Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Mais il n'en fut pas et pendant longtemps toujours ainsi. Les débuts de la mission
furent une aventure entreprise par quelques hommes ayant comme seule arme une foi
infinie et disposant de toutes les vertus de l'abnégation comme en témoignent les premiers
temps des missionnaires à Futuna aussi bien qu'à Wallis où "Aucun de nous ne sait la
langue ...! écrivaient-ils! Evoquant l'impérieuse nécessité pour la mission à ses débuts
d'avoir un petit navire pour ses communications, un missionnaire n'écrivait-il pas en
1845 "A mon avis, je crois qu'il vaut mieux que nous économisions sur notre nourriture
et notre habillement...." . On mesure ainsi l'extraordinaire effort fourni comme la foi
nécessaire qu'eurent les premiers Maristes isolés, mais réconfortés par leurs premiers
succès et acceptant pendant longtemps de ne compter que sur eux mêmes... et sur les
secours ramenés par Mgr Bataillon à l'occasion de ses tournées en Europe. En 1877,
lorsque meurt ce fondateur de la mission, il rejoint ainsi les R.P. Mondon, Mériais, et
Padel déjà morts à Wallis, le R.P. Mathieu et le frère Joseph morts au sanatorium de
Sydney. Que de chemin parcouru entre les débuts incertains des Pères pionniers et cette
mort du prélat omnipotent et redouté:
"Quand son heure arriva, à l'exemple des saints patriarches de l'Ancien
Testament, il voulut mourir sous les yeux et dans les bras de ses enfants. Par son ordre,
toute la population de l'ile fut convoquée dans l'église de Mua. Revêtu comme aux
grandes solennités, de ses ornements pontificaux, assis sur son trône épiscopal, il
demanda les derniers sacrements qu'il reçut avec une foi et une sérénité incomparables.
Puis bénissant son peuple qui sanglotait: "Mes enfants, leur dit-il, soyons soumis à la
volonté de Dieu. J'attends mon heure. Que sa sainte volonté soit falte 1".
1 Lettre du Frère Lucien Manhaudier du 10/12/1846. Archives des Frères Maristes/Rome.
- 93 -