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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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47*<br />

OOUtS DE LITTÉEATUIE,<br />

dûment est, emêrn <strong>la</strong> bkmêmnm <strong>de</strong> sm mxe, c'esteneonséquenciilicipriiieiptfii'oni'y intéresse<br />

amante frop semsibk etjMk trop <strong>de</strong>meurée, et même aux coupables f quand ils ont <strong>de</strong> grandies pas­<br />

qu'elle eêi cm mtâm Mcmêakme, H dk m'est peu sions ou <strong>de</strong> grands remords » qui sont i <strong>la</strong> fois el leur<br />

dépravée.<br />

excuse et leur punition : leur excuse» car tous nous<br />

J'en <strong>de</strong>man<strong>de</strong> encore pardon à l'Académie': mais sentons au fond <strong>du</strong> cœur <strong>de</strong> quoi les passions pu?ent<br />

U m'est bien dé<strong>mont</strong>ré qu'une JMte <strong>de</strong>meurée ne rendre l'homme capable; leur punition! et.ctet m<br />

serait pas supportée au théâtre, bien loin d'y pro­ qui répond à ceux qui craignent que ces eiemples<br />

<strong>du</strong>ire l'effet f n'y pro<strong>du</strong>it Chiraèae. Ce sont là <strong>de</strong> ces ne soient dangereux. Personne n'est tenté d'imiter<br />

fontes qu'on ne pardonne jamais 9 parce qu'elles sont Phèdre ou Sérairamis, malgré Pitres» entraînants<br />

jugées par le cœur, et que les hommes rassemblés <strong>de</strong>l'uneet <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur imposante<strong>de</strong>fautre, Lepoëte,<br />

ne peuvent pas recevoir une impression opposée à au eonttake, semble tous dire à chaque fers :<br />

<strong>la</strong> nature. L'exemple <strong>de</strong> l'Académie nous prouve au Yoyei comme Phèdre est tourmentée par un amour<br />

contraire combien l'esprit peut s'égarer en jugeant a<strong>du</strong>ltère! ?oyes eomma Sémkamis 9 au milieu <strong>de</strong> sa<br />

les effets <strong>du</strong> théâtre par <strong>de</strong>s principes généraux et puissance, est poursuifie par le repentir <strong>de</strong> son<br />

abstraits.<br />

crime!<br />

Chape<strong>la</strong>in 9 qui a?ait étudié <strong>la</strong> poétique plus en Des critiques <strong>de</strong> mau?aise foi ont dit <strong>de</strong> ces piè­<br />

gavant qu'en homme <strong>de</strong> goût 9 in<strong>du</strong>isit probablement ces et <strong>de</strong> quelques-unes <strong>du</strong> même genre : Mais com­<br />

l'Académie en erreur sur ce mot <strong>de</strong> mœmrs qui est ment s'intéresser à <strong>de</strong>s personnages si criminels?<br />

m mal enten<strong>du</strong>. Les mœurs faisant partie <strong>de</strong> limi­ Et fort souvent on les a crus, foute d'apercevoir<br />

tation théâtrale, il n'est pas nécessaire qu'elles soient l'espèce <strong>de</strong> sophisme qui est dans ce mot s<br />

rigoureusement bonnes; notre premier légis<strong>la</strong>teur,<br />

Aristote9 l'avait très bien senti 9 et le dit expressément.<br />

Les mœurs dramatiques sont donc subordonnées<br />

, non-seulement aui circonstances f mais encore<br />

au temps et au pays où se passe <strong>la</strong> scène ; et c'est ce<br />

que l'Académie, qui n'en dit pas un mot dans sa critique,<br />

parait avoir entièrement oublié. L'action <strong>du</strong><br />

Cil est <strong>du</strong> quinzième siècle 9 et se passe en-Espagne,<br />

dans le temps <strong>du</strong> règne <strong>de</strong> <strong>la</strong> che?alerie. A cette époque,<br />

