la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COUES DE L1TFÉEATC1E.<br />
384<br />
Me sève <strong>du</strong>» ebiq m ib pages que ces tuteurs s'en ont<br />
dans cent. »<br />
On se dira pas que l'éloge est minée. Ce s'est<br />
partant qu'un texte dont le commentaire est dans<br />
Di<strong>de</strong>rot; et je le eiterai seeeessi veinent à mesure<br />
que <strong>la</strong> réfutation trou?era sa p<strong>la</strong>ce. Mais je puis , dès<br />
es moment, ré<strong>du</strong>ire à leur valeur, c'est-à-dire au<br />
néant, ces premières hyperboles, aussi gratuites que<br />
fastueuses. L'éditeur ne les a pas étayées <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus<br />
légère preu?e9 non plus que son suffragant Di<strong>de</strong>rot :<br />
moi, qui ne me ereîs point le droit <strong>de</strong> prononcer<br />
en maître comme eux, et qui n'ai point l'habitu<strong>de</strong><br />
d'affirmer sans prouver, je m'appuierai d'abord sur<br />
<strong>de</strong>s faits.<br />
P<strong>la</strong>ton a traité toutes les parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie,<br />
et y a même fait entrer <strong>la</strong> politique et <strong>la</strong><br />
légis<strong>la</strong>tion, qui patent ; il est frai, se lier à <strong>la</strong> métaphysique<br />
et à <strong>la</strong> morale par <strong>de</strong>s conséquences trèsgénéralisées<br />
, mais qui ont ce<strong>la</strong> <strong>de</strong> commun avec <strong>la</strong><br />
physique qu'elles ne patent se passer <strong>de</strong> Fexpérienee,<br />
et sont par conséquent <strong>de</strong>s sciences pratiques.<br />
Ce<strong>la</strong> n'empêche pas que, dans ses traités <strong>de</strong><br />
fa Mépubiiqm, il n'ait semé <strong>de</strong>s ©bsemtïoes justes<br />
et utiles, et qu'il n'y ait <strong>mont</strong>ré assez <strong>de</strong> connaissances<br />
pour que les peuples <strong>de</strong> Thèbes et d f Arcadie<br />
lui <strong>de</strong>mandassent <strong>de</strong>s lois, comme Lyeurgue en a?ait<br />
donné à Lacédémone, et lâJeneas aux Locriens.<br />
P<strong>la</strong>ton leur répondit qu'ils étaient trop heureux<br />
pour avoir besoin <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> gonTernement, et<br />
trop riches pour admettre l'égalité <strong>de</strong>s biens. P<strong>la</strong>*<br />
ton apparemment n'avait pas conçu que le plus bel<br />
ouirage.<strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique fit <strong>de</strong><br />
tacriier un peuple à Vwaimrê, et une génération à<br />
<strong>la</strong>pmUrUi. Ce<strong>la</strong> prouve seulement qu'il n'était pas<br />
à mÉre hauteur, mais non pas qu'il u'edt acquis une<br />
gran<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> politique et <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>teur. Hous<br />
n'avons pas un mot <strong>de</strong> Sénèque sur ces matières :<br />
ce n'est donc pas là qu'il peut passer <strong>de</strong> si loin P<strong>la</strong>ton<br />
en œmmiss&ncm, m éééM?, mpmfomêmr. Serait*»<br />
ce en métaphysique ? Le peu qu'il en a mis dans mm<br />
écrits en dé<strong>mont</strong>re l'ignorance absolue. Serait-an<br />
en physique générale? Celle-ci, dans P<strong>la</strong>ton, est<br />
fort erronée, mais le même éditeur que j'ai cité<br />
avance au même endroit, non sans raison t que ceux<br />
<strong>de</strong>s anciens qui, même en se trompant, ont éf eîîlé <strong>la</strong><br />
curiosité, ont ingénieusement conjecturé et entrevu<br />
<strong>de</strong>s vérités importantes v ne sont point à mépriser,<br />
et ont bien mérité <strong>de</strong>s âges suivants, ne fût-ce qu'es<br />
leur épargnant beaucoup <strong>de</strong> mensonges. Or, on se<br />
peut nier que ce mérite ne soit celui <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton dans<br />
sa physique. Des hommes qui, dans ces matières,<br />
ont acquis une autorité que je suis fort loin d'avoir<br />
et <strong>de</strong> prétendre, assurent que P<strong>la</strong>ton avait eu en<br />
