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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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ANCIENS. — POÉSIE.<br />

Bière à iaire attendre jusqu'à <strong>la</strong> in ce mtàjkgiebat;<br />

que c'est là le grand coup que l'historien veut<br />

frapper; qu'il présente d'abord à l'esprit ce magnifique<br />

tableau <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> Darius» pour<br />

offrir ensuite dans ce seul mot ,fw§îeèmif HfùyaU,<br />

le contraste <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urs et les réfutations<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune; eu sorte que <strong>la</strong> phrase est essentiellement<br />

divisée en <strong>de</strong>ux parties, dont <strong>la</strong> première<br />

étale tout ce qu'était le grand roi ayant <strong>la</strong> journée<br />

crissas ; et <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, composée d'un seul mot, représente<br />

ce qu'il est après cette funeste journée.<br />

L'arrangement pittoresque <strong>de</strong>s phrases grecques et<br />

<strong>la</strong>tines n'est pas toujours aussi frappant que dans<br />

cet endroit : mais un seul exemple semb<strong>la</strong>ble suffit<br />

pour faire <strong>de</strong>viser tout ce que peut pro<strong>du</strong>ire un si<br />

heureux mécanisme, et avec quel p<strong>la</strong>isir on lit <strong>de</strong>s<br />

ouvrages écrits <strong>de</strong> ce style.<br />

A présent ; s'il s'agissait <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ire cette phrase<br />

comme elle doit être tra<strong>du</strong>ite suitant le génie <strong>de</strong><br />

notre <strong>la</strong>ngue, il est dé<strong>mont</strong>ré d l abordqu'il faut renoncer<br />

à conserver <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> mot fiigUbat, quelque<br />

avantageuse qu'elle soit en elle-même et disposer<br />

ainsi <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> française :<br />

« Darius» a»peu auparavant mitra d'une si passaals<br />

année, et qui t'était avaaeé ta combat, élevé sas in <strong>du</strong>r,<br />

dans l'appareil d'un triomphateur plutôt que d'un fasses al 9<br />

isjait alors au travers <strong>de</strong> ces mêmes campagnes qu'il avait<br />

remplies <strong>de</strong> ses innombrables saîtillsas f et qui n ? 43<br />

spondées, d'ïambes, <strong>de</strong> trochées, d'anapestes; ce<br />

qui, pour parler un <strong>la</strong>ngage qu'on entendra mieux,<br />

équivaut à différentes mesures musicales, formées<br />

<strong>de</strong> ron<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> b<strong>la</strong>nches, <strong>de</strong> -noires et <strong>de</strong> croches.<br />

L'oreille était donc chez eui un juge délicat et sévère<br />

qu'ilfal<strong>la</strong>it gagner le premier. Tous leurs roots ayant<br />

un accent décidé, cette diversité <strong>de</strong> sons faisait <strong>de</strong><br />

leur poésie une sorte <strong>de</strong> musique, et ce n'était pas<br />

sans raison que leurs poètes disaient, Je chante. La<br />

facilité <strong>de</strong> créer tel ordre <strong>de</strong> mots qu'il leur p<strong>la</strong>isait<br />

leur permettaitune foule<strong>de</strong>constructions particulières<br />

à <strong>la</strong> poésie, dont résultait un <strong>la</strong>ngage si différent<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> prose, qu'en décomposant <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> Virgile<br />

et d'Homère on y trouverait encore, suivant l'expression<br />

d'Horace, kt memèrm ^mn poète mit m pièces,<br />

au lieu qu'en général le plus grand éloge <strong>de</strong>s<br />

vers parmi nous est <strong>de</strong> se trouver bons en prose.<br />

L'essai que it <strong>la</strong> Motte sur <strong>la</strong> première scène <strong>de</strong> MU<br />

tkrîdate en est une preuve évi<strong>de</strong>nte; les vers <strong>de</strong> Racine<br />

n'y sont plus que <strong>de</strong> <strong>la</strong> prose très-bien faite :<br />

c'est qu'un <strong>de</strong>s grands mérites <strong>de</strong> nos vers est tfé- '<br />

chappec à <strong>la</strong> contrainte <strong>de</strong>s règles, et <strong>de</strong> paraître<br />

libres sous les entrâtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rime.<br />

