Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

les chefs locaux qui de par leur statut contrôlaient les marchés publics et en tiraient
bénéfices, furent à l'origine de ce mouvement mais que le commun ne tirait guère
bénéfice du nouveau système... Néanmoins en 1891, les gens des Cook disposaient de
petites goélettes pour commercer de façon indépendante avec Tahiti, court-circuitant ainsi
les circuits commerciaux locaux! Un autre procédé qui eut quelque succès fut utilisé avec
le "Ra'Ui", c'est-à-dire une façon d'économiser les produits rares, de leur fixer un cours
imposé et de dénoncer ceux qui ne respectaient pas la règle... Selon des témoins officiels,
sans ces méthodes, les insulaires auraient été à la merci des commerçants! 1 Mais faute de
pouvoir, sauf exception rare, livrer directement à Auckland leurs produits, les insulaires
de Cook ne purent remettre en cause le rôle des sociétés de commerce néo-zélandaises.
A Samoa, c'est en 1904 que débute sous l'impulsion d'un métis revenu au pays,
le mouvement "Malo" qui va créer une compagnie autochtone par des "appels de fonds"
aux villages; ce faisant, il contrecarrait la puissante société allemande D.H.P.G. Cette
nouvelle société entendait payer le coprah plus cher que les cours officiels. Mais
l'administration allemande réagit par la répression des activités des membres du
mouvement qui dut abandonner. Une nouvelle tentative eut lieu en 1914 avec le "Toeaina
Club" qui affrêta un petit navire pour collecter le coprah et faire du transport côtier. Mais
une mauvaise gestion fit sombrer cette tentative de rompre le monopole des sociétés.
A Fidji, en 1913 se développe une société indigène, "The Viti Company" animée
par un jeune leader, Apolosi R. Nawai qui s'était fixé comme but la vente du coprah des
villages et l'achat des produits européens par les habitants.
Apolosi se recommanda de soutiens extérieurs en Australie. Milieu 1914, le
mouvement Apolosi s'était étendu aux îles Lau et Yassawas comme sur les grandes terres
fidjiennes et le programme qu'il s'était fixé prit un accent "nationaliste" : "The
Company,... was of Fijian only and for Fijian only, and they were ail to receive high
priees for their produces-,
1 cf Couper op cit.
2 cité par Couper. p. 269 : "La compagnie... était composée de Fidjiens seulement et pour les Fidjiens et
ils devaient tous recevoir des prix élevés pour leurs produits". N.D.T.A.
- 487 -