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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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690 COU1S DB LITTÉRATURE.<br />

PnissIa-¥oaa être à tous les êïsMm !<br />

Puisse te démon Couptegor,<br />

S'il se peut, embrase* mmt<br />

• Le noir sang qui bout dans mes veines t<br />

Bleu pour mol plus précieux que for,<br />

SI je poil augmenter vos peloei !<br />

Ce sont là <strong>de</strong> détestables fers , s'il m fut jamais, et<br />

il y en a bien d'autres qui ne valent pas mieux. Mais<br />

ce qui peut fournir matière aux réflexions ; ce qu'il<br />

est biea étonnant qu'on n'ait pas remarqué, c'est<br />

qu'en <strong>de</strong>ux couplets voilà quatre vers qui manquent<br />

<strong>de</strong> mesure; et <strong>la</strong> copie que nous avons est authentique.<br />

Or9 parmi ces couplets, il y en a d'assez bien<br />

faits pour qu'on se puisse pas douter que l'auteur<br />

* ne sût beaucoup plus que <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s vers , et<br />

même qu'il ne fût eiercé â en faire. Ainsi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

choses l'une, ou les couplets sont <strong>de</strong> plusieurs mains ,<br />

ou celui qui les a faits seul a voulu dérouter les<br />

conjectures en commettant <strong>de</strong>s fautes grossières<br />

qu'un écolier m commettrait pas; et c'est peut-être<br />

aussi <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> l'extrême inégalité <strong>du</strong> style. Cette<br />

observation peut mener à plusieurs conséquences ;<br />

mais aucune n'irait plus loin que <strong>la</strong> probabilité, et<br />

en matière criminelle II n'y a rien que <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>.<br />

Résumons. Il ne reste jamais dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> postérité que fes bons ouvrages : ce sont eoi et<br />

eux seuls qui déci<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d'un auteur. Les O<strong>de</strong>s<br />

et les Cantates <strong>de</strong> Rousseau ont ixé <strong>la</strong> sienne parmi<br />

nos grands poètes ; maïs il n'y a que l'esprit <strong>de</strong> parti<br />

'qui ait pu, pendant quelque temps, affecter <strong>de</strong> lui<br />

donner un rang à part, et <strong>de</strong> l'appeler le grand<br />

E&msmu, le prince <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie française, comme<br />

je l'ai va dans plus d'une brochure. Les gens désin­<br />

qui vient <strong>de</strong> l'âme et qui se communique à celle <strong>de</strong>s<br />

lecteurs. Et <strong>de</strong> quel titre se servira-t-on pour les '<br />

Racine, les Yoltaïre, pour ces hommes qui ont été<br />

si loin dans les arts les plus difficiles où l'esprit humain<br />

puisse s'exercer; qui ont fait plus <strong>de</strong> chefsd'œuvre<br />

dramatiques que Rousseau n'a fait <strong>de</strong> belles<br />

o<strong>de</strong>s; pour ces enchanteurs si aimables, à qui<br />

nous ne pouvons jamais donner autant <strong>de</strong> louanges<br />

qu'ils nous ont donné <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir? Si Rousseau est<br />

grand pour avoir fait <strong>de</strong> beaux vers, qui souvent<br />

ne sont que <strong>de</strong>s vers, que seront ceux qui ont dit tant<br />

<strong>de</strong> belles choses en vers aussi beaux; ceux qui non-<br />

* seulement savent f<strong>la</strong>tter notre oreille, mais qui remuent<br />

si puissamment notre âme t éc<strong>la</strong>irent et élè­<br />

vent notre esprit; ceux que nous relisons avee délices<br />

, que nous ne pouvons louer qu'avec transport?<br />

*Que <strong>de</strong> jeunes têtes exaltées, pour qui le mérite seul<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> versification est le premier <strong>de</strong> tous, soient<br />

