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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DS IOTIS XIV. — POÉSIE.<br />

indépendamment <strong>de</strong> ses autres défauts 9 a eeîml <strong>de</strong><br />

pécher contre <strong>la</strong> mmwmmm <strong>de</strong> ton ; carY en supposant<br />

même que l'or pût jouer avec te vent, et<br />

que t&r, qui n'est ki que iguré, puisse, par une<br />

autre igure, être personniié (ee qui est ridicule ) ,<br />

jouer avec te vent serait encore une expression au<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>du</strong> style noble, et indigne <strong>de</strong> l'épopée. Ceci<br />

tient aux nuances <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage. Se jouer peut entrer<br />

dans le style le plus oratoire et le plus poétique : <strong>la</strong><br />

fortune se joue <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs, te aépkyr se joue<br />

dam te feuil<strong>la</strong>ge, etc. Tout ce<strong>la</strong> est fort bon. Mais<br />

jmser peut être difficilement au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> familier»<br />

parce qu'il rappelle trop ridée <strong>de</strong>s amusements<br />

puérils.<br />

Ce n'est pas tout encore : quand même les igures<br />

seraient toutes excellentes en elles-mêmes s il faut<br />

en user a?ec sobriété ; car c'est un ornement, et il<br />

faut le ménager; c'est un art, et il ne faut pas trop<br />

<strong>mont</strong>rer Fart; c'est une partie <strong>de</strong> Fart, et ce n'est<br />

pas à beaucoup près fart tout entier. Us se trompent<br />

donc étrangement ceux qui affectent <strong>de</strong> vouer<br />

à cette espèce <strong>de</strong> beauté une admiration si exclusive,<br />

qu'ils semblent ne reconnaître, ne sentir en poésie<br />

aucune autre sorte <strong>de</strong> mérite. Il n'est que trop commun<br />

<strong>de</strong> ?oir <strong>de</strong> préten<strong>du</strong>s juges refuser leur estime<br />

à <strong>de</strong>s outrages écrits a?ec <strong>la</strong> plus heureuse élégance $<br />

et qui réunissent l'intérêt <strong>du</strong> style, <strong>la</strong> noblesse,<br />

l'harmonie et le sage emploi <strong>de</strong>s figures. Tout ce<strong>la</strong><br />

n'est pas assez pour eux : il n'y a, disent-ils, rien<br />

qui'étonne, rien d'extraordinaire; enin point<br />

4U<br />

expliqué. L'idée est moins forte, moins profon<strong>de</strong><br />

que celle <strong>du</strong> vers <strong>de</strong> Corneille ; mais wkUlir dans.<br />

une longue enfance est une métaphore bien singulièrement<br />

Jieureuse, et une <strong>de</strong> ces expressions que<br />

Boileau appe<strong>la</strong>it trouvées.<br />

Le père <strong>du</strong> Glorieux dit à son ils qui se jette-â<br />

ses pieds en le priant <strong>de</strong> ne ps se découvrir :<br />

J'entends : In vaniU me déc<strong>la</strong>re à genoux f<br />

Qu'on père malheureux n'est pas digne <strong>de</strong> vous.<br />

IM mnïié è genoux semble offrir <strong>de</strong>ux choses contradictoires.<br />

Ce vers est admirable et <strong>du</strong> très-petit<br />

nombre <strong>de</strong> ceux qui prouvent que <strong>la</strong> comédie peut<br />

quelquefois s'élever au sublime.<br />

Yoilà <strong>de</strong> beaux exemples d'alliances <strong>de</strong> mois. Il<br />

y en a une peut-être au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> toutes les autres :<br />

elle est <strong>de</strong> Voltaire, à qui l'on reproche <strong>de</strong> n'en pai<br />

avoir. Gengis-kan, dans <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> tOrpkelin<strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Chine, veut exprimer le vi<strong>de</strong> que <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> fortune<br />

avait <strong>la</strong>issé dans son âme avant qu'il aimât<br />

Idamé:<br />

Tant d'États subjugués ont-Ils rempli mon mer?<br />

Ce eœur <strong>la</strong>ssé <strong>de</strong> tout, <strong>de</strong>mandait use erreur<br />

