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Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

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§ 4. L'arme absolue du tabou<br />

Le pouvoir <strong>de</strong> tabou est l'expression ultime <strong>et</strong> la plus caractéristique du pouvoir<br />

royal. Le tabou a eu dans les îles du Pacifique sud une place caractéristique, <strong>et</strong> il faut<br />

entendre c<strong>et</strong>te pratique sous ses divers aspects.<br />

Le tabou est d'abord un interdit qui peut frapper une personne, un lieu, un bien en<br />

le plaçant hors du champ <strong>de</strong> la pratique sociale. Ainsi une personne frappée <strong>de</strong> tabou était<br />

interdite <strong>de</strong> rapports avec autrui, une sorte <strong>de</strong> malédiction l'atteignait, elle <strong>de</strong>venait<br />

étrangère au corps social <strong>et</strong> ne participait plus à la vie quotidienne.<br />

Elle <strong>de</strong>venait ainsi une non-existante... Les issues à c<strong>et</strong> état étaient soit le pardon<br />

avec repentir <strong>et</strong> réparation solennelle <strong>de</strong> l'intéressé, soit la fuite en canoé sur une autre île<br />

(Tavaka), ou le suici<strong>de</strong> sinon la mort par dépérissement' ...<br />

Mais il y a un autre aspect du tabou tout aussi intéressant avec le tabou-protection.<br />

Le roi décidait ainsi <strong>de</strong> protéger une personne (souvent un étranger ou une femme) en<br />

décrétant le tabou sur elle; l'immunité contre les actions individuelles lui était ainsi<br />

accordée.<br />

Le tabou pouvait aussi toucher un bien ou un lieu que le roi protégeait <strong>et</strong> réservait<br />

à son usage. A <strong>Wallis</strong>, un tabou fréquent fut celui <strong>de</strong> la cueill<strong>et</strong>te du coprah <strong>et</strong> souvent il a<br />

été cause <strong>de</strong> malentendu entre le roi <strong>et</strong> le rési<strong>de</strong>nt ou les commerçants.<br />

En eff<strong>et</strong>, l'usage du tabou était pour ces <strong>de</strong>rniers une entrave grave à leur activité,<br />

comme une façon <strong>de</strong> les obliger à augmenter le prix payé. Si c<strong>et</strong>te explication a pu être<br />

vraie, à certaines reprises à <strong>Wallis</strong>, notamment pendant la "guerre du coco" <strong>de</strong> 1920 à<br />

1925, elle ne doit pas être généralisée.<br />

Ainsi Twyning note l'importance du tabou sur les cocotiers <strong>et</strong> sa raison première/:<br />

"ils sont souvent appliqués à certaines plantations <strong>de</strong> cocotiers, <strong>et</strong>c... qui ont été presque<br />

débarrassés <strong>de</strong> tous leurs fruits dans le but <strong>de</strong> les laisser ainsi jusqu'à ce qu'ils soient a<br />

1 Cf: Herman Melville: .Q!!l.QQ. édition <strong>de</strong> la Sixaine . Bruxelles - S.D.<br />

2 Cf: Twyning J.P. op.cit, p. 191 dans Angleviel F. (op, cil), dont nous reprenons la traduction.<br />

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