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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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622<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

Ltelt@, Indigne Romain. qui » né pour reac<strong>la</strong>vage.<br />

Saura <strong>de</strong> Ile» tyrans, soigneux <strong>de</strong> f outrager,<br />

Et trahis <strong>de</strong>s amis qui vou<strong>la</strong>ient te veegsr !<br />

Quel sera contre mot l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> leur tolère?<br />

Je leur al garanM ta fol ferme et sincère ;<br />

Fat ri <strong>de</strong> leurs soupçons, fat retenu leurs bras ,<br />

Qui t'al<strong>la</strong>ient prévenir par ton juste trépas.<br />

A leur sage conseil que n'ai-Je pu ma rendre?<br />

Ton sang ¥a<strong>la</strong>il alors qu'on daignât Se répandre ;<br />

Il aurait assuré falfet <strong>de</strong> mon <strong>de</strong>ssein ;<br />

Mais sans fruit maintenant il souillerait ma mais ;<br />

Et, trop vil à mes yeux pour kver ton offense,<br />

le <strong>la</strong>isse à tes remords le soin <strong>de</strong> ma vengeance.<br />

les beautés <strong>de</strong> Rome smmêe qui appartenaient plus<br />

à l'histoire qu'à <strong>la</strong> tragédie. Mmûm, à <strong>la</strong> représentation,<br />

est bien autrement intéressant que CaH-<br />

Uim; et CaUlina nous frappe davantage à <strong>la</strong> lecture :<br />

c'est que le fond <strong>de</strong> Manlius est riche en situations,<br />

et d'un bout à l'autre très-tragique; et que Momt<br />

sauvée est riche en développements <strong>de</strong> caractères et<br />

en traits d'éloquence. Si <strong>la</strong> fosse avait su écrire<br />

comme Voltaire, Manlius serait un ouvrage <strong>du</strong> premier<br />

ordre ; et Home sauvée serait au nombre <strong>de</strong>s<br />

Quel profond dédain dans ce vers :<br />

chefs-d'œuvre <strong>de</strong> l'auteur, si l'intérêt répondait au<br />

Ton sang va<strong>la</strong>it alors qu'on daignât le répandre. style.<br />

« A tout prendre f cette pièce ne me parait que <strong>la</strong> €m$-<br />

La pièce d'ailleurs est trop coalise pour avoir bepimimm <strong>de</strong> Venise, <strong>de</strong> Fabbé <strong>de</strong> SalnMtéal, eltée. •<br />

soin d'une analyse plus détaillée. ManUm et Vm-<br />

Certainement <strong>la</strong> Fosse a tracé son p<strong>la</strong>n sur <strong>la</strong><br />

ces<strong>la</strong>s me paraissent les <strong>de</strong>ux premières pièces <strong>du</strong><br />

Fmm sauvée d'Otway, comme celui-ci sur l'ou­<br />

second rang, dans le siècle passé. L'une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

vrage <strong>de</strong> Fabbé <strong>de</strong> Saint-Réal. La différence <strong>de</strong>s<br />

remporte <strong>de</strong> beaucoup par <strong>la</strong> sagesse <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n et <strong>la</strong><br />

temps et <strong>de</strong>s mœurs a dû es mettreune gran<strong>de</strong> dans<br />

versification ; riiais fautre ba<strong>la</strong>nce ces avantages par<br />

l'exécution, et une conspiration <strong>du</strong> premier siècle<br />

le pathétique <strong>de</strong> quelques situations.<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> république romaine ne pouvait guère ressem­<br />

Cependant Pe<strong>la</strong>ge que j'ai fait <strong>de</strong> Manëm, éloge bler à <strong>la</strong> conspiration <strong>du</strong> marquis <strong>de</strong> Bedmar : les<br />

qui s'accor<strong>de</strong> en tout avec <strong>la</strong> réputation dont il raisons en sont palpables pour tout homme un; peu<br />

jouit <strong>de</strong>puis près d'un siècle, et avec l'opinion <strong>de</strong> instruit. La Fosse a-t-îl gâté le sujet en Fappropriaat<br />

tous les gens <strong>de</strong> lettres que j'ai connus, m'oblige <strong>de</strong> aux mœurs <strong>de</strong> Rome, à Fépoque <strong>de</strong> Camille? C'est<br />

rappeler ici <strong>la</strong> critique qu'en a faite Yoltaire dans ce queje suis fort loin <strong>de</strong> penser. Voyons comment<br />

use lettre écrite en 1761 * f et qui pourrait diminuer Voltaire essaye <strong>de</strong> soutenir cette assertion.<br />

beaucoup <strong>de</strong> ridée qu'on a <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce , si cette criti­<br />