plus frappées d'une strophe <strong>de</strong> Rousseau que d'une<br />

scène <strong>de</strong> Zaïre ou <strong>de</strong> Mahomet, on le pardonne à<br />

l'effervescence <strong>de</strong> leur âge; mais l'expérience nous<br />

apprend que celui dont le plus grand mérite est <strong>de</strong><br />

bien faire <strong>de</strong>s vers est relu par ceux qui aiment les<br />

vers par-<strong>de</strong>ssus tout, mais que les poètes qui parlent<br />

au cœur et à <strong>la</strong> raison sont relus par tout le<br />

mon<strong>de</strong>»<br />

CHAPITRE X. — De <strong>la</strong> saMre d <strong>de</strong>f^Étre.<br />

m nàiLSMh<br />

téressés savent fort bien comment s'était établie, 11 me semble que tout soit dit sur Boileau. Les<br />

dans une certaine c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> lettres, cette commentateurs l'ont traité comme un ancien; Ils<br />

dénomination que je n'ai vue dans aucun écrivain ont épuisé dans leurs notes les recherches <strong>de</strong> toute<br />

accrédité, et qu'aujourd'hui Ton ne répète plus. Il espèce, l'érudition et les inutilités. Son rang est fixé<br />

semble que ce titre soit un honneur ren<strong>du</strong> au génie; par <strong>la</strong> postérité; il le fut même <strong>de</strong> son vivant : et<br />

c'était un présent fait par <strong>la</strong> haine : les ennemis <strong>de</strong> c'est un bonheur remarquable, que eet homme qui<br />

Voltaire crurent l'affliger en déifiant son ennemi. en avait attaqué tant d'autres, ait été apprécié par<br />

Je ne suis point détracteur <strong>de</strong> Rousseau ; et pour­ un siècle qu'il censurait ; que ce critique sévère, qui<br />

quoi le serais-je? maïs je ne puis le regar<strong>de</strong>r comme mettait les auteurs à leur p<strong>la</strong>ce, ait été mis à <strong>la</strong> sienne<br />

le prinœ <strong>de</strong> <strong>la</strong> poéskfrançaise. Ce aom <strong>de</strong> grand, par ses contemporains; et que tout son mérite ait<br />

fait pour si peu d'hommes, si justement accordé à été dès lors généralement reconnu, tandk que celui<br />

Corneille, au créateur Corneille, qui a tiré le théâ­ <strong>de</strong> Molière, <strong>de</strong> Racine, <strong>de</strong> Quiaault, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine,<br />

tre <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie, et répan<strong>du</strong> tant <strong>de</strong> lumière dans n'a été bien parfaitement senti qu'avec le temps.<br />

une nuit si profon<strong>de</strong>, me paraît fort au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> Corneille et Despréaux, parmi les grands poètes <strong>du</strong><br />

mérite <strong>de</strong> Rousseau, qui, venu longtemps après <strong>de</strong>rnier siècle, sont les 'seuls qui aient joui i*aas<br />

Malherbe, a trouvé <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue toute créée ; qui, veau réputation à <strong>la</strong>quelle les générations suivantes n'ont<br />

<strong>du</strong> temps <strong>de</strong> Despréaux, a trouvé le goût tout formé ; pu rien ajouter : fan, parce qu'il <strong>de</strong>vait subjuguer<br />

et qui, avec tous ces se<strong>cours</strong>, est resté fort au-<strong>de</strong>s­ j les esprits par Fascendaat et Fée<strong>la</strong>t d'un génie qui<br />

sous d'Horace, dont il n'a ni l'esprit ni les grâces, | créait tout ; l'autre, parce que, faisant parler legoût<br />

ni <strong>la</strong> variété ni le goût, ni <strong>la</strong> sensibilité ni <strong>la</strong> philo­ > en beaux vers f à une époque où le goût et les beaux<br />

sophie , et qui manque surtout <strong>de</strong> eet intérêt <strong>de</strong> style I vers avalent tout le prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté, il appor-

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