la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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68 COUES DE L1YTÉBATU1E.<br />
aa âta te , obéit 9 et s'endort. Était-ce <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> faire<br />
venir <strong>du</strong> eiel une déesse pour ordonner à un héros<br />
<strong>de</strong> dormir! C'est encore ua <strong>de</strong>s passages où madame<br />
Daeier fait remarquer fart <strong>du</strong> poète.<br />
9 Avouons-le : c'est ainsi' que, dans le siècle <strong>de</strong>rnier,<br />
les tra<strong>du</strong>cteurs et les commentateurs <strong>de</strong>s anciens<br />
leur avaient mil réellement dans l'opinion publispe,<br />
en leur vouant une admiration aveugle et<br />
eiclusive, qui convertissait les défauts mêmes en<br />
beautés. Cet eicès révolta <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> beaucoup<br />
d'esprit, que <strong>la</strong> contradiction jeta, comme il arrive<br />
d'ordinaire,-dans un excès tout opposé; et il y eut<br />
<strong>de</strong>s sacrilèges, parce qu'il y avait eu <strong>de</strong>s fanatiques ;<br />
ce qui pourrait se dire avec autant <strong>de</strong> vérité dans<br />
un ordre ie choses plus important. De meilleurs<br />
esprits, <strong>de</strong>s hommes plus mesurés et plus sûrs dans<br />
leurs jugements, ont réparé le mal, et ramené<br />
l'opinion à son vrai point, en ne dissimu<strong>la</strong>nt pas<br />
lej défauts <strong>de</strong>s anciens, mais en s'oecupant à<br />
démêler et à faire bien sentir leurs véritables beautés.<br />
#ussl est-ce <strong>de</strong> nos jours que les grands.<br />
écrivains <strong>de</strong> l'antiquité, généralement mieux appré-<br />
* «iés et mieux tra<strong>du</strong>its ; ont paru reprendre leur<br />
influence sur <strong>la</strong> bonne <strong>littérature</strong>, ont excité plus<br />
<strong>de</strong> curiosité et d'intérêt, et ont heureusement<br />
teivi <strong>de</strong> <strong>de</strong>rnier rempart contre l'invasion <strong>du</strong> mauvais<br />
goût. On ne m'accusera pas d'être leur détracteur,<br />
je crois-avoir fait mes preuves en ce<br />
genre : mais en consacrant a leur génie un culte<br />
léntime, il faut encore <strong>la</strong>isser à <strong>la</strong> raison le droit<br />
<strong>de</strong> juger les divinités qu'on s'est faites dans son<br />
enthousiasme. D'ailleurs Y <strong>la</strong> même sensibilité qui<br />
nous pssîeeae pour ce qu'ils ont d'admirable repousse<br />
ce qu'ils ont <strong>de</strong> répréhensible ; et si l'on confond<br />
l'un avec l'autre, on paraît entraîné par Fautorifé<br />
plus que par ses propres impressions, et c'est<br />
ipirmer soi-mlme son jugement.<br />
Celui que j'ai porté sur rodyuée n'est pas un<br />
atfeitat à <strong>la</strong> gloire d'Homère, mais une preuve <strong>de</strong><br />
• mon entière impartialité. Ma franchise sévère,<br />
quand je relève ses défauts, prouve au moins combien<br />
je suis sincère quand je proc<strong>la</strong>me ses beautés.<br />
M.Vkluis point insensible à celles <strong>de</strong> l'Odyssée,<br />
• tant en les mettant fort au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> 17ffirf;<br />
je conviendrai que, dans ce poème, nonseulement<br />
Homère intéresse notre curiosité * eom-<br />
» me pffnjre <strong>de</strong> ces siècles reculés, dont il ne reste '<br />
pointée monuments plus authentiques, plus préciehx,<br />
plus instructifs que les sienst mais aussi par<br />
Fittrait que souvent il .a su répandre sur ces peintres<br />
<strong>de</strong>s mœurs antiques, <strong>de</strong> <strong>la</strong> simplicité et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
bonté ipspiufPri, <strong>du</strong> respect <strong>de</strong>s jeunes gens pour<br />
If Matasse, si bien «présenté dans <strong>la</strong> réserve et<br />
<strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie <strong>de</strong> Télémaque étiez lester et chei<br />
Méné<strong>la</strong>s. *LM caractère <strong>de</strong> ce jeune homme est précisément<br />
celui qui convient à son âge et à sa situation<br />
: il a <strong>du</strong> courage, <strong>de</strong> <strong>la</strong> can<strong>de</strong>ur, <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse;<br />
et, en général, il tient à sa mère et aux poursuivants<br />
le <strong>la</strong>ngage qu'il doit tenir. On en peut dire<br />
autant <strong>de</strong> Pénélope, dont le caractère est nécessairement<br />
un peu passif ifans tout le <strong>cours</strong> <strong>de</strong> l'ouvrage,<br />
comme l'exigeaient les mœurs <strong>de</strong> ce temps-là,<br />
mais qui, à <strong>la</strong> reconnaissance près, un peu froi<strong>de</strong>,<br />
à ce qu'il m'a paru, ne dit et ne fait que ce qu'elle<br />
doit dire et faire. Ulysse, quoique trop dégradé<br />
sous son déguisement, et trop longtemps dans risaction,<br />
ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire une susceptibilité<br />
et une attente <strong>du</strong> dénoûment qu'il eût été à<br />
souhaiter que Fauteur rendit plus forte et plus vive.<br />
Le carnage <strong>de</strong>s poursuivants est tracé avec <strong>de</strong>s<br />
couleurs qui rappellent le peintre <strong>de</strong> f limée* Mais<br />
celle-ci sera toujours <strong>la</strong> couronne d*Homère :<br />
c'est elle qui assure à son auteur le titre <strong>du</strong> plus<br />
beau génie poétique dont l'antiquité puisse se glorifier.<br />
SECTION n. — B@ l'épopée Mise.<br />
Les ouvrages <strong>de</strong> Virgile sont à <strong>la</strong> portée d'un<br />
plus grand nonibre <strong>de</strong> lecteurs que ceux d'Homère,<br />
parce qu'il est beaucoup plus commun <strong>de</strong> savoir<br />
le <strong>la</strong>tin que le grec. Virgile, en original, a été <strong>de</strong><br />
bonne heure entre les mains <strong>de</strong> quiconque a fait<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. 11 y a longtemps que Foo est également<br />
d'accord sur son mérite et sur ses défauts.<br />
Je me 'réserve à parler <strong>de</strong> ses Êgkmues quand il<br />
sera question <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie pastorale. Ses Céôrgiqms<br />
sont <strong>de</strong>venues un ouvrage français, et ce poëme,<br />
le plus parfait qui nous ait été transmis par les<br />
anciens, est aussi on <strong>de</strong>s plus beaux morceaux <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> poésie mo<strong>de</strong>rne. Il serait superflu <strong>de</strong> parler <strong>de</strong><br />
ce qui est connu : je me bornerai donc à quelques<br />
observations sur i'Émiée* L'imperfection <strong>de</strong> ce<br />
poème et <strong>la</strong> perfection <strong>de</strong>s Géorgtques sont un®<br />
preuve <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance prodigieuse qui reste encore<br />
entre le meilleur poème didactique et cette gran<strong>de</strong><br />
création <strong>de</strong> l'épopée. Ce qui frappe le plus, en passant<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture d 9 Homère à celle <strong>de</strong> Virgile,<br />
c'est Fesfèce <strong>de</strong> culte que le poète <strong>la</strong>tin a voué au<br />
grec. Quand on ne nous aurait pas appris que Virgile<br />
était adorateur d'Homère, au point qu'on f appe<strong>la</strong>it<br />
nwmêriqœ, il suffirait <strong>de</strong> le lire pour es être convaincu<br />
: il le suit pas à pas. Mais on sait que faire<br />
passer ainsi dans sa <strong>la</strong>ngue les beautés d'eue <strong>la</strong>ngue<br />
étrangère, a toujours été regardé comme une <strong>de</strong>s<br />
conquêtes <strong>du</strong> génie ; et f pour juger si cette conquête<br />
est aisée, il s'y a qu'à se rappeler ce que disait