Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

variables (droit de propriété différent du droit de plantation, lui-même pouvant différer du
droit de récolte). Les conceptions purement européennes de propriété individuelle et de
rentabilisation maximale étaient inconnues et l'indivision était la règle au sein de groupes
plus ou moins largesl . A côté des terroirs en activité, des terres de réserves obéissant à
des jachères longues relevaient de l'autorité du groupe. La plupart des auteurs considèrent
que les Océaniens accordaient une valeur sacrée à la terre, celle-ci permettait d'identifier
les origines des lignages, jouait un peu le rôle de matrice sociologique fonctionnelle des
groupes au niveau institutionnel comme idéologique. Notons enfin au point de vue
géographique, le découpage en lanières transversales des terrains qui empruntaient
souvent le cours d'une vallée depuis sa naissance jusqu'au bord de mer, offrant ainsi une
séquence complète d'écosystèmes aux potentialités diversifiées et complémentaires.
L'attachement à la terre était tel que dans de nombreux micro-milieux insulaires,
l'infanticide régularisait les naissances pour conserver un rapport démographique adéquat
entre les ressources et les consommateurs...
Il est évident que les visées européennes vont d'autant plus bousculer ce cadre
traditionnel que souvent elles furent, initialement au moins, mal interprétées par les
insulaires pour qui la cession définitive des terres comme leur transformation en unités de
productions permanentes étaient choses inconnues.
Ce fut d'abord la périphérie australienne qui connut une mainmise européenne
grandissante qui devint totale en Australie comme en Nouvelle-Zélande après 1869 avec
l'attribution de terres de réserves délimitées aux aborigènes et maoris-.
En Nouvelle-Calédonie, c'est après 1860 qu'un processus comparable se mit en
place et entraîna par ses excès la révolte de 1878 et le cantonnement accéléré des
autochtones vers la fin du siècle sous le gouverneur Feillet3, politique dont les effets
restent très sensibles aujourd'hui encore.
1 cf. RavauIt F. : Le régime foncier de la Polynésie Francaise. Ronéo ORSTOM : 87 p. Centre ORSTOM
Papeete, janv. 1979
2 Dans la région de Waikato seulement, 1.250.000 ha furent enlevés aux tribus maoris.
3 cf. Roux J.C. : Crise de la réserve autochtone et passage des Mélanésiens dans l'économie de la Nouvelle­
Calédonie. Cahiers ORSTOM "Sciences Humaines", vol. Il, n" 3-4 : 297-314; 1974
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