la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COtJBS Dl' UITtÊATOBEL<br />
Grècef ta il lofera mourir. )d s'établit une <strong>de</strong> ces<br />
scène&<strong>de</strong> coiitgo? erses dont Euripi<strong>de</strong> a?ait rapporté<br />
le §ûtlt|e Vémleâes philosophes, et dont il infecta<br />
le théâtjed'Athènes, d'autant plus facilement que lés-<br />
Grecs, nattirelléiftieDt subtils et ^sputeurs, aimaient<br />
assez ces sortes <strong>de</strong> scènes, opposées ejf général à<br />
l'esprit dramatique, qui veut beaucoup plus <strong>de</strong> sentiments<br />
qmàe raisonnements, et qui n'admet oeuxcl<br />
que dps les situations tranquilles, encore a?ee<br />
beaucoup d'art et <strong>de</strong> ftiesure. Ééné<strong>la</strong>s accuse Hélène;<br />
rfélènrse défend : double p<strong>la</strong>idoyer suivi<br />
d'un troisième, car Hécube prend <strong>la</strong> parole; elle<br />
se charge if confondre <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> Méné<strong>la</strong>s, et<br />
paraît en venir à'bont ; mais encore^une fois, à<br />
quoi tout ce<strong>la</strong> fend-jf? Qu'à distraire le spectateur,<br />
pendant un acte entier s <strong>de</strong> l'intérêt qui l'occupait , •<br />
et <strong>du</strong> sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille '<strong>de</strong>JPriam.<br />
Un <strong>de</strong>s détails les plus bril<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> cette pièce t<br />
c'est <strong>la</strong>-prophétie <strong>de</strong> Cûssandre, que ChAteaubrun<br />
a imitée assez heureusement, et qui, dans <strong>la</strong> nouveauté<br />
f contribua beaucoup au succès <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce,<br />
et commença <strong>la</strong> réputation <strong>de</strong> <strong>la</strong> célèbre C<strong>la</strong>iron.<br />
M'oublions pas que dans k$ Troyomei, comme<br />
dans les autres pièces <strong>du</strong> même auteur, on ne manque<br />
pas <strong>de</strong> retroufer le prologue, qui est <strong>de</strong> -règle<br />
chez rai. Les interlocuteurs sont Neptune et Minerve/qui<br />
conviennent <strong>de</strong> faire tout le mal possible<br />
à <strong>la</strong> flotte <strong>de</strong>s Grecs.<br />
bans Héetée, <strong>du</strong> moins i le prologue ne se fait<br />
pas pr une divinité : c'est fombre <strong>de</strong> Polydore, lis<br />
<strong>de</strong> Priaai, qui fient raconter toute son histoire, et<br />
prédire tout ce que les spectateurs verront. 11 a<br />
été assassiné par-Polymnestor, roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> presqu'île<br />
<strong>de</strong>"Thrace9 à qui Priant l'avait confé. Les Grec»,<br />
ait retour <strong>de</strong> Troie, abor<strong>de</strong>nt dans cette presqulle.<br />
Héeube, leur prisonnière est avec eax^ et l'ombre<br />
d'Achille <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le sacrifice <strong>de</strong> Polyxène, sans<br />
lequA les Grecs ne pourront pas sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Thrace.<br />
Ces! cette même Polysène qu'Euripi<strong>de</strong> n'a pas<br />
wujo fa|re paraître dans Im Hray«wtef, quoi*<br />
qu'elle y fait immolée, mais sur <strong>la</strong>quelle il a épuisé<br />
ici taales les ressources <strong>de</strong> son génie et toutes les<br />
richesses <strong>de</strong> son éloquence. Les trois premiers actes<br />
<strong>de</strong> cette'pièce sont peut-être ce qu'il a fuit <strong>de</strong> pias<br />
touchant cl <strong>de</strong> plus parfait. Les <strong>de</strong>ui <strong>de</strong>rniers ne<br />
contiennent que <strong>la</strong> vengeance que tire Hécube <strong>de</strong><br />
Polymnestor;. et cette secon<strong>de</strong> action 9 absolument<br />
indépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> première, a <strong>de</strong> plus l'inconvénient<br />
d'être infiniment moins intéressante. Laismm%<br />
<strong>de</strong> cité, pouf ne nous occuper que <strong>de</strong> Polyièné.<br />
La scène aè Ulysse vient <strong>la</strong> chercher pour<br />
<strong>la</strong> con<strong>du</strong>ire à <strong>la</strong> mort où les Grecs font condamnée,<br />
les dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> cette princesse et <strong>de</strong> sa mère, leur<br />
séparation déchirniti, le rélf màae dUlyate, pi,<br />