0te2 cette rime, et il <strong>de</strong>viendra impossible <strong>de</strong> marquer<br />

<strong>de</strong>s limites certaines entre <strong>la</strong> prose et les vers, parce<br />

que <strong>la</strong> prose éloquente tient beaucoup <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie,<br />

et que <strong>la</strong> poésie déeonstreite ressemble à <strong>de</strong> l'excel­<br />

@ffraient lente prose.<br />

plus qu'une triste et vaste solitu<strong>de</strong>.<br />

C'est donc surtout en vers que nous sommes ac­<br />

Cet art <strong>de</strong> taira attendre jusqu'à <strong>la</strong> in Ame pécablés <strong>de</strong> <strong>la</strong> supériorité êm anciens. 'Enfants favorio<strong>de</strong><br />

aa mot décisif, qui achetait le sens en comrisés <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, ils ont <strong>de</strong>s ailes, et nous nous<br />

plétant l'harmonie, était un <strong>de</strong>s grands moyens traînons avec <strong>de</strong>s fers. Leur harmonie, variée à l'in­<br />

qu'employaient les orateurs <strong>de</strong> Roms et d'Athènes ; fini , est un accompagnement délicieux qui soutient<br />

et quand Oaéraa et Qaktlliea ne nous en eîtarakat leurs pensées quand elles sont faibles, qui anime<br />

pas <strong>de</strong>s exemples ptrtlcal<strong>la</strong>ra, <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s anciens <strong>de</strong>s détails indifférents par eux-mêmes, qui amuse<br />

nous l'indiquerait atout moment. Ils savaient com­ encore l'oreille quand le cœur et f esprit se reposent.<br />

bles les hommes rassemblés sont susceptibles d'être Mous autres mo<strong>de</strong>rnes, si <strong>la</strong> pensée ou le sentiment<br />

menés par le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> l'oreille, et l'harmonie est nous abandonne, sous avons peu <strong>de</strong> ressources pour<br />

certainement un <strong>de</strong>s avantages que nous pouvons nous faire écouter : mais l'homme dont f oreille est<br />

le moins leur contester. Outre cette faculté <strong>de</strong>s in­ sensible est tenté <strong>de</strong> dire à Virgile, à Homère : Chanversions<br />

f qui les <strong>la</strong>isse maîtres <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer où ils veutez toujours, chantez, <strong>du</strong>ssiez-vous ne rien dire;<br />

lent le mot qui est image et le mot qui est pensée, votre voix me charme quand vos dis<strong>cours</strong> ne m'oc­<br />

il ont une harmonie élémentaire qui tient surtout cupent pas.<br />

à <strong>de</strong>ux choses, à <strong>de</strong>s syl<strong>la</strong>bes presque toujours so­ Aussi parmi nous ceux qui, ne songeant qu'au<br />

nores v et à une prosodie très-distincte. Les plus ar­ besoin <strong>de</strong> penser, et craignant <strong>de</strong> paraître quel<strong>de</strong>nts<br />

apologistes <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue ne peuvent disquefois vi<strong>de</strong>s, ont voulu que tous leurs vers marconvenir<br />

qu'elle n'ait un nombre prodigieux <strong>de</strong> quassent, ou que toutes leurs phrases fussent frap­<br />

syl<strong>la</strong>bes sour<strong>de</strong>s et sèches, ou même <strong>du</strong>res, et que pantes, sont ten<strong>du</strong>s etrai<strong>de</strong>s..Au contraire, Racine,<br />

sa prosodie se soit très-faiblement marquée. La plu* Voltaire, Fénelon, Massillon, et ceux qui, comme<br />

part <strong>de</strong> nos syl<strong>la</strong>bes n'ont qu'une quantité douteuse t eux, ont goûté cette moMeoe heureuse <strong>de</strong>s anciens,<br />

une valeur indéterminée ; celles <strong>de</strong>s anciens, presque qui, comme le dit si bien Voltaire, sert à relever<br />

toutes décidément longues ou brèves, forment leur le sublime, Font <strong>la</strong>issée entrer dans leurs composi­<br />

prosodie d*un mé<strong>la</strong>nge continuel <strong>de</strong> dactyles et <strong>de</strong> tions; et <strong>de</strong>s gens sans goût Font appelée faiblesse*

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