la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />
6§1<br />
nature @t <strong>du</strong> eœnr humain f effet qui doit être à jamais Se <strong>de</strong> n'écouter que ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> vengeance, et <strong>de</strong> p<strong>la</strong>i<br />
même, et qui , Iota <strong>de</strong> s'affaiblir, augmentera dans TOUS à <strong>de</strong>r sa propre cause. Ulysse, au contraire f ne pou<br />
mesure que vous sturei miem fous en rendre compte.<br />
vant avoir d'autre intérêt que celui <strong>de</strong> tous les Grecs,<br />
Tous Tiras écrier» tiers dans votre Juste aiaaratieii : Quel<br />
art que celui qui domine si impérieusement f que je ne puis<br />
est bien plus autorisé à combattre <strong>la</strong> résistance d'A-<br />
j résister sans démentir mec propre eœur ; f ai forée ma gamemnon. Cette correction, si bien fondée, est<br />
raison même <strong>de</strong> s'intéresser à <strong>de</strong>s fictions; qui 9 a?ec <strong>de</strong>s encore une preuve <strong>de</strong> l'eicellest esprit <strong>de</strong> Racine,<br />
douleurs feintes, eiprimées dais un <strong>la</strong>ngage haraiouteia et un avantage <strong>de</strong> plus sur Euripi<strong>de</strong>.<br />
et ca<strong>de</strong>ncé 9 m'émeut autant que Ses gémissements d'un J'ai fait voir que les personnages <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier<br />
malheur réel ; qui fut couler pour <strong>de</strong>s infortunes Imaginai <strong>la</strong>issaient tous plus ou moins à désirer : ehes Rares<br />
ces <strong>la</strong>rmes que <strong>la</strong> nature m'avait données pour <strong>de</strong>s incine, celui d'Ériphile est le seul qui puisse prêter<br />
fortunes véritables , el me procure une si douce épreuve <strong>de</strong><br />
un peu à <strong>la</strong> critique. On ne peut-nier qu'il ne soit<br />
cette sensibilité dont Fciercice est souvent si amer et si<br />
crac! 1 » ( Êîo§e <strong>de</strong> Racine ).<br />
en lui-même épisodique : à <strong>la</strong> rigueur, c'est un défaut;<br />
mais jamais défaut n'eut tant <strong>de</strong> bonnes excuses<br />
Cette scène immortelle a pointant <strong>de</strong> nos jours<br />
pour le justifier, ni tant <strong>de</strong> beautés pur le couvrir.<br />
trouvé <strong>de</strong>s censeurs ; car <strong>de</strong> quoi ne s'avise-t-oh pas ?<br />
Ce rôle d'Ériphile est continuellement lié à <strong>la</strong> pièce<br />
On a dit que ce n'était qu'un malenten<strong>du</strong> ; qu'au<br />
autant qu'il peut l'être. 11 était nécessaire pour ame<br />
lien <strong>de</strong> se quereller, Agamemnon et Achille n'auner<br />
un dénoûment sans le merveilleux <strong>de</strong> <strong>la</strong> fable;<br />
raient rien <strong>de</strong> mieux à faire que <strong>de</strong> s'accor<strong>de</strong>r; que<br />
car on sent bien que l'auteur français ne pouvait pas,<br />
l'en <strong>de</strong>vrait dire à l'autre ; De quoi s'agit-il? De<br />
comme le poète grec, substituer une biche à Iphi-<br />
sauver ïphigéoïe? J'en ai autant d'envie que vous :<br />
gésie par l'entremise <strong>de</strong> Diane. Notre tragédie peut<br />
réunissons-nous pour en venir à bout. A cet arran<br />
quelquefois adopter le merveilleux.; mais ce n'est<br />
gement <strong>de</strong> scène, il n'y a qu'une petite difficulté :<br />
pas celui-là. Ériphife a donc fourni à Racine un dé<br />
c'est qu'il faudrait que les personnages d'une tragénoûment<br />
tel qu'il <strong>de</strong>vait être, et son rôle est conçu<br />
die fussent <strong>de</strong>s hommes parfaits f sans passion, sans<br />
avec une telle adresse qu'il a le <strong>de</strong>gré d'intérêt que<br />
défauts, et doués d'une souveraine raison. CTesîuae<br />
doit avoir chaque personnage y et qu'en même temps<br />
fort belle spécu<strong>la</strong>tion; mais par malheur elle n'est<br />