mathématiques <strong>de</strong>s connaissances très-distinguées<br />
pour son temps, à en juger par quelques aperçus<br />
fort heureux, entre autres, par celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité<br />
qui attire les corps célestes vers un centre, en même<br />
temps qu'un mouvement <strong>de</strong> rotation les en éloigne B ..<br />
Il y a encore loin <strong>de</strong> là, sans doute, à <strong>la</strong> gravitation<br />
calculée par Newton; mais a y a une vue juste et<br />
éten<strong>du</strong>e, et Cieéron en a été assez frappé pour <strong>la</strong> rapporter<br />
dans ses ouvrages. En métaphysique, P<strong>la</strong>ton<br />
a eu <strong>de</strong>s idées aussi gran<strong>de</strong>s que neuves, dont je<br />
n'ai remarqué qu'une partie d'après l'assentiment<br />
universel ; mais l'un <strong>de</strong>s plus savants et <strong>de</strong>s plus<br />
célèbres professeurs <strong>de</strong> philosophie, dans un pays<br />
elle où est <strong>de</strong>puis longtemps comme naturalisée,<br />
l'Allemagne, M. Thiedmann *, à qui nous <strong>de</strong>vons<br />
le meilleur commentaire qu'on ait encore fait sur<br />
tous les écrits <strong>de</strong> P<strong>la</strong>ton, a pris <strong>la</strong> peine d'observer<br />
toutes les notions capitales en métaphysique, que<br />
P<strong>la</strong>ton a trouvées le premier, et que les mo<strong>de</strong>rnes<br />
n'ont pu qu'adopter et développer. 11 en compte<br />
un assez grand nombre et lui en décerne l'honneur,<br />
non pas à beaucoup près avec le ton d'un commentateur<br />
enthousiastef mais avec le discernement d'un<br />
juge compétentjdans ces matières, qui explique trèsbien<br />
en quoi P<strong>la</strong>ton s'est trompé, et que sa vaste<br />
érudition met à portée <strong>de</strong> lui assigner ce qui est à<br />
lui, et ce qu'on ne trouve que chez lui.<br />
C'est par ses écrits que nous connaissons <strong>la</strong> philosophie<br />
<strong>de</strong> Pythagore, dont il n'a fait lui-même<br />
que trop d'usage pour nous qui n'en faisons aucun<br />
cas, mais qui <strong>du</strong> moins, comme objet <strong>de</strong> enrînsite,<br />
entre avec bien d'autres dans l'article <strong>de</strong>s<br />
connaissances, dont il n'y a que peu ou point <strong>de</strong><br />
traces dans Sénèque. En un mot, je ne vois pour<br />
celui-ci que se*. Questions natuteUes, qu'on ne<br />
se serait peut-être pas atten<strong>du</strong> à voir igurer parmi<br />
ses titres, vu l'obscure existence <strong>de</strong> cet ouvrage<br />
chez les anciens, comme ehei les mo<strong>de</strong>rnes. C'est<br />
dans un avertissement particulier, à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> ces<br />
Questions, que l'éditeur a cru <strong>de</strong>voir enrichir <strong>la</strong><br />
gloire <strong>de</strong> Sénèque <strong>de</strong> ce trésor caché; et il ne lui<br />
faut pair ce<strong>la</strong> que sa métho<strong>de</strong> familière d'affirmer<br />
l'hyperbole <strong>la</strong> plus outrée comme <strong>la</strong> vérité <strong>la</strong> plus<br />
reconnue. Cest là que Sénèque est mis, comme<br />
naturaliste, et je croîs pour <strong>la</strong> première fois, à eôté<br />
d'Aristote et <strong>de</strong> Pline. Yous vous souvenez <strong>de</strong> toute<br />
1 Ctoit ce qu'on a nommé <strong>de</strong>puis k farce eentripète et <strong>la</strong><br />
forée centrifuge t et ce fil est indiqué dans Piéton, et répété<br />
dans les Hwetilsae*.<br />
* Voyez <strong>la</strong><strong>de</strong>raière édition di P<strong>la</strong>ton t Imprimée aux Deux-<br />
Ponts, 13 volumes io-8®, 1781, dont le <strong>de</strong>rnier confient us<br />
résumé <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie <strong>de</strong> Piston, écrit en f&Un, excellent<br />
morceau <strong>de</strong> M. Thiedmann t qui était mmm vivant S©» <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
pablteatton <strong>de</strong> cet ouvrage.