Qui pût <strong>de</strong> mes casais chasser <strong>la</strong> nuit profon<strong>de</strong>,<br />

Et qui me consolât sur le tféne <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Consoler sur le trêne <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>! quel sentiment<br />

à <strong>la</strong> fois touchant et profond ! et comme ces <strong>de</strong>ux<br />

idées, qui paraissent si loin l'une <strong>de</strong> l'autre t sont ici<br />

naturellement réunies ! Joignez-y l'harmonie <strong>du</strong> vers,<br />

et vous trouverez tous les mérites ensemble.<br />

11 est pourtant vrai qu'en général il est moins riche<br />

û'aMianeê <strong>de</strong> mots. C'est ce que j'ai enten<strong>du</strong> dire <strong>de</strong> en igures que Racine; mais aussi Eacine est supé­<br />

im Mmrmik » même à <strong>de</strong>sgens d'esprit ; car <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> rieur dans cette partie, comme dans toutes les au­<br />

se mêle <strong>de</strong> tout, et l'on parle aujourd'hui <strong>de</strong>s aMan- tres qui regar<strong>de</strong>nt le style, à tous les poètes français.<br />

CES <strong>de</strong> mots, comme si elles n'étaient décou¥ertes Et ce qu'il importe d'observer, ce qui achèvera <strong>de</strong><br />

que d'hier : il faut donc en prier ici. Ce qu'on ap­ développer ce que j'avais à d jre sur les igures, c'est<br />

pelle alliance <strong>de</strong> mots est une espèce <strong>de</strong> métaphore <strong>la</strong> manière dont il s'en sert. 11 ne les emploie qu'à<br />

plus hardie que les autres : elle consiste dànrle propos, et sait les cacher quand il les emploie.<br />

rapprochement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux idées, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mots, qui Adresse et réserve, voilà les <strong>de</strong>ux grands préceptes.<br />

semblent s'exclure, comme dans ce fers <strong>de</strong> Cor­ Il faut <strong>de</strong> <strong>la</strong> réserve, parce que <strong>la</strong> diction trop souneille<br />

:<br />

vent igurée cesserait d'être naturelle. Mien n'est plus<br />

déraisonnableque <strong>de</strong> vouloir que tous les sentiments,<br />

Il <strong>mont</strong>é snr le faite, fl aspira à diiondw.<br />

toutes les idées, aient une expression également<br />

M êédre <strong>de</strong>scendre serait très-simple. Mais le mot marquée. Le plus grand nombre ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que <strong>de</strong><br />

aspire suppose un objet élevé, et pourtant s'appli­ <strong>la</strong> pureté et <strong>de</strong> l'élégance. Pourquoi une igure brilque<br />

ici à <strong>de</strong>scendre. De là, l'énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée et <strong>la</strong>nte f énergique, hardie, pro<strong>du</strong>it-elle <strong>de</strong> l'effet ? c'est<br />

<strong>de</strong> l'expression. Le vœu <strong>de</strong> l'ambition, qui est or­ qu'elle tranche pour ainsi dire avec le reste. Mais si<br />

dinairement celui <strong>de</strong> <strong>mont</strong>er, est ici <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre. vous voulez être trop souvent hardi, vous ne paraî-<br />

Racine trouvait ce vers sublime, et il s'y connaistres plus qu'étrange et recherché; si vous voulez<br />

sait. Lui-même a su employer cette igure, et plus être trop souvent fort f vous serez ten<strong>du</strong> et pénible ;<br />

souvent que Gorneille. Il dit dans BrMaw<strong>de</strong>m : si vous vouks être trop souvent élevé, vous serea<br />

Dtss me loup® eftfmmx m l'auraient fldt wmUir. exagéré et emphatique. Il faut en tout <strong>de</strong>s nuances<br />

Vemfame et <strong>la</strong> vkUtsm semblent s'exclure. Elles<br />

et <strong>de</strong>s ombres. Une femme qui <strong>de</strong>s pieds à <strong>la</strong> tête<br />

serait couverte <strong>de</strong> diamants, aurait-elle Ken bonne<br />

sont m réoniii, et le sent est trop c<strong>la</strong>ir pour être

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