la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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ait<br />
C0U1S DE UTTMATUBE.<br />
humain, ém% m qw est arrifé à ceux <strong>de</strong> Tacite.<br />
Plusieurs siècles après lui f un homme <strong>de</strong> son nom<br />
fut élevé an trame <strong>de</strong>s Césars, et9 se glorifiant <strong>de</strong><br />
lui appartenirY quoiqu'on en doutât, il ût transcrire<br />
avec le plus grand soin tout ce qui était sorti <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
plume <strong>de</strong> cet inimitable historien, et le û|déposer<br />
dans <strong>de</strong>s bibliothèques publiques. U ordonna <strong>de</strong> plus<br />
que tous les dii ans on en renou¥elât les copies.<br />
Tous ces soins n'ont pu nous eonser?er ses écrits,<br />
dont <strong>la</strong> plus gnn<strong>de</strong> partie est mmw f objet <strong>de</strong> nos<br />
regrets.<br />
Parmi les historiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> première c<strong>la</strong>sse on paît<br />
encore p<strong>la</strong>cer Quinte-Curées quoique inférieur à ceux<br />
dont je tiens <strong>de</strong> parler. On ne sait pas bien précisément<br />
dans quel temps il a écrit; il est très-?raiscmb<strong>la</strong>bte<br />
que c'était sous ¥espasien. Il a renfermé dans<br />
un faisait assez court <strong>la</strong> fie d'Alexandre, divisée en<br />
dii livres. Freinshemins a suppléé les <strong>de</strong>ux premiers<br />
et une partie <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier. Le style <strong>de</strong> Quinte-Cnrce<br />
est très-oraé et très-fleuri; mais il confient à son<br />
sujet : il écri?ait <strong>la</strong> vie d'un homme extraordinaire.<br />
Il excelle dans tes <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> batailles : sa harangue<br />
<strong>de</strong>s Scythes est un morceau fameux. 11 a <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
noblesse et <strong>du</strong> feu quand il raconte ; mais lorsqu'il<br />
fait parler ses personnages, il <strong>la</strong>isse trop paraître<br />
fauteur. On Faccuse aussi, et avec raison, <strong>de</strong> plusieurs<br />
erreurs <strong>de</strong> dates et <strong>de</strong> géographie, et en tout<br />
il est beaucoup moins exact qtfArrien, qui a servi<br />
à le rectifier. Mais je ne sais si Ton est bien fondé<br />
à croire qull s'est permis, dans l'histoire <strong>de</strong> son<br />
héros, beaucoup d'embellissements romanesques.<br />
Alexandre, chez les autres historiens qui ont parlé<br />
<strong>de</strong> lui 9 ne paraît pas moins singulier, moins outré<br />
en tout que dans Qa<strong>la</strong>le-Curce ; et il y a <strong>de</strong>s hommes<br />
dont l'histoire véritable ressemble fort à un<br />
roman, seulement parce que ces hommes-là ne ressemblent<br />
pas aux autres. Dans ce siècle même, Charles<br />
XII Ta suffisamment proufé. QuInte-Curee ne<br />
dissimule et n'a aucun intérêt <strong>de</strong> dissimuler aucune<br />
<strong>de</strong>s fautes ni <strong>de</strong>s mauvaises qualités «FAlexandre..<br />
11 dit le bien et le mal, et n'a point le ton d'un enthousiaste,<br />
ni même d'un panégyriste. Quant à <strong>la</strong><br />
vérité <strong>de</strong>s faits, si Ton cassai ta une dissertation <strong>de</strong><br />
Tita-Iif e sur le succès qu'aurait pu avoir Alexandre<br />
s'il eût porté ses armes en Italie, on verra que les<br />
Romains s'étaient procuré <strong>de</strong> très-bons mémoires<br />
sur ce prince, lorsqu'ils conquirent <strong>la</strong> Macédoine.<br />
Simon u.—Bei harasgiies, et <strong>de</strong>là différence <strong>de</strong> systèmes<br />
entre les histoires «<strong>de</strong>nses et <strong>la</strong> natte*<br />
11 me reste à justifier les anciens sur ces harangues<br />
que Ton regar<strong>de</strong> comme <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> l'art oratoire<br />
