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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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* Comme on ¥@§t quelquefois par <strong>la</strong> Loire es fureur<br />

Périr te doux espoir <strong>du</strong> trille <strong>la</strong>boureur,<br />

Lorsqu'elle rompt M digne, et roule avee son on<strong>de</strong><br />

Scan stérile gravier sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine fécon<strong>de</strong> ;<br />

ainsi coulent mes Jours <strong>de</strong>puis ton ctiangenient ;<br />

Mnsl périt l'espoir qui nattait non tourment *<br />

La comparaison n'est pas très-juste dans toutes<br />

ses prîtes, mais les fers sont bien tournés. La<br />

<strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l'Aurore a le même mérite.<br />

Qu'en tes plus beaux habits l'Aurore an teint f erneil<br />

Annonce à l'uni?en le retour <strong>du</strong> soleil ,<br />

Et que <strong>de</strong>vant son ebar ses légères suivant»<br />

Ouvrent <strong>de</strong> l'Orient les portes éc<strong>la</strong>tantes;<br />

Dépoli epe ma lier gère a quitté ces beaux lieux ,<br />

Le eiet n'a plus ni Jour ni c<strong>la</strong>rté pour mes yeux.<br />

Ce style <strong>de</strong>scriptif est élégant. Ailleurs, on trottYe<br />

<strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> sentiment.<br />

Enfant, maître îles dieux, fui d'une aile légère<br />

Tant <strong>de</strong> fols en ne jour voies vers ma bergère,,„<br />

BSs-lnl combien loin d'elle on souffre <strong>de</strong> tour ment ;<br />

Ta, dts*Sul mon retour; puis reviens promptement<br />

( SI pourtant on le peut quand on s'éloigne d'elle}<br />

M'apprendra comme elle a reçu cette nouvelle.<br />

O dieux ! que <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir, si t quand f erri?eral,<br />

Ble me vnil plus tôt que Je ne <strong>la</strong> Terrai 9<br />

Et <strong>du</strong> haut <strong>du</strong> coteau qui découvre ma route<br />

En s'éeriant , Cest lui , c'est lui-même sans doute !<br />

Pour <strong>de</strong>scendre à <strong>la</strong> rive elle ne fait qu'un pas,<br />

Tient Jusqu'à mol'peut-être, et, me tendant les brasv<br />

ITaeoôf<strong>de</strong> un doux baiser <strong>de</strong> M bouche adorable, et®. .<br />

ferrites pense»; ou peut-être mensonges !<br />

Qu'un amant, sans dormir, M forme bien <strong>de</strong>s songes !<br />

Qui ne sait que tout change en l'empire amoureux?<br />

Et qui peut être absent et s'estimer heureux?<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

O lesdis<strong>cours</strong> dansants! ô les dlflnes choses<br />

Qu'un jour disait Amire en <strong>la</strong> saison <strong>de</strong>s roses !<br />

Doux Êéphyrs qui régniei alors dans ces beaux lieux,<br />

M'en portâtes-fous rien à l'oreille <strong>de</strong>s dieux î<br />

En h smUm <strong>de</strong>s roses est un rapprochement trèsagréable.<br />

Cest un mé<strong>la</strong>nge bien doui que le souvenir<br />

<strong>de</strong>s roses et celui d'une mmeimtmm amoureuse.<br />

741<br />

qu'on coure après eUe. Cet hémistiche n'est pas trèsharmonieux,<br />

et quoiqu'il ait <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité, il me semble<br />

que <strong>la</strong> réticence <strong>de</strong> Virgile n'en a pas moins, et<br />

a plus <strong>de</strong> finesse. EMe veut qu'on, ia voie en dit assez<br />

pour l'amour.<br />

Aniynte, tu me fuis, et ftf me fûts, vo<strong>la</strong>ge;<br />

Gomme le faon peureux <strong>de</strong> ia biche sauwap,<br />

Qui Ta cherchant ta mère aux rochers écartés t<br />

Y craint <strong>de</strong> doux féphyr les trembles agités ;<br />

Le moindre oiseau l'étonné : il a peur <strong>de</strong> son ombre;<br />

n a peur <strong>de</strong> lui-même et <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt sombre.<br />

Ces fers sont parfaits, et surtout le <strong>de</strong>rnier, dont<br />

Teipression simple et fraie tient surtout à l'épithète<br />

sombre, p<strong>la</strong>cée à <strong>la</strong> un <strong>du</strong> fers.<br />

