Mémoires historiques, tome second - Chine ancienne

Se-ma Ts’ien — Mémoires Historiques
Tome II
— Vous n’y connaissez rien ; d’ailleurs j’ai déjà pris ma
décision.
Aussitôt il fit partir ses soldats ; il nomma généraux le fils de Po-li
Hi, Mong-ming Che et les fils de Kien-chou, Si-K’i Chou et Po-i
Ping (221). Le jour du départ de l’armée, Po-li Hi et p.038 Chou-kien se
lamentèrent à ce sujet. Le duc Mou l’apprit, s’en irrita et leur dit :
— Je fais partir mes soldats et vous arrêtez mon armée en
vous lamentant ; qu’est-ce à dire ?
Les deux vieillards lui répondirent :
— Vos sujets ne se permettraient point d’arrêter l’armée
de Votre Altesse ; mais, quand l’armée se mettra en marche,
nos fils partiront avec elle ; nous sommes vieux ; s’ils tardent
à revenir, il est à craindre que nous ne les revoyions pas ;
c’est pourquoi nous pleurons.
Les deux vieillards se retirèrent ; ils donnèrent cet avertissement à
leurs fils :
— Le lieu où votre armée sera défaite, ce sera
certainement auprès de Hiao (222).
La trente-troisième année (627 av. J.-C.), au printemps, les troupes
de Ts’in allèrent dans l’est pour gagner le territoire de Tsin. Elles
passèrent par la porte nord de Tcheou (223). Wang-suen Man, du pays
de Tcheou, dit :
— p.039 Les soldats de Ts’in se conduisent contrairement
aux rites ; comment pourraient-ils empêcher leur
défaite (224) ?
Les troupes arrivèrent à Hoa (225). Un marchand de Tchen, qui
faisait le commerce et qui s’appelait Hien Kao, conduisait douze bœufs
qu’il allait vendre dans le pays de Tcheou ; lorsqu’il vit les soldats de
Ts’in, il craignit d’être tué ou fait prisonnier ; c’est pourquoi il leur offrit
ses bœufs en disant :
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