sa con<strong>du</strong>ite, motivée par <strong>la</strong> passion, est assex<br />
pas plus possible dans <strong>la</strong> tragédie que dans le mon<strong>de</strong>.<br />
odieuse pour qu'on <strong>la</strong> voie volontiers périr, au lieu<br />
H faut donc, en attendant cette réforme, permet<br />
d'iphigénie qu'elle a voulu perdre. Le poète satisfait<br />
tre qu'Achille n'en<strong>du</strong>re pas tranquillement qu'on<br />
le spectateur <strong>de</strong> toutes les manières, et c'est <strong>la</strong> per<br />
se serve <strong>de</strong> son nom pour immoler <strong>la</strong> femme qu'on<br />
fection d'un cinquième acte quand le dénoûment doit<br />
lui a promise, et qu'il s'en explique en homme ou<br />
être heureux.<br />
tragé; ce qu'en vérité tout autre que lui ferait dans<br />
Des cémenté, dit le commentateur <strong>de</strong> Racine,<br />
le même cas, sans être un Achille. Il faut aussi<br />
ont regardé avec raison iepermmmgs d'Êrlpkik<br />
permettre que le général <strong>de</strong>s Grecs, et le chef <strong>de</strong><br />
comme inutile à <strong>la</strong> pièce. Hou, il n'est pas inutile,<br />
tant <strong>de</strong> rois, ne trouve pas bon qu'on veuille <strong>la</strong>i<br />
puisque Fauteur a su le rendre nécessaire. Un per<br />
faire <strong>la</strong> loi. C'est ainsi que les hommes sont faits;<br />
sonnage n'est inutile que lorsqu'il ne sert à rien, et<br />
et c'est pan» qu'il y a <strong>de</strong>s passions et <strong>de</strong>s querelles<br />
qu'on pourrait le retrancher sans que <strong>la</strong> pièce en<br />
parmi les hommes, qu'il y a <strong>de</strong>s tragédies sur <strong>la</strong><br />
souffrit. 11 est dé<strong>mont</strong>ré que le rôle d'Ériphile n'est<br />
scène comme dans l'histoire. 11 n'y en aura plus<br />
point <strong>de</strong> ce genre; el'ie commentateur lui-même,<br />
dès que nous serons tous <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s êtres parfaits;<br />
dans son examen, admire Vart muée lequel Racine<br />
ce qui peut faire espérer que nous en aurons encore<br />
a su foire dépendre ce personnage <strong>de</strong> son sttfet. 1<br />
longtemps.<br />
ne <strong>de</strong>vait donc pas approuver un avis qu'il dément,<br />
11 nous reste à examiner <strong>de</strong>ux personnages qui<br />
ni donner raison à <strong>de</strong>s censeurs qui confon<strong>de</strong>nt un<br />
ne sont pas dans <strong>la</strong> pièce grecque, Ulysse et Éri-<br />
personnage épisodique, c'est-à-dire ajouté à Faction<br />
pMie» Ulysse est substitué à Méué<strong>la</strong>s 9 et ce change<br />
principale, avec un personnage inutile, c'est-à-dire<br />
ment est très-judicieui. D'abord il est peu convena<br />
qui ne sert en rien à cette action. C'est confondre<br />
ble <strong>de</strong> faire paraître Méné<strong>la</strong>s, <strong>la</strong> première cause <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux choses très-différentes; c'est une méprisée!<br />
tous les malheurs qui sont le sojet <strong>de</strong> ta pièce : il ne<br />
une injustice.<br />
peut y jouer qu'un rôle désagréable au spectateur.<br />
C'en est une encore, ce me semble (mais celle-ci<br />
On serait blessé <strong>de</strong> le voir combattre <strong>la</strong> juste répu<br />
est <strong>du</strong> commentateur) s <strong>de</strong> dire à propos <strong>de</strong> F amour<br />
gnance que <strong>mont</strong>re Agamemnon à sacrifier sa fille,<br />
qu'Ériphile a pour Achille :<br />
gui est en même temps <strong>la</strong> nièce <strong>de</strong> Méué<strong>la</strong>s. Celui-ci,<br />
« Jamais amour n'est né si subitement ni dans <strong>de</strong>s ek-<br />
m défendant les intérêts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce, aurait trop l'air<br />
constances si singulières. Il n'est pat naturel que ca<strong>la</strong>i qui