Ces endroits et plusieurs autres prou?ent que<br />

Segrais n'était pas un poète bucolique à mépriser.<br />

Il faut songer qu'il écrivait avant les maîtres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

poésie française, et n'ayant encore d'autres modèles<br />

que Malherbe et Raean. Cest ce qui rend excusable<br />

les fautes <strong>de</strong> sa versification, souvent lâche et traînante,<br />

et qui n'est pas même exempte <strong>de</strong> ces constructions<br />

forcées, <strong>de</strong> ces <strong>la</strong>tinismes, enfin <strong>de</strong> Ces<br />

restes <strong>de</strong> <strong>la</strong> rouille gothique, qui ne disparut entièrement<br />

que dans les fers <strong>de</strong> Despréaux. On lui a<br />

reproché tout récemment d'avoir loué Segrais dans<br />

l'Art poétique, au préjudice <strong>de</strong> madame DeshouHères,<br />

dont il ne parle pas. Ce reproche est mal fondé<br />

<strong>de</strong> toute manière. D'abord, Boileau n'a point nommé<br />

Segrais comme un modèle, comme un c<strong>la</strong>ssique,<br />

puisqu'à Partiale <strong>de</strong> l'églogue et <strong>de</strong> l'idylle, il n'en<br />

<strong>la</strong>it' aucune mention et ne propose à imiter que<br />

Théoerite et Virgile. C'est à <strong>la</strong> in <strong>de</strong> sou poème,<br />

lorsqu'il exhorte les poètes <strong>de</strong> différents genres à<br />

célébrer le nom <strong>de</strong> Louis XIV, c'est alors qu'il dit<br />

seulement :<br />

Que Segrais dans régiegue tu csanM les forêts.<br />

Puis reviens promptement<br />

(SI pourtant on le peut quand on s'éloigne d'elle)<br />

est une idée assez ine, mais où il n'y a P m $ m<br />

d'esprit que l'amour n'en peut donner»<br />

Eien n'est plus connu que les fers charmants <strong>de</strong><br />

Virgile sur Gaiatée : Sapais les a ren<strong>du</strong>s asses naturellement,<br />

quoique avec moins <strong>de</strong> précision.<br />

Amynte d'an regard m'attaque quelquefois,<br />

Et <strong>la</strong> folâtra après te sauve dans les bois.<br />

Elle passe et s'enfuit, et cependant <strong>la</strong> belle<br />

Teut toujours être fut, et qu'on coure apis eéfe.<br />

La folâtre rend très-bien le mot <strong>la</strong>tin kucioa.<br />

Segrais a mis un regard au lieu d 9 Et que pou?ait-il citer <strong>de</strong> mieux dans ce genre ?<br />

Ce ne poufait être madame Deshoulières, dont les<br />

Idylles ne parurent que longtemps après; et d'ailleurs<br />

Segrais a plus <strong>de</strong> talent poétique que madame<br />

Deshoulières, quoique celle-ci, qui écrirait trente<br />

ans plus tard, ait une diction plus pure. Ses fers<br />

sont aisés, mais extrêmement prosaïques. Ce qui<br />

proufe un peu ce défaut dans ses léylks, c'est<br />

qu'elles aont en fers mêlés ; et si l'on a retenu quelques<br />

endroits <strong>de</strong> ses pièces, quand il n'y a plus<br />

guère que les gens <strong>de</strong> lettres qui connaissent Segrais<br />

une pomme; c'est c'est que <strong>la</strong> poésie purement bucolique est passée<br />

une autre espèce d'agacerie : il n'a pas osé expri- <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, et que les Idylles <strong>de</strong> Deshoulières ne sont<br />

mer en fers une bergère qui jette une pomme I son que <strong>de</strong>s moralitésadresséts auxûeurs, aux ruisseaux,<br />

amant, ce qui en effet n'était pas aisé. II a dé?eloppé aux moutons, dans lesquelles 11 y en a quelques-<br />

aussi Fidée <strong>de</strong> Virgile, qui dit seulement : EUe unes exprimées d'une manière à <strong>la</strong> fois ingénieuse<br />

s"emfiéif et wmd qu'm ta mk* Segrais ajoute : Ei et naturelle. Elle trait plus d'esprit que <strong>de</strong> talent,

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