« I<br />

que était aussi motif ée qu'elle est <strong>du</strong>re et tranchante.<br />

11 ne m'est pas permis <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser <strong>de</strong> celé un avis aussi<br />

digne <strong>de</strong> considération que celui <strong>de</strong> Yoltaire : le lecteur<br />

jugera les objections et les réponses « et son<br />

goût et ses réflexions déci<strong>de</strong>ront.<br />

Il faut savoir d'abord quelle fut f occasion <strong>de</strong> cette<br />

censure : ce fut l'idée d'une concurrence qui <strong>du</strong>t naturellement<br />

donner un peu d'humeur et d'ombrage<br />

à un écrita<strong>la</strong> qui en était fort susceptible , et qui ne<br />

souffrait <strong>de</strong> eoaiparalsoa qa*a?ec les maîtres en tout<br />

genre. 11 avait envoyé <strong>de</strong> Berlin à Paris sa tragédie<br />

<strong>de</strong> Borne sauvée, à l'instant même où Ton avait remis<br />

Matdius pour le début <strong>du</strong> fameux Lckaia , et<br />

avec beaucoup <strong>de</strong> succès. M. d'Argeotal hasarda <strong>de</strong><br />

témoigner à son illustre ami quelque inquiétu<strong>de</strong> sur<br />

cette coïnci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pièces républicaines ; rou<strong>la</strong>nt<br />

toutes <strong>de</strong>ux sur une conspiration. Voici <strong>la</strong> réponse<br />

<strong>de</strong> Voltaire.<br />

« Je Tiens <strong>de</strong> lire Manlius : il fa <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s beautés,<br />

mais elles saat plus historiques que tragiques. »<br />

Je crois le contraire : l'analyse qu'on tient <strong>de</strong> lire<br />

a dû le prou? er, et f effet constant <strong>du</strong> théâtre Fa confirmé.<br />

Ce qui est remarquable, c'est que ce même<br />

effet <strong>du</strong> théâtre a fait ?oir que c'étaient au contraire<br />

* Voyei <strong>la</strong> Côrrap&Mmmcê §émêmle9 tome in, édlUon <strong>de</strong><br />

Kehl, page 334.<br />

e La conspiration n'est ni asses gran<strong>de</strong> f ni asso terrible;<br />

ni asseï détaillée. »<br />

La vérité .est que Rome étant plus gran<strong>de</strong> <strong>du</strong><br />

temps <strong>de</strong> Cîcéroa et <strong>de</strong> César que <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Camille<br />

et <strong>de</strong> Manlius, tous les détails quelconques<br />

doivent avoir aussi plus <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur : mais ils soot<br />

dans Manlius tout ce qu'ils peuvent être, à moins<br />

d'être exagérés ; et quant à <strong>la</strong> terreur, qu'on relise <strong>la</strong><br />

scène où Valérie , en représentant Rome livrée aux<br />

conjurés, épouvante Serviiius lui-même <strong>de</strong>s complots<br />

qu'il prtage, et l'on verra si cette conjuration<br />

s'est pas assez terribk.<br />

Il y a ici une erreur où Voltaire n'est tombé que<br />

parce qu'il avait alors sous les yeux son propre ouvrage<br />

bien plus que les principes <strong>de</strong> Fart que d'ailleurs<br />

il connaissait mieux que personne. Les êétaUs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> conjuration tiennent en effet bien plus <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

chez lui que dans <strong>la</strong> Fosse. Pourquoi ? C'est que chef<br />

lui le danger <strong>de</strong> Rome est Fobjet principal, et qu'il<br />

n'y a qu'une seule situation, celle <strong>du</strong> quatrième aetef<br />

où les principaux personnages soient eux-mêmes en<br />

danger. Mais c'est précisément l'inconvénient <strong>de</strong> sa<br />

pièce et <strong>de</strong> son p<strong>la</strong>u : jamais un danger public f le<br />

danger d'un peuple ne peut occuper et attacher longtemps<br />

, si vous n'y joignez un danger très^procbaui<br />

et très-menaçant, dans <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s personnages<br />

principaux ; car les affections indivi<strong>du</strong>elles sont tou-

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