Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Mais le succès commercial ne vint pas, d'autant plus que deux chargements de
bananes furent saisis sur ordre de l'inspection sanitaire des productions. il en résulta, en
réaction contre une mesure jugée de répression coloniale, le boycott par les planteurs du
marché bananier. Des réunions de protestation se tinrent avec succès dans la Rewa vallée,
développant le thème: la terre, les eaux et leurs produits aux natifs... Ayant atteint ce
point, le mouvement Apolosi s'inscrivait dans une action séditieuse que les autorités
coloniales anglaises décidèrent de réprimer. D'ailleurs l'Evêque Blanc aurait aussi
dénoncé Apolosi "qui menait grande vie et entretenait une maîtresse européenne" (cf.
Couper). De son côté, le leader fidjien donnait une dimension mystique et menaçante aux
appels de son mouvement en demandant à ses partisans de pratiquer la désobéissance
civique, le refus de l'impôt, et en envisageant le départ des Européens et des intérêts
capitalistes! En 1916, Apolosi fut mis en résidence surveillée à Roturna, et sa Compagnie
mal gérée tomba en faillite. Les groupes d'intérêts agricoles coloniaux comme les
missions (notamment Wesleyenne) avaient concouru à cette fin, aidés par une gestion
financière peu sérieuse des quelques "conseillers" européens de la compagnie. Il apparaît
d'autre part qu'Apolosi se présenta dès les débuts de son action comme un unificateur de
la société fidjienne par delà les statuts de chefferies: très vite il prit le ton et le goût du
discours prophétique et messianique. Ainsi en 1925 dans un discours, il fit savoir sa
volonté "d'unir les pays noirs de Tonga, Samoa, Rotuma, Salomon, Futuna et Tokelau à
Fidji" 1.
Signalons un autre mouvement original mais dans un milieu géographique plus
dispersé et de moindre importance économique avec le mouvement "Tangitang Mronron"
des archipels de Gilbert et Ellice où il se développa à partir de 1900. Il s'agissait d'un
mouvement d'opposition et de boycott au commerce des "traders" et des compagnies
européennes organisé par des associations indigènes ayant le nom de "Mronron" : la roue
ronde, qui unissaient leurs efforts pour aboutir au contrôle, par les insulaires, des
cf. Machaught T. : Apolosie Nawai, : 173-192. In More Pacifie islands portraits. A.N.D. 1978 - D. Searr,
éditeur.
- 488-