et dans les mœurs alors établies, un gentilhomme<br />

qui n'aurait pas vengé l'affront fait à son<br />

père aurait été regardé avec autant d'exécration que<br />

s'il eût commis les plus grands crimes : il n'eût pas<br />

été seulement méprisé; il eût été abhorré. Ce <strong>de</strong>voir<br />

étant si sacré, il n'est donc pas semMttkux que<br />

Chimène ne prenne pas le parti <strong>de</strong> renoncer entièrement<br />

à Rodrigue, comme le tondrait l'Académie,<br />

qui prétend que c'est ainsi que défait finir 4? comfaf<br />

<strong>de</strong> rkmnewr contre ïatmwr; que cette victoire eût<br />

M d'aidant pins gran<strong>de</strong> , qu'eUe eût été plm raismmabk<br />

; qm ce m'est pas ce combat qu'elle désapprouve,<br />

mais <strong>la</strong> manière dont U se termine, et que<br />

eétd <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux équité <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>meure <strong>de</strong>vait raismmabkmerd<br />

succomber.<br />

Je ne sais pas si cette victoire eût été bien raisonnable;<br />

mais je suis sûr qu'elle n'était point <strong>du</strong> tout<br />

théâtrale y a que, si Corneille eût pris ce parti,<br />

l'Académie ne lui aurait jamais fait l'honneur <strong>de</strong> le<br />

critiquer* M'oublions pas qu'il y a dans le cœur <strong>de</strong><br />

tous les hommes un fonds <strong>de</strong> justice naturelle, et<br />

que c'est elle qui dirige secrètement toutes les impressions<br />

qu'ils reçoîvent au spectacle ; c'est sur ce<br />

premier fon<strong>de</strong>ment que repose <strong>la</strong> morale <strong>du</strong> théâtre î<br />

9 Mérmser.<br />

Il y a <strong>de</strong>ux manières <strong>de</strong> s'intéresser au théâtre :<br />

l'une consiste à désirer le bonheur <strong>de</strong>s personnages<br />

qu'on aime, comme dans Maïm et dans k CM;<br />

l'autre f à p<strong>la</strong>indre l'infortune <strong>de</strong> ceux qu'on excuse ,comme<br />

dans Phèdre et SéwÉtmwdê : et ces <strong>de</strong>ux<br />

sources d'intérêt sont également fécon<strong>de</strong>s, quoique<br />

<strong>la</strong> première soit k plus heureuse.<br />

Appliquons maintenant au CM ces principes <strong>de</strong><br />

justice universelle* et afouons qu'au fond t les spectateurs<br />

ne font pas le moindre reproche à Rodrigue 9<br />

et conséquemment désirent son bonheur. Orv le<br />

poëte a toujours raison quand il se eof£fonne aux<br />

dispositions secrètes <strong>de</strong>s spectateurs f et il ne leur<br />

dép<strong>la</strong>tt jamais tant que quand il les tromp. Le €id<br />

a tué le père <strong>de</strong> Chimène9 il est frai ; mais il le <strong>de</strong>fait;<br />

mais elle-même en convient ; mais il a sau?é<br />

l'État; mais il a rainée et désarmé le champion qui<br />

avait pris querelle pour Chimène; mais le roi n 9 a<br />

permis ce combat qu'à condition qu'elle recevrait <strong>la</strong><br />

main <strong>du</strong> vainqueur : combien <strong>de</strong> contre-poids qui<br />

ba<strong>la</strong>ncent le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> fille! Cependant <strong>la</strong> décence<br />

ne permet pas qu'elle accepte <strong>la</strong> main d'un homme<br />

qui f dans le mime jour, a tué son père : elle <strong>la</strong> refmm<br />

donc; mais elle ne dit pas qu'elle <strong>la</strong> refusera<br />

toujours. La bienséaneeest satisfaite ; le spectateur,<br />

à qui l'on permet d'espérée le bonheur im Cid9 ffea<br />

va content f et le poète a raison.<br />

Je ne me seras pas permis d'insister sur Fapologie<br />

d'un ouvrage que9 dans sa naissance f le public dé»<br />

fendit contre l'Académie, et dont le temps a consacré<br />

les beautés, si ce n'avait été une occasion <strong>de</strong><br />

dévelooper une théorie qui peut être <strong>de</strong> quelque utilité,<br />

et foire oonnattse sous quel point <strong>de</strong> tue U fout

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