Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

fidèles du prince Pooï? Selon le commandant Bérard de "l'Alcmène" il n'y avait en 1859
que 100 guerriers protestants pour 5 à 600 guerriers catholiques à Wallis1.
Maître du terrain, la mission s'évertuera à éradiquer le danger potentiel d'un
"retour des Wallisiens de Tonga" et la reine Amélia interdira le protestantisme et son
culte. Aussi en 1866 lors du passage du H.M.S. "Brisk", son capitaine, Ch. Hope
protestera contre cette intolérance mais en vain car la reine a le soutien d'une mission
mariste maintenant forte.
Notons d'ailleurs qu'en 1872 à Rotuma, Mgr Elloy2 trouvera une situation
inverse; malgré des accords passés, les protestants y persécutent la minorité catholique et
veulent la chasser de l'île ainsi qu'un Mariste, le Père Trouillet...
Ainsi, religieux français et anglais manifestèrent dans leur rivalité religieuse la
même intolérance et c'est aux Vanuatu (Nouvelles-Hébrides) que le système atteint sa
plus forte magnitude, coupant parfois une même île en entités religieuses opposéesé et ce
jusqu'à nos jours.
Ainsi dans l'archipel, le système Mariste qui s'est rapidement mis en place en
moins d'une génération a abouti à créer une mission forte, riche en biens mobiliers et
immobiliers, disposant d'une influence profonde et permanente sur toute les
manifestations de la vie sociale locale, contrôlant indirectement la vie publique, utilisant le
canal de la monarchie pour ses besoins et sa politique et formant par son éducation et son
enseignement religieux la jeunesse. Celle-ci est devenue son auxiliaire grâce au clergé
indigène dont la mission assure la promotion en sélectionnant les fils et filles de chefs, ce
qui ne pouvait que renforcer son autorité...
1 cf. : Bérard: Annales maritimes; 2ème semestre 1854, Tome 12 "Campagne de la corvette Alcmène
en Océanie dans les années 1850 et 1851" p. 5 à 131
2 cf. : A. Monfat ; Mgr L. Elloy, op. cil p. 373 à 377
3 cf. : Bonnemaison J : Ladernière île. Arléa-ORSTOM 1987
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