mais un peu faible. On y voit on<br />

marquis ridicule, avantageux et poltron, sur lequel<br />

Régnard paraît avoir mo<strong>de</strong>lé celui <strong>du</strong> Jemewr, particulièrement<br />

dans <strong>la</strong> scène où le marquis refuse <strong>de</strong><br />

se battre. 11 y a <strong>de</strong>s détails agréables et ingénieux,<br />

.et <strong>de</strong> bonnes p<strong>la</strong>isanteries : telle est celle d'un valet<br />

fripon à qui Ton donne un diamant pour déposer<br />

que le mari <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère coquette est mort am In<strong>de</strong>s,<br />

quoiqu'il n 9 en soit rien. 11 doute un peo <strong>du</strong> diamant :<br />

il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il est bon; on le lui garantit.<br />

Eftiu (dtt-U} §'U s'est pas boa, le défunt n'est pu mort<br />

Les <strong>de</strong>ui jeunes amants, Isabelle et Acante, sont<br />

un peu brouillés par <strong>de</strong> faut rapports <strong>de</strong> valets<br />

que <strong>la</strong> mère coquette a gagnés. Cependant Isabelle<br />

voudrait s'ée<strong>la</strong>ireir davantage : elle écrit pour<br />

Acante ce billet qui est très-joli :<br />

le louerais jom parler, et sou voir seuls tous <strong>de</strong>ux.<br />

Js ne conçois pas bien pourquoi Je te désire :<br />

Je ne sais ce que je vous vaux ;<br />

Mali n'auriez- vous rien à me Ère ?<br />

Brueys et Pa<strong>la</strong>prat Y nés tous <strong>de</strong>ux dans le midi<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> France, et qui avaient <strong>la</strong> vivacité d'esprit et<br />

<strong>la</strong> gaieté qui caractérisent les habitants <strong>de</strong> ces belles<br />

provinces, réunis tous <strong>de</strong>ux par <strong>la</strong> conformité d'humeur<br />

et <strong>de</strong> goût, et qui mirent en commun leur<br />

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travail et leur talent, sans que cette association<br />

délicate ait jamais pro<strong>du</strong>it entre eux <strong>de</strong> jalousie,<br />

nous ont <strong>la</strong>issé <strong>de</strong>ux pièces d'un comique naturel<br />

et pi. Je ne prie pas <strong>du</strong> Mvet, dont le fond est<br />

imité'<strong>de</strong> l'Ewmqw <strong>de</strong> Térence : il y a <strong>de</strong>s situations<br />

que le jeu <strong>du</strong> théâtre fait ?aloirY mais <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite<br />

est défectueuse. La pièce, qui a cinq actes, pourrait<br />

Unir au troisième. 11 j a un rêîe <strong>de</strong> père d'une<br />

cré<strong>du</strong>lité outrée, et <strong>la</strong> scène <strong>du</strong> valet déguisé en<br />

mé<strong>de</strong>cin est une charge trop forte. Je veux parler<br />

d'abord <strong>de</strong> tJmmd Patelin, remarquable par son<br />

ancienneté originaire 9 puisqu'il est <strong>du</strong> temps <strong>de</strong><br />

Charles VU, et qui n f a rien per<strong>du</strong> <strong>de</strong> sa naïveté<br />

quand on Ta rajeuni dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>du</strong> siècle <strong>de</strong><br />

Louis XIV. C'est un monument curieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaieté<br />

<strong>de</strong> notre ancien théâtre, et en même temps <strong>de</strong> sa<br />

liberté; car il paraît certain que ce fut un personnage<br />

réel que ce Patelin joué sur les tréteaux <strong>du</strong><br />

quinzième siècle. Brueys et Pa<strong>la</strong>prat l'ont fort embelli;<br />

mais les scènes principales et plusieurs <strong>de</strong>s<br />

meilleures p<strong>la</strong>isanteries se trouvent dans le vieux<br />

français <strong>de</strong> <strong>la</strong> farce <strong>de</strong> Pierre Patelin, imprimée<br />

en 1666, sur un manuscrit <strong>de</strong> Tan 1460 sous ce<br />

titre : Des tromperies ftmesêes et subtilités <strong>de</strong><br />

mature Pierre PateMn, mvœat. Pasquier en parle<br />

dans ses Meckerckes avec <strong>de</strong>s éloges exagérés, qui<br />

font voir que Ton ne connaissait encore rien <strong>de</strong><br />

mieux. Mais le témoignage <strong>de</strong>s auteurs qui ont travaillé<br />

sur les antiquités françaises; et les tra<strong>du</strong>c»<br />

tions que Ton it <strong>de</strong> cette pièce en plusieurs <strong>la</strong>ngues f<br />

prouvent qu'elle eut <strong>de</strong> tout temp us très-grand<br />

succès, parce qu'en effet le naturel a le même droit<br />

sur les hommes dans tous les temp, et qu'il y en<br />

a beaucoup dans cet ouvrage. Sans doute le procès<br />

<strong>de</strong> M. Guil<strong>la</strong>ume contre un berger qui lui a volé <strong>de</strong>s<br />

moutons, et les ruses <strong>de</strong> Patelin pour lui escroquer<br />

six aunes <strong>de</strong> drap, sont un fond bien mince et qui<br />

est proprement d'un comique popu<strong>la</strong>ire : le juge<br />

Bartholin, qui prend une tlte <strong>de</strong> veau pur une tête<br />

d'homme, est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même force qu'Arlequin qui<br />

mange <strong>de</strong>s chan<strong>de</strong>lles et <strong>de</strong>s bottes. Mais Patelin<br />

et sa femme, M. Guil<strong>la</strong>ume et Agnelet, sont <strong>de</strong>s<br />

personnages pris dans <strong>la</strong> nature, et le dialogue est<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> vérité. 11 est plein <strong>de</strong> traits naïfs<br />

et p<strong>la</strong>isants, qu'on a retenus et qui sont passés en<br />

proverbes. On rira toujours <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène où le marchand<br />

drapier confond sans cesse son drap et ses<br />

moutons; et celle où Patelin, à force <strong>de</strong> patel<strong>la</strong>age<br />

(car son nom est <strong>de</strong>venu celui d'un caractère), vient<br />

I bout d'attraper une pièce <strong>de</strong> drap, sans <strong>la</strong> pyêr,<br />

à un vieux marchand avare et retors, est menée<br />

avec toute l'adresse possible. Il y a bien loin <strong>du</strong> moment<br />

où le rusé fripon abor<strong>de</strong> M. Guil<strong>la</strong>ume, dont

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