dans un ministère odieux, conserve <strong>la</strong> dignité convenable,<br />
tout est traité atec une supériorité digne<br />
<strong>de</strong>s plus grands modèles. Hécube <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Ulysse<br />
<strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> l'interroger; car elle est captive et<br />
prie à un <strong>de</strong> ses maîtres. Elle lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il se<br />
souvient qu'étant venu I-Troie, déguisé et chargé<br />
<strong>du</strong> dangereux personnage d'espion, il jfat «reconnu<br />
par Hélène, qui vint faire part à Hécube <strong>de</strong> cette<br />
découverte. Héeube n'avait qu'à dire un mot, et<br />
Ulysse était per<strong>du</strong>. Il implora sa pitié, et obtint<br />
d'elle" qu'elle le <strong>la</strong>issât partir. Ulysse convient <strong>de</strong><br />
tout; et l'on sent quel avantage cet aveu donne à<br />
Hécube, qui loi a sauvé <strong>la</strong> vie.<br />
Souviens-toi <strong>de</strong> m Jour m, d'eue vol* traÉblmto,<br />
Et pressanl mes genoux d'une main suppliante,<br />
Pile et défiguré par l'effroi <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort,<br />
A ma seule pitié ta remettais ton sort<br />
Je reçus <strong>la</strong> prière, et J'épargnai ta vie;<br />
Je te ii échapper d'une terre ennemie.<br />
Te êafs à mes toutes ce Jour qui <strong>la</strong>it pour toi,<br />
Et tu peux à ce-point être ingrat envers smït<br />
Ulysse outrage ainsi ma fortune abattue !<br />
SII vit, c'est par moi seule t et c'est lui qui me tse !<br />
11 m'arrache ma Elle I àh ! cruel ! et pourquoi?<br />
Quel dieu vous a dicté cette exécrable loi?<br />
Est-ce Achille aujourd'hui qui veut une vieieeef<br />
Dont les mânes vtnsjrars t'arment contre le crime t<br />
Et Men ! sacrifiez à l'ombre d'un héros<br />
L'auteur <strong>de</strong> son trépas f Fauteur <strong>de</strong> tous nos maux ;<br />
Saeritaz Hélène, odieuse furie,<br />
Et non moins qu'aux Troyeus t fatale à sa patrie.<br />
Si d'une offran<strong>de</strong> illustre Achille est si f<strong>la</strong>tté,<br />
§11 veut voir sur sa tombe immoler <strong>la</strong> beauté,<br />
Hélène, à qui les dieux font animée eu partage,<br />
Remporte enenr sur nous ce fnaesie avantage;<br />
Hélène est plus coupable et plus Mie à <strong>la</strong> fois.<br />
O vous à qui j'adresse une débile vol*,<br />
Tous gue j'ai TU jadis, dans un jour <strong>de</strong> détresse t<br />
Prosterné <strong>de</strong>vant moi, supplier ma vieillesse¥<br />
Que Fénjaité ¥ous parle et soit Juge entre nous<br />
Faites |ci pour moi ce que J'ai fait pour vous !<br />
Fat p<strong>la</strong>int votre Infortune, et vous voyez <strong>la</strong> nôtre;<br />
Tous pressiez cette main , et Je presse Sa votre.<br />
Hécube est à vos pieds; Hécube est mère % hé<strong>la</strong>s I<br />
Hé<strong>la</strong>s ! n'arrachez point ma fille <strong>de</strong> mes bras ;<br />
Me versez point son sang ; c'est assez <strong>de</strong> carnage.<br />
ifes revers sont affreux : ma §!§e Ses sotsleap,<br />
Console mes vieux ans, adoucit mes douleurst<br />
Et me fait quelquefois oublier mes malheurs.<br />
àh I ne me Pétez pas, ne me privez point d'elle!<br />
La victoire jamais ne doit être cruelle»<br />
Qnel vainqueur peut compter sur un bonheur constant?<br />
Je suis <strong>de</strong>s coups <strong>du</strong> sort un exemple éc<strong>la</strong>tant.<br />
le régnais* J'étafa mère, et je me crus heureuse :<br />
Mon tMMtaent a passé somme une ombre trompeuse*<br />
Un jour a tout détrait, et Je ne suis plus rien.<br />
Prenez pitié <strong>de</strong> moi, <strong>la</strong>issez-moi mon seul bien ;<br />
Parlez à tous ces chefs , et que votre «fasava<br />
De tant <strong>de</strong> cruautés fasse rougir <strong>la</strong> Grèce,<br />
Les femmes, les enfants, dans ftinreenr <strong>de</strong>s-combats,<br />
iront point été frappés êm fer <strong>de</strong> vos soMats.<br />
Est-ce an pied <strong>de</strong>s autels que, souil<strong>la</strong>nt votre gloire]»<br />
Tons répandrez le sang qu'épargna <strong>la</strong> victoire?<br />
Eh quoi ! pour <strong>de</strong>s captifs désarmés et soumit<br />
Serez-vous plus cruels que pour vos-ennemis?<br />
Parlez, et révoquez l'arrêt <strong>de</strong> rinjustlce :<br />
La tîfèce voua écoute, et doit es état» Ulysse.