plutôt que comme <strong>de</strong>s monuments historiques, li se<br />
paat en effet que Fabius et Saîp<strong>la</strong>a n'aient pas dît<br />
dans le sénat précisément les mêmes choses que<br />
Tite-Live leur <strong>la</strong>it dire; mais s'il est très-probable<br />
qnlls ont dû et qnlls ont pu parler à peu près dans<br />
le même sens, je ne fais pas <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment au reproche<br />
que Ton fait à l'historien. En ce genre, ce<br />
me semble, il est permis d'embellir sans être accusé<br />
<strong>de</strong> controu?er. Si Fauteur fusait parler avec éloquence<br />
<strong>de</strong>s hommes qui n'eussent pas été faits pour<br />
en avoir, qui n'eussent jamais eu aucune habitu<strong>de</strong><br />
<strong>du</strong> talent <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole, c'est alors que l'historien ferait<br />
le rôle <strong>de</strong> romancier. Mais c'est ici qu'il faut se<br />
rappeler l'observation que j'ai déjà eu lieu <strong>de</strong> faire,<br />
que nos moeurs et notre'é<strong>du</strong>cation ne sont pas à<br />
beaucoup près celles <strong>de</strong>s anciennes républiques. U<br />
est reconnu qu'Athènes était gouvernée par ses orateurs<br />
; que rien d'important ne se décidait sans eux ;<br />
que dans toute <strong>la</strong> Grèce, excepté peut-être Lacédémone,<br />
Fart <strong>de</strong> parler était une <strong>de</strong>s connaissances<br />
les plus essentielles, les pi us nécessaires à un citoyen,<br />
une <strong>de</strong> celles que Ton cultivait avec le plus <strong>de</strong> soin<br />
dans <strong>la</strong> première jeunesse, et <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus importante<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. A Rome, quiconque aspirait aux<br />
charges <strong>de</strong>vait être en état <strong>de</strong> s'énoncer avec facilité<br />
et avec grâce <strong>de</strong>vant trois ou quatre cents sénateurs,<br />
<strong>de</strong> savoir motiver et soutenir un avis que Ton attaquait<br />
avec toute <strong>la</strong> liberté républicaine, quelquefois<br />
<strong>de</strong> pérorer <strong>de</strong>vant rassemblée <strong>du</strong> peuple romain,<br />
composée d'une multitu<strong>de</strong> innombrable et tumultueuse.<br />
Les accusations et les défenses judiciaires<br />
étant un <strong>de</strong>s grands moyens d'illustration, les membres<br />
les plus considérables <strong>de</strong> l'État cherchaient à<br />
se signaler en dénonçant <strong>de</strong>s coupables ou en les défendant.<br />
Leur but était <strong>de</strong> se faire connaître» au<br />
peuple, et l'ambition cherchait <strong>de</strong>s inimitiés éc<strong>la</strong>tantes.<br />
Toutes les petites discussions eaateatïeases<br />
étaient portées à <strong>de</strong>s tribunaux subalternes, tel que<br />
celui <strong>du</strong> préteur et <strong>de</strong>s eeutumvirs; niais toutes les<br />
gran<strong>de</strong>s causes se p<strong>la</strong>idaient <strong>de</strong>vant un certain nombre<br />
<strong>de</strong> chevaliers romains, choisis par <strong>la</strong> loi, et assujettis<br />
à un serment, dans un vaste foram rempli<br />
d'une foulé attentive; et celui qui s'exposait à -cette<br />
périlleuse épreuve <strong>de</strong>vait être bien sir <strong>de</strong> ses talents<br />
et <strong>de</strong> sa fermeté. C'était là qu'un homme était jugé<br />
pour <strong>la</strong> vie : ses espérances et son élévation dépen*<br />
liaient <strong>de</strong> l'opinion qu'il donnait <strong>de</strong> lui es se mon*<br />
trant dans cette lice aussi bril<strong>la</strong>nte que dangereuse.<br />
Les enfants <strong>de</strong> famille y assistaient assidûment, et<br />
e'estee qu'on appe<strong>la</strong>it lesexercices<strong>du</strong> fonum r.e'é*<br />
taïaut ceux <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> jeunesse, ainsi que les tra*<br />
vaux <strong>du</strong> Champ <strong>de</strong> Mars.