la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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peine Agrippioe fa-t-elle qaitté, que sa' rage renfermée<br />
ne peut plus se soutenir. II se croit sûr <strong>de</strong><br />
Burrhus, parce qu'Agrippine en est mécontente;<br />
et c'est défaut unJiomme vertueux qu'il atone le<br />
projet d'un crime! d'un empoisonnement.<br />
Elfe m hâte trop, Serrans, <strong>de</strong> triempher :<br />
rentrasse mon ri?al, mais c'est pour l'étouffer :<br />
. . . Cm est trop ; Ilfant que sa raine<br />
Me délivre à Jaunie êm fareurs d'ÀgrippIs®.<br />
Tant qu'il respirera ¥ je ne vis qu'à <strong>de</strong>mi :<br />
Elle m f a fatigué <strong>de</strong> ce nom ennemi ,<br />
Et Je ne prétends pas que sa coupable saiace<br />
Use secon<strong>de</strong> fols lui promette ma p<strong>la</strong>ce.<br />
SIÈCLE DE LOUIS XI?. — POÉSIE.<br />
Avant Sa <strong>la</strong> dit Jour, je se le craindrai plus.<br />
Parler ainsi à Burrhusf c'est <strong>mont</strong>rer tout Héron.<br />
Il n'y a qu'un scélérat consommé qui puisse, sans<br />
rougir, se <strong>mont</strong>rer tel qu'il est <strong>de</strong>vant un honnête<br />
homme. : c'est.une preuve qu'il a tout sur<strong>mont</strong>é,<br />
même <strong>la</strong> conscience. Les autres scélérats se démasquent<br />
défaut <strong>de</strong>s conidênts dignes d'eux; 11 n'y a<br />
que Mérou qui puisse se démasquer <strong>de</strong>?ant Burrhus.<br />
Cetjpemple est unique au théâtre, et c'est un trait<br />
<strong>de</strong> génie. Mahomet ne cache pas à Zopire sa politique<br />
et son ambition; mais il y a <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur<br />
f<strong>la</strong>ns ses projets, tout criminels qu'ils sont ; il espère<br />
<strong>de</strong> gagner Zopire, et il en a les moyens. Ici rien <strong>de</strong><br />
tout ce<strong>la</strong> : Héron avoue le plus Mche <strong>de</strong>s forfaits,<br />
t et n'a nul besoin <strong>de</strong> Burrhus pour l'exécuter. Cette<br />
' confi<strong>de</strong>nce sans nécessité y et faite pour ainsi dire<br />
d'abondance <strong>de</strong> cœur, serait d'ailleurs un grand dé»<br />
faut : ici c'est le coup <strong>de</strong> piïfceau d'un grand maître.<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt que Héron ne croit pas même<br />
faire un crime : c'est à sas yeux <strong>la</strong> chose <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> plus simple que d'empoisonner son frère; et ce<br />
4lii le prouve, c'est qu'il est tout étonné que Burrhus<br />
ne l'approuve pas; c'est que, dans li^cèae<br />
suivante, il dit à Harasse, comme <strong>la</strong> seule chose<br />
qui l'arrête :<br />
Es mettront ma <strong>la</strong>ngeant» an rang <strong>de</strong>s parrid<strong>de</strong>a.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier mot n'est pas d'où tyran, mais d'un<br />
monstre.<br />
Ici commence ce grand spectacle si moral et si<br />
dramatique, ce combat <strong>du</strong> vice et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu, sons<br />
tes noms <strong>de</strong> ltfeis.se et. <strong>de</strong> Burrhus se disputant<br />
l'âme <strong>de</strong>.%éron; ef c'est ici que vont se développer<br />
ces <strong>de</strong>ux caractères, aussi parfaitement tracés<br />
que ceux <strong>de</strong> Héron et d'Agrippine. Burrhus est le<br />
modèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite que peut tenir un homme<br />
vertueux p<strong>la</strong>cé par les circonstances auprès d 9 un<br />
mauvais prince et dans une cour dépravée. Il est<br />
entouré <strong>de</strong> passions, d'intérêts, <strong>de</strong> vices, et les<br />
combat <strong>de</strong> tous cêtés» Il ne prononce pas une seule<br />
sentence su? <strong>la</strong> vertu, non.plus que Héron sur le<br />
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crime; mais il représente l'une dans toute sa pureté,<br />
comme Héron 'représente l'autre dans toute<br />
