23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

SECONDE PARTIE. - SIÈCLE DE LOUIS XIV.<br />

llfTkoBIÎCTÎI», ©5 BÎSCOOIS SUR L'ÉTAT DES LWTEES IH<br />

BUH0K, BETOIS Là fW BU SIÈCLE QUI â SUIVI CELUI B f âU-<br />

€WS« JUSQU'AU »ÉCffl BS LOUIS UT,<br />

Tel qu'il fet §mmmâ m I7f7.<br />

LIVRE PREMIER. — POÉSIE.<br />

Wons avons parcouru ces beaux siècles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce<br />

et <strong>de</strong> Rome qui ont été ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gloire et <strong>de</strong>s prodiges<br />

<strong>de</strong> l'esprit humain; nous avons voyagé au milieu<br />

<strong>de</strong> ces grands monuments dont le temps a respecté<br />

<strong>du</strong> moins une prtie qui doit faire à jamais<br />

regretter l'autre. Si longtemps ensevelis dans les<br />

vastes et profon<strong>de</strong>s ténèbres dont <strong>la</strong> barbarie obscurcissait<br />

Il terre, au premières lueurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison<br />

«t <strong>du</strong> goût y le travail et Féradition les débarrassèrent<br />

<strong>de</strong>s décombres qui les couvraient et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rouille<br />

qui les avait noircis. Le génie, au moment où il<br />

s'éveil<strong>la</strong> comme d'un long sommeil 9 ne put les eontttnplfr<br />

qu'avec cet enthousiasme qui apprend à égaler<br />

ou <strong>du</strong> moins à imiter ce qu'on admire ; et dans<br />

<strong>la</strong> suite <strong>la</strong> satiété, le paradoxef et une rivalité mal<br />

enten<strong>du</strong>e, leur ont insulté avec une orgueilleuse<br />

ingratitu<strong>de</strong> 9 à cette époque où l'esprit <strong>de</strong>vient subtil<br />

et contentieux y en même temps que les grands<br />

talents <strong>de</strong>viennent plus rares; où <strong>la</strong> prétention <strong>de</strong><br />

juger l'emporte sur le besoin <strong>de</strong> jouir ; où l'on médit<br />

<strong>de</strong> ce qui a été fait, à mesure qu'il <strong>de</strong>vient plus difficile<br />

<strong>de</strong> bien faire; enfin, où l'on ne conserve plus<br />

guère d'autre goût que Famour aveugle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté<br />

, quelle qu'elle soit; goût pervers et dépravé,<br />

qui calomnie le passé 9 corrompt le présent, et méconnaissant<br />

tous les principes <strong>du</strong> beau et <strong>du</strong> bon9<br />

<strong>la</strong>isse à peine l'espérance <strong>de</strong> l'avenir.<br />

Nous avons suivi <strong>de</strong>s yeux les chantres d'Achille<br />

et d'Énée dans <strong>la</strong> carrière immense <strong>de</strong> l'épopée 9 et<br />

mêlé nos app<strong>la</strong>udissements à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce assemblée<br />

9 lorsqu'elle couronnait sur le théâtre les<br />

Euripi<strong>de</strong> et les Sophocle, et que dans les jeux olympiques<br />

elle décernait <strong>de</strong>s palmes au courage s à l'adresse;<br />

à <strong>la</strong> force y au son<strong>de</strong> <strong>la</strong> lyre <strong>de</strong> Pindare,<br />

que nous avons retrouvée <strong>de</strong>puis dans les mains <strong>de</strong><br />

cet heureux favori <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature et <strong>de</strong> Mécène f qui<br />

savait passer si facilement <strong>du</strong> sublime aux chansons,<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale <strong>du</strong> Portique à celle d'Épieun. Noua<br />

nous sommes crus un moment , dans ce lycée, Grecs<br />

ou Romans (et c'est ainsi Seulement qu'il pouvait<br />

nous être permis <strong>de</strong> le croire) , quand l'éloquence<br />

elle-même, sous les traits <strong>de</strong> Cicéron ou <strong>de</strong> Démosîhènes<br />

9 est motitée dans <strong>la</strong> tribune d'Athènes ou <strong>de</strong><br />

Rome, avec cet air <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur qu'elle <strong>de</strong>vait avoir<br />

dans les anciennes républiques, et ce caractère énergique<br />

et 1er, st naturellement empreint sur le front<br />

<strong>de</strong>s orateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté, si ridiculement contrefait<br />

<strong>de</strong> nos jours sur celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> servitu<strong>de</strong> factieuse ou<br />

<strong>de</strong> l'hypocrite tyrannie.<br />

La muse <strong>de</strong> l'histoire s'est <strong>mont</strong>rée à nous non<br />

moins majestueuse, entourée <strong>de</strong> tous les héros qu'elle<br />

faisait revivre. Mais, en <strong>de</strong>scendant àFâge suivant,<br />

<strong>la</strong> déca<strong>de</strong>nce nous a déjà frappés. Les traits bril<strong>la</strong>nts<br />

<strong>de</strong> Lucaïn, tout Pesprit <strong>de</strong> Pline et <strong>de</strong> Sénèque, les<br />

pointes <strong>de</strong> Martial, n'ont servi qu'à nous faire sentir<br />

davantage quels hommes c'étaient que Cicéron,<br />

Virgile et Catulle. La Grèce ne peut plus se glorifier<br />

que <strong>de</strong> son piutarque, qui se p<strong>la</strong>ce encore au<br />

rang <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssiques. Rome a son Quintilien, qui défend<br />

le bon goût <strong>du</strong> siècle précé<strong>de</strong>nt contre <strong>la</strong> corruption<br />

<strong>du</strong> sien ; mais 9 plus heureuse que <strong>la</strong> Grèce, elle<br />

<strong>mont</strong>re encore à <strong>la</strong> postérité un homme unique 9 Tacite,<br />

qui seul, <strong>la</strong> tête aussi haute que tout ce qui l'a<br />

précédé, reste <strong>de</strong>bout, comme une colonne parmi<br />

<strong>de</strong>s ruines.<br />

Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce point où nous nous sommes arrêtés,<br />

que trouvons-nous? un désert et <strong>la</strong> nuit.<br />

Quelles sont les causes <strong>de</strong> ces étonnantes révolutions<br />

<strong>de</strong> l'esprit humain? Pourquoi ces éclipses si<br />

longues 9 qui succè<strong>de</strong>nt à l'éc<strong>la</strong>t <strong>du</strong> plus beau jour ?<br />

D'où vient qu'on a vu le même f<strong>la</strong>mbeau tour à tour<br />

briller et s'éteindre, et se rallumer encore chex certains<br />

peuples, tandis que chez d'autres il semble<br />

avoir disparu pour toujours, ou même ne s'est jamais<br />

allumé pour eux? Quelle est cette espèce <strong>de</strong> prédilection<br />

accordée par <strong>la</strong> nature à certains siècles, où<br />

l'on dirait qu'elle a pris p<strong>la</strong>isir à développer toute<br />

sa puissance pro<strong>du</strong>ctive, à prodiguer ses richesses,<br />

à répandre ses trésors comme par monceaux ? Inépuisable<br />

et toeptirs <strong>la</strong> même dans ses pro<strong>du</strong>ctions<br />

physiques, est-ële donc si bornée dans son énergie

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!