Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Takamasiva and Vehi'ika lineages'ï.) Ainsi pour Wallis, le concept de "hau" a une
signification très précise et explique certainement les péripéties des successions "royales"
et les révoltes ou coups d'état que la chronique constate ainsi que nous l'avons vu.
Des faits cités plus haut de façon très succincte, nous retiendrons deux autres
éléments importants pour la compréhension du système d'autorité en Océanie avec le
système du tabou d'une part et le rôle des familles princières "nobles" d'autre part. Le
système du tabou est un système d'interdit comme il est fréquent d'en observer dans les
sociétés traditionnelles d'Afrique ou d'Asie. En Océanie, à la différence peut-être d'autres
régions, ce système est devenu une institution fondamentale caractérisant le
fonctionnement de l'autorité. Le champ d'application et les usages du tabou ont pu varier
dans le Pacifique mais nous pouvons penser qu'une de ses définitions la plus
généralement usitée est celle-ci-: le tabou est un interdit mis par le détenteur d'un pouvoir
surnaturel sur une personne ou une chose. Cet interdit de contact ou d'usage peut être
permanent ou temporaire. Le tabou est signifié solennellement. Toute chose soumise au
tabou est censée dégager un pouvoir maléfique qui frappe ceux qui y contreviendraient.
Pour être levé, le tabou nécessite une démarche cérémonielle de celui qui l'a imposé - chef
ou roi - envers la personne, le lieu ou la chose soumise à l'interdit. Le contact physique
de ce porteur d'un pouvoir charismatique (assimilable au concept du "mana" polynésien)
peut seul rendre inopérant le pouvoir maléfique propre au tabou et lever l'interdit. Ainsi le
pouvoir de tabou confère une dimension magique à son détenteur qui est aussi instauré en
médiateur du réel et du surnaturel, ce qui est certainement une des caractéristiques
majeures des systèmes d'autorité océaniens.
2
cf. Gunson N. p. 35 op. cil. "Quatre principaux et distincts lignages de chefs: Kehekehe de Mua,
Takamasiva, Vehi'ika et Kulitea apparaissent avoir été impliqués dans le concept de "hauship". En
1820, le "hauship" fut obtenu pour la troisième fois par la lignée de Takumasiva, mieux connue par son
titre héréditaire de Lavelua et depuis l'époque chrétienne, les titres de "hau" et de Lavelua ont été
considérés comme synonymes. La plupart des Lavelua actuels sont issus à la fois des lignages de
Takumasiva et de Vehi'ika," N.D.T.A.
cf. Webb M.C. : The abolition of the taboo system in Hawaii.li..S.. vol. 74 n? 1 : 21-39. Mars 1965.
- 477-