son horreur. Il résiste à l'ambition inquiète d'Agrippine<br />
et à <strong>la</strong> perversité <strong>de</strong> son maître, et dit <strong>la</strong><br />
vérité à tous les <strong>de</strong>ux, mais sans ostentation, sans<br />
brava<strong>de</strong>, avec une fermeté noble et mo<strong>de</strong>ste, ne<br />
cherchant point à offenser et ne craignant point <strong>de</strong><br />
dép<strong>la</strong>ire. Il parle à l'un comme à son empereur, à<br />
l'autre comme à <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> César. Il remplit toits<br />
ses <strong>de</strong>voirs et observe toutes les bienséances. Mais<br />
lorsque son coupable élève ose- lui découvrir un<br />
projet horrible y alors cet homme si calme <strong>de</strong>vient<br />
tout <strong>de</strong> feu : sa tranquillité le rendait grand, son '<br />
indignation le rend sublime. L'éloquence est dans<br />
sa bouche ce qu'est <strong>la</strong> vertu dans son âme, sans<br />
faste, sans effort, mais toute pleine <strong>de</strong> cette chaleur<br />
qui pénètre, <strong>de</strong> cette vérité qui terrasse, <strong>de</strong><br />
cette véhémence qui entraîne. II émeut jusqu'à Héron<br />
même s et sort plein d'espérance et <strong>de</strong> joie f pour<br />
aller consommer près <strong>de</strong> Britannicus une réconciliation<br />
qu'il croit sûre. A l'instant même entre Harasse<br />
2 au pathétique, à l'enthousiasme d'une belle<br />
âme va succé<strong>de</strong>r tout fart <strong>de</strong> <strong>la</strong> bassesse et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
méchanceté ; et dans ces <strong>de</strong>ux peintures contrastées<br />
l'auteur est également admirable. Mais pour les<br />
p<strong>la</strong>cer ainsi l'une auprès <strong>de</strong> fautre, il fal<strong>la</strong>it être<br />
bien sûr <strong>de</strong> sa force. Plus l'effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> première<br />
était grand et infaillible, plus fautre était dangereuse.<br />
L'expérience <strong>du</strong> théâtre apprend combien il<br />
y a <strong>de</strong> danger à remp<strong>la</strong>cer tout <strong>de</strong> suite <strong>de</strong>s sentiments<br />
doux et chers, auxquels le spectateur aime<br />
à se livrer, par ceux qu'il hait et qu'il repousse. Ceci<br />
ne s'applique pas aux scélérats hardis qui ont <strong>de</strong><br />
l'énergie et <strong>de</strong> l'élévation, mais aux personnages<br />
?llset méprisables ; et<strong>la</strong>rcîsse est <strong>de</strong> ce nombre. Ces<br />
sertes <strong>de</strong> caractères, quelquefois nécessaires dans<br />
<strong>la</strong> tragédie ,*sont très-difficiles à manier. Le spectateur<br />
veut bien haïr, mais 11 ne veut pas que le mépris<br />
se joigne à <strong>la</strong> haine, parce que le mépris n'a rien <strong>de</strong><br />
tragique. Voltaire, en blâmant sous ce point <strong>de</strong> vue<br />
les rôles <strong>de</strong> Félix, <strong>de</strong> Prusias et <strong>de</strong> Maxime dans<br />
Corneille, cite celui <strong>de</strong> Harcisse comme le modèle<br />
qu'il faut suivre quand on a besoin <strong>de</strong> personnages<br />
<strong>de</strong> cette espèce. Il admire <strong>la</strong> scène <strong>de</strong> Harcisse avec<br />
Héron; mais, remarquant le peu d'effet qu'elle pro*<br />
Éitit toujours, il croit qu'elle en ferait davantage si<br />
Harcisse avait, un plus grand intérêt à conseiller le<br />
crime. Je ne sais si cette réflexion est bien juste.<br />
Sans doute si Harcisse, pour tenir <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite qu'il<br />
tient, avait à sur<strong>mont</strong>er quelqu'un <strong>de</strong>s sentiments<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, comme Félix, qui se détermine à faire<br />
périr son gendre <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> perdre son gouvernement,<br />
<strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s moyens manquerait. Mais