Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

"L'étranger est séduit lorsqu'alors lui apparaissent de beaux jeunes hommes, de
belles jeunes filles aux traits réguliers et fins, au teint clair et chaud qui vêtues d'un pagne
léger, parées de leurs longs cheveux, de couronnes et de colliers de fleurs aux parfums
capiteux, se réunissent autour de lui et chantent et dansent pourfêter sa venue, comme en
une offrande.
Il est tenté de s'affranchir vite des disciplines européennes, de revêtir à son tour le
simple pagne et de mener dans ce nouveau milieu si près de la nature, une vie exempte de
tout effort, autre que celui du plaisir sifacilement accessible".
"J'ai lieu de croire que ces tentations ont suffi à absorber la pensée de A. Gerbault
pendant son séjour aux Wallis et ont créé ses idées sur la politique à suivre à l'égard de
nos protégés. Il a oublié qu'avant l'établissement du protectoratfrançais, Wallis et Futuna
s'entretuaient, se mangeaient ; que cachées par les apparences charmantes, sont
d'attristantes réalités: misère physiologique faute d'alimentation suffisante, mortalité
infantile nombreuse, maladies décimant la race"...
L'affaire Gerbault est ainsi riche d'enseignements par ses implications.
1) Elle montre les limites du pouvoir colonial y compris de la manière forte que ce
soit face au roi qui apparait indétrônable dans la conjoncture créée ou face à la
mission qui défend le"peuple" de Wallis.
2) Le "pouvoir" que peut prendre, s'il a du prestige, un étranger sympathique de
passage.
3) Les limites de la toute puissance du gouverneur face à Paris, aux réactions
politiques et aux ministères.
4) L'apparition d'un parti ''jeune'' correspondant à la lente poussée démographique
mais apte à se mobiliser comme à prendre conscience, et à terme, a peser sur la
vie des institutions.
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